La mansuétude des pouvoirs publics est vraiment inégalable. Il y a quelques jours alors que des jeunes s’étaient assis sur un pont parisien pour se reposer de la chaleur, l’Etat a envoyé des policiers pour les rafraîchir avec des brumisateurs à main et ensuite les transporter à l’ombre. Une telle sollicitude a de quoi réconforter sur l’attention portée aux citoyens et doit nous ravir pour une utilisation si pertinente et démocratique de nos impôts.
Tout aussi sympathique a été la fourniture, gratuitement, de petites bouteilles d’eau fraiches dans les trains arrêtés en plein soleil et en panne de climatisation. C’est une attention qui dénote un vrai esprit de service public, comme seule la SNCF sait le faire. On y reviendra la semaine prochaine. Evidemment ce serait encore mieux si la clim marchait et si les trains ne s’arrêtaient pas entre deux arrêts. Mais on ne peut pas avoir la privatisation et le service en même temps. Faut choisir, euh, quand on a le choix.
Vous le voyez je blague, c’est pour détendre l’atmosphère qui est un peu plombée en ce moment.
Mais là je vais être sérieux pour vous parler du RIP. On parle beaucoup du RIP en ce moment, comme d’une avancé démocratique. Malheureusement il n’en est rien. Il y a en effet une énorme barrière basée sur les pourcentages. Pour qu’un RIP soit non pas adopté, mais puisse seulement poursuive son parcours il faut que 10 % du corps électoral signe la demande. Ça parait peu 10 % mais c’est exactement le score qu’obtiennent nos politiques pour leur permettre d’être élus. Je vous refais le calcul une dernière fois : 50 % de votants, 20 % recueillis par les meilleurs soit 10 % du corps électoral.
On demande donc au RIP pour être soumis au vote de la population le même score que peut faire le meilleur des candidats élu par la même population. En toute logique, avec 10 % de signatures le RIP devrait donc être directement adopté. Ou alors la barre des signatures devrait être à 10 % de 10 % soit 1 % du corps électoral. Or il se trouve que c’est exactement là le score actuel de la pétition sur le RIP. Et donc le référendum devrait être officiellement lancé maintenant. Evidemment il ne le sera pas parce que les politiques demandent 10 fois plus de signatures.
Il y a quelques semaines nous évoquions déjà le double langage des politiques. Et l’actualité nous donne une nouvelle illustration de cette parole défaillante : c’est l’introduction du respect des mesures climatiques comme contrepartie dans les accords commerciaux. Nous atteignons là des sommets.
L’autorisation de commercialisation de produits ne respectant aucunes règles sanitaires, biologiques ou environnementale est compensée par la participation non pas des producteurs mais des pays de production à des initiatives pour le climat. On croit rêver : c’est la prime au mensonge. Les pays n’ont jamais eu de parole et affublent leurs agissements du doux nom de développement durable, commerce des armes par exemple. Alors vouloir nous faire croire qu’ils vont vraiment faire quelque chose pour le climat c’est de la provocation. Soit les pays font réellement des actions visibles pour combattre le réchauffement et alors il est possible de discuter avec eux. Soit ils ne font rien et ce n’est pas la signature d’accords commerciaux qui va les inciter à faire quelque chose puisqu’ils ont obtenu l’accord sans rien faire. Mais la mansuétude des pouvoirs publics est sans égale.
Michel Costadau
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