La meilleure des défenses c’est l’attaque disent tous les stratèges. Je pense à ça parce qu’il est clair que nous sommes, depuis ce printemps, dans une bien mauvaise position. Nous avons poussé sur le balancier de la politique et il a été beaucoup trop loin. A force d’explications et de démonstrations nous avons réussi à balayer une partie de la classe politique mais le mouvement a pris trop d’élan et nous nous retrouvons avec une irruption massive du milieu des affaires en remplacement de nos politiciens professionnels et véreux. Je ne dis pas que c’est pire, encore moins que c’est mieux, je dis que nous devons nous défendre car il est certain que le milieu des affaires ne se soucie nullement de nous. Et clairement, la manière dont il se comporte dans le business n’a vraiment rien de reluisant.
Alors attaquons.
Attaquons ce président fantoche qui promet tout et rien et n’a aucune disposition pour rassembler, pour être un exemple, un modèle, un guide. Ce n’est pas quelqu’un qui pense, tout juste un fonctionnaire, comme son prédécesseur et ça n’a rien donné de bon. Il n’est en aucun cas le porteur de nos valeurs, de nos idées, de nos espérances. Il est content de lui et ça semble lui suffire. C’est un arriviste comme il en y en a partout et on n’a pas besoin de lui ici pas plus qu’ailleurs.
Attaquons ce parlement croupion, triste émanation des openspace des multinationales dans lesquelles ce n’est pas ton avis qui compte mais le nombre de ceux que tu auras pu corrompre. En démocratie, les parlementaires sont les représentants du peuple auquel ils ont des comptes à rendre. Mais nous ne sommes plus en démocratie et non avons des apparatchiks préoccupés de leur avancement personnel, de leur barbe et de leur slim. Ils auraient du commencer par diviser par 10 les sommes que nous, oui nous, leur versons. Mais non ils ont enfilé l’habit et ils profitent, c’est tout ce qu’ils savent faire. Pas un seul d’entre eux n’est venu voir ses électeurs pour leur demander leurs avis. Eux ils reçoivent leurs ordres d’en haut, et pour commencer on ne les consulte même pas pour bien les habituer à obéir.
Attaquons ces prétendues réformes qui n’en sont pas parce qu’aucune n’est dans notre intérêt. Rien que des mesurettes à destination des gens aisés et des possédants. Je viens de découvrir que les achats de terres et de bois par des non-agriculteurs venaient en diminution à 75 % de l’ISF. Dur.
Le vieux cliché que ce sont les riches et les patrons qui donnent du boulot nous a tellement été rabâché que beaucoup croient que c’est vrai. Non, non et non ce n’est pas l’argent qui donne du boulot ce sont les besoins des hommes et des femmes pour manger, se vêtir, s’amuser, se loger, voyager et même inventer, améliorer. Oui l’homme, toujours l’homme, pas les entreprises et les actionnaires. Ceux-là ne sont que des profiteurs, des sangsues que nous entretenons à grands frais.
Attaquons ces médias dédiés à la désinformation et à la mascarade. Nos dirigeants sont le fruit des messages distillés sur les réseaux et non de l’opinion des électeurs, tant les médias sont devenus experts en manipulation, en vrais faussetés et en fausses vérités.
Attaquons cette Europe des lobbies qui dicte ses lois jusque sur les bancs de nos assemblées.
Ok, ok bon mais alors ! Attaquer, attaquer c’est bien gentil oui, mais comment me direz-vous ?
Nous n’avons pas de pouvoir, pas d’artillerie, pas de médias, pas de stratégie non plus, nous ne sommes pas organisés et avons même un manque flagrant de crédibilité. Pour le moment nous crions dans le désert, ce qui produit peu d’effet et aurait tendance à nous décourager.
Alors, quelle est la potion magique ?
En fait notre seule arme c’est la conviction, notre propre et forte conviction que : oui nous ne sommes plus en démocratie, oui ce sont les riches qui font ce qu’ils veulent, oui nous ne nous défendons pas, oui l’exploitation est générale sur la terre, oui nos dirigeants nous emmènent dans une voie sans issue. Mais nous, oui nous, nous ne sommes pas vraiment convaincus. Nous faisons dans la retenue, dans le rosé : ~tout n’est pas si noir, ~on ne peut pas tout jeter, ~il y a de bonnes choses, ~il y a des gens bien partout, ~c’est pire ailleurs, ~nous avons encore le droit de vote, ~ça a toujours été comme ça. Non, non et non ça n’a pas toujours été comme ça. En vrai, nous ne croyons pas que ça pourrait être différent. Nous ne sommes pas vraiment convaincus, nous nous trouvons des excuses des faux-fuyants. Et cette faiblesse coupable est la principale force de nos adversaires. C’est dans la tête que ça se passe, c’est dans la tête qu’il faut travailler.
Alors convainquons-nous car personne ne se battra ou ne résistera à notre place. Ouf.
Michel Costadau
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