Ouaouh le scoop des scoops, je l’ai. Je peux pas résister. Je vous le livre. Les cheminots ont proposé d’abandonner leur statut si, en échange, le gouvernement rétablissait le service public dans le transport ferroviaire. Wouf.
Là en l’occurrence c’est mon copain des chemins de fer qui m’a donné l’info. Le vote a eu lieu hier soir en assemblée intersyndicale à Saint-Pierre-des-Corps, avec 577 délégués des huit syndicats de cheminots.
Pour surprenante qu’elle soit, cette proposition ne manque pas d’une certaine habileté. D’abord cette mesure est généreuse. Et le service public est vraiment une chose à laquelle tout le monde est sensible. Or en ces temps de repli sur soi et de manipulation de la population, une telle bouffée d’air est la bienvenue. Je suis sûr, et eux aussi, qu’elle sera appréciée par l’opinion.
Ensuite, le service public, vous savez c’est exactement comme la Poste. Toutes les gares doivent avoir une desserte par train ou par route mais dans la continuité et la régularité. Ça veut dire aussi ne plus supprimer de gares bien sûr, car le rail peut jouer un grand rôle dans le transport du quotidien. Là où c’est assez bien joué c’est que ça n’implique pas du tout un quelconque monopole de la SNCF ou de Transdev. Au contraire tout le monde est utile dans le service public et en plus il y a du travail, du vrai.
En ce qui concerne l’abandon du statut, la mesure est elle aussi intéressante car presque tous y gagneront une légère augmentation de salaire. Le seul point, apparemment avantageux, qu’ils abandonnent, c’est la progression liée à l’ancienneté. Ah ! l’ancienneté.
Vous le savez la vision capitaliste des salaires c’est de démarrer au smic à 20 ans et de finir … au smic à 60 ans. Seulement, cette vision a un gros défaut c’est qu’elle est clairement démotivante. Alors le système a cherché à donner un peu d’attrait au parcours en inventant la notion de plan de carrière, d’échelons, de primes, d’indices, de bonus et même Sarko a essayé une motivation à gagner plus. En fait le mécanisme de l’avancement à l’ancienneté est assez général et a le mérite d’empêcher ceux aux dents longues de marcher sur la tête des autres. Ce n’est pas la panacée mais ça intervient dans presque toutes les entreprises et aussi dans la fonction publique.
Bien sûr le système prône tant qu’il peut l’avancement au mérite. Mais on ne sait plus très bien ce que ça veut dire parce que entre le mérite et le piston il y a une relation que l’on pourrait qualifier de mécanique. C’est vrai qu’aujourd’hui l’avancement se fait principalement en changeant de boîte, mais surtout il se fait de moins en moins, car au final c’est bel et bien l’esprit capitaliste qui a gagné avec la notion de salarié variable d’ajustement, c’est dire le salarié jetable. Surtout le moins qualifié, ce qui est devenu la production principale de l’Éducation ex nationale. Vous savez il y a une logique dans tout ça, et je ne me lasse pas de vous l’expliquer. Et c’est exactement ce qui arrive aux cheminots et leur réaction est vraiment bien.
Maintenant il faut que vous sachiez que ça fait deux ans pile que je vous envoie un billet chaque semaine. Deux ans ça se fête. Et en ces temps où les news ne sont pas toujours vraies je vous devais bien ça pour cet anniversaire.
Michel Costadau
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