Ce n’est pas un sujet facile car dès qu’on parle de l’Etat voyou d’Israël, on associe guerre, Palestiniens, racisme, Arabes et génocide. Tous les échanges sur ce sujet sont biaisés, déformés, récupérés et l’on aboutit presque toujours à des clivages du genre, tu es pour ou tu es contre, et au bout d’un moment on ne sait plus très bien quoi. Alors, franchement, j’hésite à me lancer là-dedans parce que je redoute de louper mon objectif qui est d’abord de bien argumenter le déni des droits de l’homme qui caractérise ce pays. Je précise que si j’accole toujours l’adjectif voyou c’est que cet Etat ignore complètement les recommandations et autres décisions de la communauté internationale, par exemple les résolutions de l’ONU, qu’il se permet d’envahir ses voisins, par exemple le Liban, la Syrie ou l’Egypte et qu’il demande que l’on applique aux autres, ce que lui même refuse d’appliquer, par exemple le contrôle des armes atomiques. Alors il faut appeler les choses par leur nom et ce n’est donc pas seulement une affaire d’adjectif mais réellement une question de non-respect des autres. C’est donc voyou. Cependant, dans ce texte, pour éviter les répétitions, nous ferons l’économie de l’adjectif mais, vous, vous le rajouterez mentalement.
Un premier point préliminaire doit être éclairci tout de suite concernant l’historique de la situation. D’un coté, Israël n’est pas un Etat reconnu par l’ensemble des membres de l’ONU et certains pays, en particulier arabes, n’ont toujours pas accepté la décision de sa création et sont en guerre contre cela. D’un autre côté, la gestation d’Israël sur des bases sionistes, puis sa création avec un terrorisme d’Etat accompagnées par des massacres de populations locales, suivies de ses incessantes conquêtes territoriales, ont donné et donnent une forte odeur de poudre à cet Etat. En plus, le sujet est devenu complètement international avec une tendance à empêcher tous les intervenants d’arriver à parler calmement et simplement d’Israël et des conflits dans lesquels il se retrouve. Ce qui est sûr c’est que rien de bon n’est sorti de cela, et plutôt que de se situer dans une logique de fautes et de coupables à priori, il faut essayer d’ouvrir les yeux, de comprendre, d’expliquer et de proposer. C’est ce que nous allons essayer de faire.
Un second point préliminaire doit aussi être précisé, parce que certains seront tentés de me dire qu’Israël se défend, car il est attaqué. Attaqué par qui ? Tous les pays qui sont ses ennemis déclarés ou non sont soit sous embargo, comme l’Iran ou la Syrie, soit dans le plus complet chaos comme l’Irak, ou la Lybie, soit sous influence américaine comme L’Egypte ou l’Arabie saoudite. Alors qui ? Cuba, bravo c’est bien tenté. En fait Israël n’a pratiquement jamais été attaqué, c’est donc bel et bien un Etat belliqueux.
Un troisième point préliminaire doit être établi, parce que d’autres ont le sentiment qu’Israël est soutenu et financé par la population juive américaine et russe. Ce n’est pas complètement faux mais ça occulte le point important qu’Israël est sous la protection, indéfectible, totale, militaire et industrielle des USA, de son appareil politique, de son administration, et probablement de son opinion. Ca veut dire qu’avec un tel parrain on peut se permettre beaucoup de choses. De là à dire que ce pays est en fait un poste avancé anti- arabe de l’impérialisme US au moyen orient, et bien oui on peut le dire mais sans occulter la responsabilité propre qu’ont les citoyens d’Israël dans cette situation, car beaucoup d’émigrés venus des pays de l’Est sont d’un racisme virulent.
Alors commençons notre réflexion. La première observation c’est que nous avons une population qui a été persécutée pendant longtemps, c’est le moins que l’on puisse dire et qui se retrouve dans un nouvel Etat qui pratique à son tour les mauvais traitements dont elle a été victime. C’est assez difficile à expliquer. On va cependant essayer de comprendre pourquoi cet Etat qui devrait être au ban des nations est l’un des plus activistes de la planète. On va, aussi, essayer de voir comment pourrait évoluer cet Etat pour retrouver une place dans le concert des nations civilisées. Et on abordera quelques questions connexes, comme les Juifs et les Palestiniens.
