Donald tu ne peux pas donner ce que tu n’as pas. Tu as plein de choses, tu es très riche, mais le Golan ne n’appartient pas, ni à toi, ni à ton pays. En plus il ne faut pas parler de ce qu’on ne connaît pas, ça se voit tout de suite. Tu n’as rien compris à la Syrie et tu t’en vas en laissant un champ de ruines. En fait tu es trop accro à Israël. Ce pays a déjà fait plus de victimes que tous les pogroms européens du siècle dernier, mais toi tu t’obstines. Tu dois bien y avoir quelques intérêts, mais il faudrait qu’un jour tu nous les dise parce que ça ne saute pas aux yeux et, en attendant, les morts s’ajoutent aux morts, en tas.
Seulement Donald, tu as un mur dans la tête, pas au figuré, en vrai. Et c’est préhistorique, c’est pas moderne. Les Chinois en ont édifié des kilomètres pour protéger leurs biens, les Romains aussi c’était il y a pas mal de temps, puis les murs se sont rejoints pour faire des châteaux-forts créant ainsi un extérieur et un intérieur, un enfermement. Ensuite, les intellectuels ont inventé les murs idéologiques censés remplacer les murs de pierres et les remparts par des slogans assénés à la population. Mais les tenants du mur préhistorique ont bien résisté et sont encore nombreux, les tenants des châteaux-forts, bastions et autres forteresses aussi, et les servants des remparts idéologiques travaillent encore à plein régime.
Alors nous, la génération d’après-guerre, nous avons développé le combat contre les barrières quelles qu’elles soient, forgeant ainsi le concept de l’Homme, y compris les noirs, les femmes et les indiens, membres d’une unique humanité. Cette émergence est encore balbutiante car nos armes ne sont que l’éducation, la compréhension et l’adhésion.
Du coup aujourd’hui, pour peu qu’il ne soit pas enfermé, chacun a dans l’esprit toutes les composantes de cette évolution, la partie préhistorique avec les hauts murs, la partie médiévale avec les forteresses et leurs faubourgs, la partie idéologique avec ses préjugés et la désinformation, et enfin la partie ouverte avec la prise de conscience de l’humanité.
Rien n’est encore gagné car la protection de leurs biens, par des moyens de plus en plus sophistiqués, préoccupe encore beaucoup les riches, si ce n’est pas de plus en plus.
Et toi Donald tu es le chantre de la partie la plus archaïque de ces concepts : le mur. Ta seule idée c’est enfermer, pas seulement avec le mur mexicain, mais avec tous les repoussoirs que tu voudrais édifier devant les avancées des briseurs de barrière : entre inférieurs et supérieurs, entre hommes et femmes, entre nations pauvres et pays riches, entre hommes et hommes. Tout cela est en train de voler en éclat Donald, mais toi tu as seulement une truelle d’une main et le ciment que tu as volé aux Américains de l’autre. Alors tu ne sais faire que ça : du mur. Vous voulez de l’égalité : du mur, vous voulez le respect des noirs : du mur, vous voulez le respect des femmes : du mur, vous voulez le respect des indiens : du mur, vous voulez une protection sociale : du mur, vous voulez vous exprimer : du mur, vous ne voulez plus de guerre : du mur.
Alors forcément c’est obscur dans ta tête Donald. Tu es enfermé dans ton téléphone et personne ne peut te joindre à cause du mur que tu as dressé devant tes yeux.
Michel Costadau
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