Je ne sais pas qui croit à l’éternité, en tous cas moi j’ai du mal. Il me semble que l’éternité, on ne saura vraiment si ça existe qu’à la fin, quand justement il n’y en aura pas, ce qui complique pas mal le jugement. Evidemment on peut aussi envisager de faire semblant d’y croire, manière, mais là intervient alors la notion de croyance, et ça complique plutôt les choses. On peut cependant faire le pari que l’éternité a une réalité et inventer le concept. Clairement, l’éternité est un concept trompeur. Certes il a quelques vertus mathématiques pour donner une issue à une suite de calculs fastidieux, mais ça n’a aucune utilité pratique. Et le problème c’est que, si ça n’existe pas, on est bien embêté pour dire quand est-ce qu’est la fin, puisqu’il doit y en avoir une. Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est qu’il y en a qui abusent des concepts.
Parce que dans un contexte plus proche que l’éternité, il y a le concept d’égalité. Alors là on atteint des sommets. Franchement s’il y a quelque chose sur terre qui est perçu par tout le monde comme évident c’est la différence, l’inégalité, voire l’injustice. Et pourtant l’égalité tourne à fond dans toutes les bouches des politiques : à travail égal salaire égal, égalité homme-femme, égalité des chances, égalité devant la loi, tous égaux, stop aux inégalités. Hélas, avec la moitié de la population au smic et 200 000 sans abris, tandis que les autres ne savent plus comment dépenser leur argent, on est, très, très loin de l’égalité. Vous le savez, je ne suis pas du tout pour l’égalité, qui est un fourre-tout catholico-bourgeois et qui ne veut rien dire. Je suis plutôt pour la différence, c’est-à-dire l’inégalité, puisque c’est la réalité, mais sans l’injustice ou l’exploitation du faible par le fort, du pauvre par le riche. La société n’est pas là pour supprimer les inégalités, mais pour éviter que les inégalités créent de l’exploitation. Et ce n’est pas franchement le cas.
Si nous continuons notre casse bouteille, il y a aussi la liberté, joli concept s’il en est et qui ne veut pas dire grand-chose non plus. C’est probablement le moteur de la plupart des conflits passés, présents et à venir. Avec cette notion on se mord la queue. La liberté c’est-à-dire la possibilité de faire à peu près ce que l’on veut, n’a de sens qu’en dehors d’une société. Or c’est justement les sociétés, qui ayant aliéné presque tous leurs ressortissants, ont crée le concept de liberté. Qui n’est du coup que le nom de la cage qui retient chacun prisonnier. Un individu libre n’a de sens qu’avec ses seules contraintes biologiques, sans contraintes sociales, religieuses ou politiques. C’est dans ce sens que beaucoup d’animaux sont plus libres que nous. Tout le monde sait que dans nos sociétés, l’on ne peut pas faire ce que l’on veut au nom du sacro-saint principe de la protection des biens des riches, mais certains ont l’idée que l’on peut au moins penser ce que l’on veut. Encore hélas, cela est une bien cruelle illusion, puisque la seule chose que nous avons devant les yeux, dans les oreilles et sous le nez, n’est que le placard publicitaire de nos dirigeants. Il est donc devenu très difficile de penser, et du coup agir selon ses idées n’a plus beaucoup de sens. La liberté de penser n’est qu’un leurre.
Oui, je sais, je n’ai pas parlé de la fraternité, ni de La Marseillaise d’ailleurs, mais j’ose pas ça me fait trop mal.
Michel Costadau
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