En fait il y a deux aspects dans le déni des droits de l’homme de cet Etat. D’une part la colonisation mais aussi la religion. Je crois que pour la colonisation, tout le monde va être à peu près d’accord, mais pour la religion ça va être un peu plus délicat, parce qu’Israël est un état religieux et ça s’appelle une théocratie, mais dans l’esprit des gens, un état religieux c’est l’Iran par exemple avec ses ayatollah, ou le Vatican avec ses cardinaux, alors que l’Iran n’est pas vraiment un état religieux et que le Vatican … bon ce sera pour une autre fois. En fait, Israël a une pratique proche de ce qu’était la royauté en France, à savoir chrétienne, et dans laquelle on massacrait au nom de la religion, c’est ça aussi que j’appelle un Etat religieux.
Avant d’expliciter la colonisation et la religion, on doit commencer par se poser la question qui, en plus, nous concerne directement, de savoir pourquoi, contrairement à ce qui devrait être, beaucoup de pays, dont la France, ont une attitude d’on ne peut plus franche coopération avec cet Etat. La réponse n’est pas tout à fait aussi simple que de dire simplement c’est le business, ce qui est vrai, mais incomplet. Il faut ajouter que cet Etat a un fonctionnement double : d’une part un pays avec des Israéliens, des frontières et une capitale, mais ensuite ce pays est relié à un réseau international, on pourrait dire aussi une nation diffuse composée de ressortissants non résidents avec quelquefois une double nationalité, présents dans presque tous les pays du monde. Cette situation n’est pas à vrai dire originale puisque beaucoup de pays fonctionnent avec une diaspora, mais dans notre cas c’est un réseau fédéré par la religion étatique ce qui lui donne une dimension et un poids tout à fait différent. Et il y a même un mot pour ça, c’est celui d’israélite. Et donc, en France, la communauté israélite est très influente et empêche nos dirigeants de critiquer Israël. De plus, les services, en particulier économiques, de cette diaspora sont très appréciés par notre classe politique car ce sont de fervents supporters de la finance libérale, ce qui, même si ça fait notre malheur, est leur droit le plus strict. Il y a aussi un troisième aspect à prendre en compte pour expliquer la collaboration de la France, c’est le comportement de pas mal d’intellectuels philosophes qui, pour des raisons liées probablement aux persécutions dont ont été victimes leurs familles, ont une attitude de protection d’Israël irrationnelle mais constante.
Regardons maintenant l’aspect colonisation. J’espère qu’il est clair pour tout le monde qu’Israël a des frontières parfaitement définies et que donc, par exemple, Gaza ou Naplouse sont en Israël, de même que Toulouse est en France. Bien sûr les frontières actuelles sont le résultat de plusieurs conflits et sont contestées par divers pays mais il y a d’une manière très claire un intérieur et un extérieur. Seulement à l’intérieur de ce pays il y a deux zones. L’une est une zone comme la France avec des gens qui circulent assez librement mais l’autre est une constellation de zones fermées avec comme des postes frontières pour y accéder ou en sortir. A l’intérieur de cette seconde zone vivent des gens qui devraient être des Israéliens mais que l’on désigne plutôt comme : les Arabes et surtout les Palestiniens. A l’intérieur de cette même zone, il y a aussi des colonies constituées d’Israéliens de la zone libre qui ont construit des forteresses dans la zone occupée. A dire vrai, dans la cas particulier de Gaza, il n’y a plus de colonies, car elles devenaient trop dures à entretenir. Précisons que ce n’est pas moi qui ai inventé ce mot de colonies, ce sont les Israéliens eux-mêmes et ça mérite une explication. Ce que nous de France nous appelons la zone occupée et qui fait partie intégrante d’Israël, est pour eux un territoire sans statut, dont il faut faire la conquête, c’est à dire comme en Amérique, vider de ses occupants. Les occupants actuels, les Palestiniens, ont donc un statut assez proche de ce qu’étaient les indigènes au temps de la conquête de l’Ouest ou de la colonisation française. C’est-à-dire qu’ils ne sont pas citoyens du pays auquel ils appartiennent, on devrait plutôt dire qui les possède, donc pas le droit de voter ou d’être élus, mais un statut de simples autochtones auxquels on laisse le droit de continuer leurs pratiques culturelles à condition que ça ne gêne pas le colonisateur. Israël mène donc une conquête coloniale d’une partie de son propre territoire. Notons, en passant, un point sidérant sur ces fameux occupants palestiniens. Il semble qu’ils soient là depuis longtemps ou tout au moins qu’ils soient le résultat de l’évolution de la population de cette zone, qui comme tous les pays du monde a connu une démographie propre mais aussi des envahisseurs de diverses origines. La France aussi a connu ça, mais ça ne nous n’empêche pas d’être en quelque sorte les descendants des Français de la génération d’avant, qui elle même etc., ce qui permet de remonter à certains grands-parents célèbres de notre beau pays que l’on désigne souvent sous le nom de Gaulois. Tout ça pour dire que les palestiniens sont, donc, les descendants des premiers occupants de ce pays et donc, d’une certaine manière, les vrais Israéliens ou Israélien de souche comme dirait notre pauvre président. On va pas refaire l’histoire, mais quand même, quand la France a donné aux colons français une ferme en Algérie, il y avait des Algériens sur place et personne n’a cherché à dire qu’ils ne l’étaient pas. C’est même la seule chose qu’ils étaient. D’ailleurs, quand il y a eu l’indépendance, les Algériens sont restés des Algériens et le sont encore. C’est pourquoi il est difficile de comprendre comment les Palestiniens qui étaient là avant l’immigration qu’a connue Israël et qui sont, pour une partie, toujours là, ne sont pas des Israéliens. On verra un peu plus loin que ça a rapport à la religion.
