Comme prévu on revient donc vers la SNCF. Vous le savez notre société nationale a tout misé sur le TGV. Elle a même construit des gares super modernes pour ses rapides. Ces gares, en site propre, sont toutes à l’extérieur des agglomérations, quasiment en rase campagne. Elles permettent au TGV de s’arrêter un temps minimum sans être obligé d’emprunter les voies avec beaucoup de zigzags menant en centre ville. Mais le résultat est problématique parce que dans beaucoup de villes il y a maintenant deux gares : la gare normale et la gare des TGV. Le souci c’est que du coup pour les correspondances c’est plus possible. Ou alors il faut change de gare pour changer de train !
Bien sûr il y a des exceptions par exemple Bordeaux avec une unique gare normale qui est aussi terminus du TGV ou Toulouse où il n’y a pas de TGV et donc une seule gare.
Bon ok il n’y a pas de correspondances mais quand même pourquoi je vous dis tout ça. Eh bien c’est simple : cette situation a un unique rationnel anti-service public.
D’abord ça permet de donner une nouvelle place aux autos pour la liaison gare de TGV- destination finale. Par exemple la SNCF n’a pas peur de proposer pour le trajet Paris-Ganges : Paris Montpellier = TGV 3h26, Montpellier Ganges = voiture 46mn, total 4h12. En gros la SNCF fait croire que Paris Ganges en train c’est 4h12. Certes elle ne fait payer que la partie train mais clairement elle n’assure pas le service. C’est nul.
Ensuite c’est cadeau pour la privatisation des trains. Les trains privés ne vont pas s’embêter à aller jusqu’à Ganges, ils vont faire Paris-Montpellier. Le bénéfice pour l’usager est nul puisque ça existe déjà. Et, comme vous le savez, tous les lancements de nouveaux produits pour le sacrosaint PIB s’accompagnent d’efforts financiers du coté étatique. Là nous aurons donc une ristourne sur les péages pour utiliser les voies ferrées. La SNCF qui pendant le même temps va continuer à payer plein pot, va devenir moins rentable. Et l’argument pour vanter la privatisation est tout trouvé. C’est de l’arnaque.
C’est aussi un cadeau empoisonné aux régions qui sont néanmoins consentantes. Les régions ont hérité des TER dont la rentabilité est faible, ce qui conduit, là aussi, à un recours à la route soit pour remplacer des trains par des bus, soit pour compléter le trajet. Il surgit alors une nouvelle dégradation du service, car dans les trains il est toujours possible de monter, mais un autocar ne prend que des passagers assis et donc refuse du monde quand il est plein ! A cela s’ajoute une vigoureuse politique de subventionnement des autocars qui du coup font concurrence au train. C’est minable.
Enfin il y a le mystère des tarifs. Outre que globalement le train est devenu cher, il est difficile de savoir combien va vous coûter un voyage. On se croirait dans une compagnie aérienne. Tiens super-prix sur Morlaix. Mais qu’est ce que tu veux qu’on aille faire à Morlaix. Non moi ce que je veux c’est aller à Millau en espérant qu’il y a encore une gare. Millau c’est TER + autocar. Et je ne vous dis pas le souci quand vous changez de région. C’est pas beau.
Alors bien sûr il reste la voiture, ce qui est exactement un gros problème pour l’environnement même électrique. Cherchez l’erreur.
Michel Costadau
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