Quelquefois les choses simples demandent beaucoup d’explications. Il en est ainsi pour les différences de salaires et d’une manière générales de revenus. Tout le monde pense que ce n’est qu’une question de chiffres. Celui qui gagne 2 000 gagne deux fois plus que celui qui gagne 1 000. Ça paraît simple mais ça ne l’est pas du tout. Disons clairement, pour mettre de l’ambiance, que celui qui gagne 10 000 est, tout simplement, au-dessus des lois.
On explique.
D’abord il y a des seuils. Le premier est à 1500. C’est la première marche pour ne pas être dans la misère et ce sont les aides compensatoires qui permettent de vivre. Le seuil suivant est à 3000. En dessous ce n’est pas facile et il y a encore des aides, mais ça permet de mener une vie moyenne. Le seuil suivant est à 5000. Là on entre dans la possibilité d’aller dans les magasins pour dépenser. Entre 5000 et 10000 il y a une zone où l’on commence à ne pas trop savoir quoi faire de l’argent.
Voilà pour les seuils, mais il y a aussi, et c’est le plus important, le coût relatif.
Le principe en est simple : le prix d’un produit n’est pas lié aux revenus de l’acheteur. Ce qui revient à dire que plus on gagne et moins les choses paraissent chères et la vie parait plus tranquille. Pour les petites sommes, comme un tube de sauce tomate, ça paraît non significatif, mais pour les plus gros achats ça devient hallucinant. C’est un question de pourcentage. Un vélo à 300 c’est 10 % pour celui qui gagne 3000 et 1 % pour celui qui gagne 30 000. Il s’agit bien sûr du même vélo mais 1 % c’est comme une virgule, c’est inexistant. On peut se tromper, ça n’aucune importance. On peut même recommencer presque autant de fois que l’on veut. Par contre 10 % c’est beaucoup dans le sens où ça entre en conflit avec d’autres besoins qu’il faut aussi satisfaire. Et bien sûr il est impossible de recommencer.
Pour dire les choses encore plus crûment : la vie courante, nourriture, logement, loisirs et éducation sont une promenade pour les gros salaires et un combat permanent pour les petits revenus. Et je ne vous parle pas des loyers ou de l’acquisition de résidences. Là ça devient ségrégationniste. Avec 2 000 il paraît difficile d’avoir un loyer de 3 000. Et en plus vous ne seriez pas bien accueilli avec votre Dacia. Je blague.
Alors quand je dis qu’à partir de 10 000 on est au-dessus des lois, c’est très simple. Un PV à 45 ou même à 100 ça ne compte pas. Le retrait de permis est en général celui du chauffeur et même si c’est votre permis, au pire il faut louer un chauffeur pendant quelques mois. Ce qui est important à comprendre c’est qu’à partir d’un certain niveau de revenus on a l’esprit libre, on a le droit de faire des bêtises, de se moquer des pauvres clampins qui essayent de garder la tête hors de l’eau, et même de leur marcher dessus.
Voilà maintenant c’est plus simple, ce n’est pas qu’une question de chiffre. Et donc 3 000 ce n’est pas trois fois mille c’est six fois, et 10 000 ce n’est pas dix fois mille, c’est l’infini.
Michel Costadau
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