Comme dans toute les colonisations, les premiers occupants représentent un réservoir de main-d’œuvre qui ne demande qu’à être utilisé. Cependant il y a deux situations. Dans la zone libre, à condition de pouvoir franchir les barrières, les Palestiniens peuvent travailler comme les autres, même si on ne leur fait pas des ponts d’or et certains réussissent assez bien. Autour des colonies, c’est beaucoup plus compliqué, car les colons ont une attitude complètement ségrégationniste avec les palestiniens, exactement comme en Afrique du Sud ou au Texas. Une illustration récente est le problème des bus publics empruntés par les colons et que le ministre de la Défense prévoyait d’interdire aux Palestiniens. Ca n’est pas encore fait mais ça vous donne un peu l’ambiance.
Bien qu’on n’ait pas tout dit sur la colonisation, il nous faut aborder le sujet de la religion. D’entrée il y a une grosse ambiguïté avec la confusion entre la religion, qui s’appelle le judaïsme, et les personnes qui se désignent elles-mêmes avec le nom de juifs. D’un côté, une religion on voit à peu près ce que c’est. On a le christianisme, qui est la religion des chrétiens, l’islamisme qui est la religion des musulmans et quelques autres religions. D’un autre côté, des personnes regroupées dans une appellation identitaire, on voit aussi ce que c’est. On a les Bretons qui habitent en Bretagne mais aussi un peu partout et se revendiquent Bretons, les Basques, c’est pareil et c’est presque une marque déposée et on a aussi les Occitans, dont je fais partie, qui ont un vaste territoire. Là où on serait bien embêté c’est de dire la religion des bretons, un peu druide, un peu catho ou celle des basques à moins que la pelote ne soit une religion et pareil pour les occitans, qui entre cathares et protestants en ont à mon avis assez des religions. Par contre avec le judaïsme on a une vraie confusion entre l’appartenance et la religion. Cette confusion est, je pense, délibérément entretenue afin de ne pas affronter la sévère réalité de cette population et de cette religion. D’ailleurs, en termes de religion, on a coutume de parler des trois grandes religions monothéistes : christianisme, islamisme et judaïsme. C’est un peu rapide. En fait, christianisme et islamisme sont effectivement presque la même religion, avec un grand prophète qui indique comment atteindre le paradis, une morale écrite, un clergé chargé des rites et une Eglise au pouvoir temporel immense. Le judaïsme est lui réservé à une population donnée et relève, donc, plutôt du domaine de la secte. Il faut ajouter la croyance en un peuple élu pour recevoir un messie, car pour le judaïsme, le sauveur ne s’est pas encore manifesté et n’a donc pas encore pu donner ses préceptes aux hommes, et donc on ne peut pas parler de religion mais bien de secte, et la population juive est censée croire que c’est en son sein que doit venir le médiateur. Un peu comme les évangélistes ou les saints des derniers jours qui attendent toujours une hypothétique révélation. C’est peu de dire que les religions sont une catastrophe et il y aura un prochain texte sur ce sujet, mais hélas les guerres de religion sont encore une réalité, et dans le cas d’Israël, le silence de la communauté internationale et de la France en particulier est vraiment coupable. Par contre c’est là que nous trouvons notre explication de pourquoi les palestiniens ne sont pas des israéliens : c’est qu’ils n’ont pas la même religion. La guerre impulsée par le judaïsme n’a aucun fondement libérateur mais seulement une volonté de domination et d’élimination dans le but de s’approprier un territoire. De plus, cette guerre alimente des tensions dans toute la région. C’est pas marrant mais c’est comme ça.
