Voilà, on va parler des attentats et pas dans le sens du poil. Pas du tout. On va parler de notre monde et de ses nombreux accidents. Qu’est-ce qui est plus grave, à supposer que grave soit approprié, Fukushima ou Barcelone, l’automobile ou le terrorisme.
A Barcelone, les enquêteurs ont mis au jour une douzaine de cellules djihadistes, et à Wolfsburg les enquêteurs ont mis au jour une manipulation du logiciel de mesure de la pollution sur des millions de véhicules.
A Barcelone, l’enquête démontre que les terroristes préparaient d’autres attaques, et à Wolfsburg les enquêteurs ont établi que tous les autres constructeurs automobiles avaient des procédés similaires de piratage des normes.
A Barcelone, on est sous le choc disent les médias, et à Wolfsburg avec les médias on sable le champagne de premier constructeur mondial.
Oui j’en ai assez de la sauce aux attentats qu’on nous sert pour justifier encore plus de répression dans nos existences déjà laminées par l’argent. Et cette sauce n’a qu’un seul but : stigmatiser la population et surtout les musulmans pour de pures raisons de pétrole et de guerre de religion. Poursuivre les terroristes, démanteler les réseaux, ok, pour….pour sauver des vies humaines. Parce que les noyés de la méditerranée, les famines du Soudan, les asphyxiés du Sin-Kiang, les morts de la route, ce n’est pas des vies humaines, c’est quoi alors ?
Oui il y des attentats, eh bien y a pas de quoi en faire un plat. Notre société, ou plutôt notre monde est accro à l’accident. Les attentats ne sont qu’un des modes de fonctionnement de notre société.
L’accident c’est la mort brutale de gens qui n’avaient rien demandé. Dans les années 50, l’automobile tuait 17 000 personnes par an, oui pas 170 mais 100 fois plus. Je ne me souviens pas que l’on ait montré à la une des journaux ces accidents avec avocats, procès et comptes rendus. Je ne me souviens pas qu’il y ait eu des descentes de police dans les usines ni de bronca sur les voitures avec pressions morales pour dénoncer ce crime organisé.
Vous voulez des pressions morales. Je cite « En Belgique, les enseignants d’une école maternelle tirent la sonnette d’alarme après avoir découvert certains signes de radicalisation dans le comportement d’enfants inscrits dans l’établissement, a rapporté lundi le quotidien belge Het Laatste Nieuws. ». Horreur.
La route aujourd’hui c’est 3000 morts par an, oui pas 30 mais 100 fois plus et c’est dans la rubrique faits divers et chiens écrasés. Et pourtant beaucoup de jeunes vies ont été fauchés par ces chauffards qui, sans vergogne, s’émeuvent maintenant des filières de Syrie où l’on bombarde comme à l’entraînement et du Maroc où l’on viole et torture en toute impunité.
Je ne sache pas que l’on n’ait jamais voulu éliminer la voiture, sauf les écolos pour respirer l’air pur de la campagne dans leurs centres-villes. Non, on nous a fait accepter les accidents de la route, en nous vendant l’amélioration de la sécurité, les autoroutes, les radars et autres galéjades. D’ailleurs maintenant il serait plutôt question de pollution et de particules fines que d’accidents.
Alors voilà le constat : clairement le capitalisme, maintenant mondial, est incapable d’assurer une vie normale sur notre terre. Il ne sait fabriquer que du malheur, des inégalités, de l’injustice, des réfugiés. C’est une continuation de la maudite conquête de l’Ouest avec ses massacres de millions d’Indiens. Un bon Indien est un Indien mort, un bon terroriste est un terroriste mort. Un bon opposant est un opposant mort. Sans remords mais les yeux fermés.
Parce que les yeux ouverts on voit partout des sans-abris, partout des enfants malmenés, en Ethiopie ou au Venezuela mais aussi à Calais et à Budapest. Des millions de déplacés, d’immigrés, partout des massacres, des murs, des conflits, des exécutions et des camps, oui chez nous des camps et derrière les barrières ce ne sont pas des pintades c’est des hommes comme vous et moi. Vous osez appeler ça un monde harmonieux et fait pour l’homme. Moi non.
Le capitalisme mondial ne connaît qu’un traitement : son seul médicament c’est la guerre. Oui la guerre. On nous fait vivre dans la guerre, dans la haine, dans l’égalité des chances du plus fort. Aujourd’hui se préparent les guerres de demain en Asie, en Amérique et même en Europe. Tout ça pour pouvoir piller tranquillement la planète. Aujourd’hui, les plans de licenciement s’appellent plan de sauvegarde de l’emploi, le sabordage de l’air s’appelle marché du carbone et la disparition de la biodiversité, c’est-à-dire de la vie, s’appelle croissance ou même progrès. Le travail des enfants s’appelle délocalisation. Le trafic d’organe s’appelle médecine. Et le trafic d’esclave s’appelle marché du travail. Vous aurez beau vous cacher derrière des ONG, du bénévolat ou des manifs, il n’y a qu’un seul système capitaliste et il ne s’arrête pas à votre porte. Pas à la mienne non plus bien sûr, mais moi j’ai honte, je crie, car je ne sais plus où me mettre. Alors je le dis.
Michel Costadau
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