Tout le monde voudrait bien que Google soit moins hégémonique … mais tout le monde s’en sert. Tout le monde sait bien que les moteurs de recherche et les réseaux sociaux utilisent les données privées à des fins commerciales ou politiques… mais tout le monde s’en sert. Et pourtant il n’y a pas, là-dedans, une schizophrénie cherchant à se faire mal volontairement. Pas du tout.
Non il y a le poids, la pression, la puissance, les moyens gigantesques et la volonté d’écrasement monopolistique de structures entièrement tournées vers l’argent. Faire de l’argent avec l’argent, c’est la martingale du fou.
Si je vous dis ça c’est parce qu’il y a d’autres personnes pleines de bonne volonté qui essayent de contrer la toute puissance de ces sociétés et de faire des logiciels libres, des bases de données libres.
Le but est d’offrir les mêmes services que les grands, pour pouvoir s’en passer. Pour cela, ils développent donc des moteurs ou de réseaux alternatifs, qui ne prélèvent aucune donnée privée, qui ne sont protégés par aucune licence et qui ne vendent aucune donnée. Et même quand ils utilisent Google, ils brouillent les pistes pour qu’on ne puisse pas accéder à l’utilisateur et donc ne recueillir aucune information à des fins commerciales.
L’idée est excellente mais, rêvons un peu, si le succès était au rendez-vous, il y aurait le risque de devenir calife à la place du calife. Et ces gens-là en sont conscients, parce que faire une alternative à gGogle, partagée par presque tous les internautes, ça revient à conquérir le pouvoir que l’on voulait lui retirer. C’est presque cornélien ce truc et ça me rappelle quelque chose.
Alors l’idée qui leur est venue est de faire local, c’est-à-dire de créer autant de petits moteurs ou de petits réseaux qui se répartissent le travail, voire se connectent entre eux. Cette notion de répartition pour contrer la centralité est très à la mode de nos jours, que ce soit pour les ventes paysannes par rapport aux centrales d’achat, pour les monnaies alternatives par rapport à la spéculation, pour le stockage personnel par rapport au cloud ou même pour les produits éthiques par rapport à l’exploitation humaine.
Seulement voila, ça ne marche pas. Je veux dire que si l’ennemi c’est Google, ses méthodes et ses affiliés, eh bien ça ne le gêne pas le moins du monde. A vouloir rester petit, même s’il y a beaucoup de petits…. on reste dans des niches que justement Google aurait du mal à investir. En fait c’est complémentaire, on va dire que c’est compatible. C’est Google compatible, comme les OGM de Bayer.
En réalité, la seule manière de développer cette approche par répartition pour qu’elle concurrence vraiment les sociétés commerciales, serait de changer les mentalités pour que tout le monde cherche à se passer des hégémoniques. Seul le changement de mentalité peut permettre de modifier les comportements marchands.
Alors ça me rappelle le dilemme du dernier billet sur la prise du pouvoir pour changer le pouvoir. On comprend bien du coup que tous les discours des partis ont pour seul but la prise du pouvoir et n’ont aucune chance de changer quoi que ce soit, puisque : soit ils deviennent seulement calife à la place du calife et rien ne change, soit ils ne cherchent pas à prendre le pouvoir et alors ils sont « pouvoir compatible » et ne servent que de faire-valoir.
Ce n’est plus cornélien, c’est élémentaire.
Et c’est pourquoi il me semble que ma méthode de la privation de pouvoir est prometteuse.
Michel Costadau
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