Maintenant je voudrais expliquer que nous vivons dans un monde factice façonné par les médias, mais ce n’est pas facile. Bien sûr ce n’est pas le monde qui est factice, c’est l’image ou la représentation que l’on nous en donne qui ne correspond pas à la réalité. C’est d’autant plus pernicieux que, justement, cette notion de réalité est le fer de lance des médias. En fait, ils nous inventent une pseudo-réalité qu’ils veulent nous faire voir. Déjà, il est facile de comprendre que les paroles, les interviews, les témoignages sont singulièrement orientés et même les images ne nous donnent pas la réalité, en termes de causalité, de rationnel et de responsabilité. Pour cela, ils inventent les causes et les raisons. D’ailleurs, il est facile de remarquer que les images ont toutes un rapport à la violence, car ils veulent que ce soit notre quotidien.
Pour étoffer mon propos, la première piste vient directement du contenu de ce qu’il est convenu d’appeler les infos.
Si je regarde les titres de Orange, de Libé où du Monde, je vois que 90 % de sujets, en fait, ne nous concernent pas. Soyez sûr que je n’invente rien, je n’ai fait que du copié-collé.
Orange.fr
08:45 Lady Di, une fashionista qui a chamboulé la garde-robe royale
08:41 La police de proximité va faire son retour d’ici « la fin de l’année »
08:27 Le Lincoln Mémorial à Washington dégradé
08:25 Le Chilesaurus, « l’un des dinosaures les plus intrigants », révèle ses secrets
08:00 Après Charlottesville, la pression enfle autour
Le Monde.fr
09:21 Air Berlin dépose le bilan
08:07 Les informations à retenir à 8 heures
06:47 Venezuela : Wuilly Arteaga libéré
05:42 Colombie : une victoire des indigènes
04:07 Le désarmement des FARC prend fin
02:09 Le chilesaurus, chaînon manquant ?
Quand je dis que ça ne nous concerne pas, ça veut dire que ça se passe ailleurs, dans un espace géopolitique sur lequel nous n’avons aucune prise, et on nous apprend ainsi à n’avoir aucun pouvoir sur nos existences. Cette distanciation nous rend spectateurs impuissants, mais nous amène à ressentir quelque chose des faits qui nous sont présentés. Et ce ressenti nous aveugle et nous empêche du coup de « penser » à ce qui se passe vraiment d’autre, en particulier pour nous. C’est à l’abri de ce bouclier médiatique que les acteurs économiques et politiques agissent chez nous en toute impunité en ne se préoccupant que de leur intérêt.
La seconde piste vient des pans entiers du fonctionnement de notre pays qui sont totalement occultés par les institutions. En premier lieu, tout ce qui concerne la guerre et les armes. On l’a déjà dit mais on ne le dira jamais assez, la politique étrangère de la France est une zone de non-droit, où nos oligarques ont un pouvoir sans aucun contrôle. Typiquement, l’attentat d’Ouagadougou, ne peut être strictement relié à aucune opération de nos armées ou de nos services, car leurs actions sont hors du contrôle démocratique et sont uniquement façonnées par les médias. On l’a vu aussi avec la Syrie, où il est devenu impossible de dire quel est le camp que nous défendons, ni même qui se bat contre qui en soutenant quoi ou qui.
Une troisième piste est le contenu, tout autant occulté, des rencontres entre ce qu’on appelle les dirigeants du monde, et il y a beaucoup de rencontres et beaucoup de dirigeants. L’idée générale est qu’ils échangent des points de vue et se transmettent des messages. Seulement si ce n’était que ça, il n’y aurait aucun inconvénient à le rendre public. Mais ce n’est pas le cas. J’ai donc d’autres idées. Par exemple, l’idée qu’ils font des arrangements, des échanges, des ententes. Bombardements en Syrie ou sabordage au Venezuela. Là on comprend qu’ils ne tiennent pas tellement à ce que ce soit public, et la bonne question c’est : qui a mandaté notre gouvernement pour occuper le Mali, bombarder la Syrie ou négocier le CETA. D’ici à ce que nous allions en Corée, il n’y a qu’un pas pour lequel, comme d’habitude, on ne nous demandera pas notre avis.
Mais c’est pas grave parce que vous êtes déjà persuadés que votre avis ne compte pas.
Moi pas d’accord du tout.
Michel Costadau
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