Aujourd’hui on regarde le ratage de l’affaire Renault. Oui, l’affaire Renault. Les politiques ont montré, une fois de plus, qu’ils étaient lamentables. Ça a commencé par la confusion entre Ghosn et Renault. Le gouvernement s’est focalisé sur Ghosn alors que c’est Renault qui était attaqué.
Que s’est-il passé ?
Voila que d’un coup, sans prévenir, Nissan lance une offensive contre Ghosn, le mettant dans l’incapacité de diriger ses 2 entreprises et l’Alliance. Le but de Nissan, en lançant ces accusations, était et est toujours de modifier le rapport de force entre Nissan et Renault. Seulement l’Etat français avait un compte à régler avec Ghosn. Souvenez-vous l’histoire des droit de vote double et l’achat en catastrophe par l’Etat d’actions Renault pour plus de 50M€. Ghosn voulait diminuer le pouvoir de l’Etat au conseil d’administration, ce qui aurait été un bonne chose, mais ça n’a pas marché.
Du coup, quand Nissan a fait emprisonner Ghosn, nos politiques sont tombés dans le piège et ont chargé Carlos au lieu de le défendre, c’est-à-dire défendre Renault.
Bien sûr en termes de com c’était du pain béni populiste de vilipender ce patron emblématique. Et les médias ont évidemment emboîté le pas. Mais hélas c’est vraiment n’importe quoi de faire croire qu’il y a des dirigeants honnêtes, altruistes et généreux qui touchent 3 smic. Non, non et non, ces gens-là ne font ça que pour l’argent et d’ailleurs ils rapportent gros aux actionnaires. Ghosn apporte chaque année 1Mrd€ à Paris. Il n’y a donc pas d’affaire Ghosn mais bien une affaire Renault. Et l’affaire Renault est sérieuse.
Continuons l’explication. A cause de l’emprisonnement de Ghosn, les politiques ont été chercher un vieux dirigeant sur la fin pour être sûr de son obéissance. Et ce dirigeant, conseillé par les politiques je suppose, a plutôt joué la carte Nissan, alors que c’est l’ennemi, l’ennemi associé et partenaire certes, mais c’est souvent comme ça dans le business. On appelle ça une opération de rééquilibrage. Il est clair que Nissan préfèrerait ne pas avoir d’administrateurs Renault à son conseil. C’est comme si l’Etat français avait un droit de regard sur une société japonaise. Du coup l’initiative de Nissan a mis Renault dans une position affaiblie, ce qui était le but recherché.
C’est à ce moment-là que les Agnelli ont proposé une fusion de Renault avec FCA qui aurait modifié, plutôt dans le bon sens pour Renault, le rapport de force entre Renault et Nissan. Le management de Renault, qui, en fait n’a pas son mot à dire, était d’ailleurs assez pour cette opération, qui aurait permis d’affronter les énormes besoins d’investissement de l’automobile dans les 5 ans qui viennent.
Seulement nos ridicules politiques n’ont vu qu’une seule chose : la disparition de leur rôle d’actionnaire de référence au profit des Italiens. Ils ont donc louvoyé, ni oui ni non. La suite vous la connaissez, FCA a retiré son offre. Renault ne sait plus trop ou aller et Nissan est du coup en bonne position pour négocier le rééquilibrage ou la séparation, ce qui serait catastrophique pour Renault.
Maintenant quelques remarques :
– l’Etat actionnaire ça n’a aucun sens, soit une entreprise est publique, soit elle est privée. Pareil pour les services. Alors regardez bien EDF ça va partir en live,
– on ne peut pas mettre un bandit à la tête d’une entreprise et ensuite lui reprocher d’être un bandit. Ça ne tient pas debout, et bien sûr au lieu de défendre l’entreprise on accuse le bandit,
– pour l’entreprise Renault, je ne suis pas un spécialiste, mais je la verrais bien rentrer dans le giron de WW. Ghosn a fait un coup magique avec Nissan et avec lui l’Alliance marchait et les Japonais l’ont apprécié. Mais les Japonais ont plutôt des associations entre eux et les Européens aussi. C’est culturel. Y a que l’Etat qui n’est pas à sa place dans ce puzzle.
Michel Costadau
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