Quand on a froid, on chauffe et quand on a chaud on refroidit. Ca parait trivial mais ce n’est pas aussi anodin que ça. En moyenne chauffer consiste à brûler. Cependant brûler a des conséquences sur l’atmosphère, soit par des gaz, soit par des particules et aussi avec des effets secondaires comme l’effet de serre. Mais il y a diverses techniques pour brûler et certaines sont vraiment moins perturbantes, comme de brûler du bois très sec ou d’éviter les incendies de forêt , et surtout ne pas les provoquer.
Et refroidir alors. Ben refroidir a des conséquences carrément néfastes. D’abord parce que refroidir se fait majoritairement avec de l’électricité, qui est transportée et stockée et qui, pour être produite, brûle elle aussi mais avec un rendement assez catastrophique. Ensuite parce que la technique pour refroidir consiste à réchauffer quelque chose : air, eau, terre. Et donc refroidir consiste à réchauffer, ce qui vous l’avouerez est assez paradoxal et franchement mauvais pour le bilan.
Il faut donc bien distinguer les deux mécanismes. Se chauffer est une activité ancienne et qui d’ailleurs se trouve dans la nature. Par contre refroidir les habitations, les voitures voire des lieux publics est assez nouveau et il existe peu de choses similaires dans la nature. Dans le végétal il existe quelques stratégies contre la déshydratation et dans le monde animal il y a quelques tactiques pour refroidir, comme la langue des chiens ou les oreilles des éléphants, mais ça reste assez limité. La pratique animale la plus efficace consiste à monter en altitude pour trouver la fraicheur.
Et en ouvrant les yeux on s’aperçoit que les moyens que notre civilisation a choisis pour refroidir relèvent complètement de la logique du système actuel. Et cette logique est celle de la guerre. On va combattre le chaud, on va éradiquer le chaud, on va vaincre le chaud. Et pour ça tous les moyens sont bons. Y compris de réchauffer. A aucun moment ne se pose la question d’essayer de refroidir sans réchauffer, ou d’utiliser du chaud pour faire du froid.
Et le plus fort c’est qu’il existe des solutions techniques. Par exemple, des matériaux que l’on fait changer d’état avec le froid et qui restituent du froid quand il fait chaud. C’est le principe du glaçon si vous voulez. Et bien sûr l’isolation et aussi des calculs de ventilation entre le bas et haut pour récupérer de l’air frais et le faire remonter dans les pièces à vivre. Mais tout cela reste confidentiel et, bien au contraire, que ce soit pour les maisons, les bureaux, les voitures c’est l’air conditionné qui est de base, ce n’est pas une option. Il suffit de parcourir les villes pour sentir dans les jambes de fort courants d’air chaud qui ne proviennent pas de la moindre cheminée mais des climatiseurs. Il fait chaud et en plus on en rajoute. Et nous avons un classique cercle vicieux puisque comme on a l’idée qu’il va faire de plus en plus chaud on s’équipe de plus en plus de climatiseurs qui sont en fait des réchauffeurs. C’est une fois de plus le PIB = vendre des clims contre le climat = on verra plus tard. Et l’on comprend pourquoi le soi-disant combat contre le réchauffement climatique est une vaste fumisterie. Je ne m’attendais pas à trouver un mot aussi adapté.
Michel Costadau
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