Comment faire sauter le verrou qui bloque nos institutions ? Ce verrou, je vous le rappelle, est la concomitance, dans l’ordre, d’une présidentielle et d’une législative. Et cette séquence fait passer notre régime de parlementaire à présidentiel. Les régimes présidentiels n’ont jamais été démocratiques et ont toujours conduit à des révoltes sanglantes.
Alors comment faire sauter ce verrou ?
En fait il n’y a que cinq possibilités :
- Modification spontanée de la constitution par le parlement actuel,
- Election d’un président dont le programme comporte prioritairement cette mesure,
- Election d’un parlement avec une majorité conséquente voulant cette mesure,
- Victoire d’un référendum demandant la révision de la constitution,
- Révolte populaire renversant le pouvoir en place.
Voyons voir ça.
Le 1 est complètement illusoire puisque les députés n’ont obtenu leur élection qu’en soutenant le président. Ce ne sont donc que les larbins du président et il n’ont aucun intérêt à mordre la main qui les a faits. A l’extrême, en cas de dérives dictatoriales, ces députés préféreront la destitution au changement constitutionnel.
Le 2 n’a strictement aucune chance de se réaliser, car le pouvoir présidentiel tient justement à cette concomitance. Certes il y a des candidats, en fait un seul, prônant cette réforme mais il n’a ni les médias ni la finance et n’est donc pas en mesure d’être élu. Ceux qui croient que s’ils avaient voté pour lui, Mélenchon aurait été au second tour, n’ont pas compris que la situation était de qualifier Le Pen et Macron. Si Mélenchon était remonté dans les sondages alors Le Pen et Macron auraient aussi été remontés.
Le 3 est assez utopique car il demanderait qu’en un mois, entre la présidentielle et la législative, les candidats députés changent leur fusil d’épaule ou qu’une fronde contre le nouvel élu se mette en place. On peut rêver mais ça n’arrive pas en politique.
Avec le 4 on entre dans la catégorie des mouvements populaires voulant conquérir le pouvoir. Les référendums sont dans la constitution, il n’y a pas de problème. Seulement c’est le pouvoir qui pose la question, pas le peuple. On peut alors envisager une pétition recueillant des millions de signatures. Ca s’est déjà produit et ça n’a rien changé, car rappelons-le c’est le pouvoir qui a le pouvoir et lui seul.
Le 5 est une solution qui a déjà été utilisée avec succès. Cependant elle a deux inconvénients. D’une part c’est sanglant et ça pourrait le devenir encore plus que dans le passé avec l’arsenal actuel de nos forces de répression. Les GJ ont déjà plusieurs centaine de victimes, mais ce n’est rien à côté de ce qu’il faudrait envisager pour la prise du pouvoir. Qui plus est, les GJ n’ont aucune demande de réforme constitutionnelle et c’est étrange. D’autre part, conquérir le pouvoir ça finit par mettre d’autres à la place des ceux que l’on a chassés. Et là, clairement, l’évolution de mentalité permettant d’avoir un population consciente de son rôle et voulant l’exercer n’est pas encore faite. Et donc, en cas de prise de pouvoir sanglante, on aurait les mêmes remplaçant les mêmes, les ENA remplaçants le ENA. En tous cas aujourd’hui. Enfin la réforme par la force amène un engrenage de coup d’États encore plus meurtriers.
Beurk, alors il n’y a pas de solution. Et pourquoi ne parles tu pas du non-vote ?
En fait la phase de prise de conscience populaire n’est pas encore finie, loin de là. Le non-vote fait partie de ce chemin vers les nouvelles mentalités. Seule une population éduquée et consciente pourra construire un nouveau régime. L’inverse ne marche pas.
C’est pourquoi le non-vote est le marqueur essentiel de l’étape à franchir.
Michel Costadau
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