Nous devons, maintenant, revenir sur la situation de cette population qui s’identifie comme juive. Il est de fait que son histoire n’est faite que de persécutions et de méfiance, comme si cette population n’avait pas encore compris comment se comporter pour s’intégrer et dégager une image positive. Il est très important pour l’évolution et le rayonnement d’un pays que sa population ait une image positive d’elle-même. Ce fut le cas des Français pendant longtemps, avec l’invention des droits de l’homme et quelques autres bonnes idées. Bien sûr cela a changé et la France ne rayonne plus du tout, mais nous vivons encore là-dessus et il faudrait commencer à essayer de redorer le blason. On ne peut pas dire que ce soit le cas de la population juive, qui n’a jamais eu de reconnaissance très positive. Y a-t-il une raison à cela et il y a forcement une raison. La tentation de faire reposer cette situation sur des traits de caractère de cette population, ça s’appelle du racisme, ce n’est donc pas une explication, bien que beaucoup de gens aient essayé de développer cette idée. Le racisme existe bien sûr et pour mémoire il a fallu deux-cents ans aux Européens pour accepter l’idée que les sauvages d’Amérique ou d’Afrique étaient des hommes comme les autres, ce qui, en plus, a provoqué la disparition des amérindiens. En fait, pour trouver la raison, il faut regarder du côté des religions chrétiennes et du coté du Vatican. En effet, le messie reconnu des catholiques est sorti de Palestine et s’est trouvé faire partie de la population juive de l’époque. Seulement l’histoire nous indique que ce messie a été mis à mort par ses concitoyens. Et nous voilà donc avec une population juive coupable d’avoir crucifié le messie des catholiques. Depuis ce moment-là, cette population a été persécutée et a fait l’objet d’une défiance cultivée par l’Eglise catholique d’une manière assez perverse comme elle sait très bien le faire. L’histoire indique, aussi, que par ce biais, cette population a servi régulièrement de bouc émissaire comme il en faut dans tout exercice du pouvoir. On doit ajouter que, dans ces cas là, une espèce de cercle vicieux se crée, dans lequel les victimes s’excluent elles-même du jeu social, par peur et par habitude et se trouvent donc dans une situation d’exclusion physique et mentale qui ne fait qu’entretenir le phénomène. On retiendra, finalement, que le bilan de cette histoire est assez négatif pour les populations juives avec une phase paroxysmique au cours du XXe siècle, dont on parle encore. A ce sujet on doit se poser la question de savoir comment il est possible que des hommes et des femmes aient pu se livrer à ces actes de barbarie à grande échelle à l’égard de la population juive, tzigane et de quelques autres. Ca ne paraît pas possible, car chacun aujourd’hui se dit que lui il n’aurait pas fait ça. Et pourtant ça s’est bien passé, alors pourquoi ? La réponse se trouve dans les actes de l’armée israélienne, par exemple, avec les massacres à Gaza il y a moins d’un an ou ceux d’avant. La réponse c’est la dépendance hiérarchique. Les soldats israéliens comme les soldats allemands, obéissaient à des ordres donnés dans une chaine de décision fermée. Et les ordres ça ne se discute pas, ça s’exécute, avec plus ou moins de conviction mais en aucun cas ça ne se remet en cause. Et si un jour, un soldat reçoit l’ordre de larguer une bombe atomique sur Paris, il le fera. D’ailleurs ça a déjà eu lieu. Alors il ne faut pas se réfugier dans l’histoire pour dire que de nos jours ça n’est plus pareil, car de nos jours c’est pareil et même pire. Le venin de cela c’est l’obéissance. Et les porteurs du venin sont les armées, les Eglises, et toute les organisations basées sur la dépendance hiérarchique. Bien sûr il y a eu beaucoup d’autres victimes du catholicisme et de ses relais temporels toujours d’actualité, mais c’est un autre sujet.
Par contre, je ne peux pas m’empêcher de penser que la création d’Israël par la communauté internationale, à la fin du dernier conflit mondial, aurait pu s’inscrire dans la recherche d’une solution à la persécution dont a été victime cette population. Un peu comme Haïti pour les anciens esclaves des Caraïbes ou le Libéria pour ceux d’Afrique. Seulement, dans le cas d’Israël, force est de constater, qu’il semble qu’on ait plutôt créé un nouveau problème au lieu de résoudre l’ancien.
On est maintenant en mesure d’aborder le conflit dit israélo-palestinien, qui est donc en fait un conflit interne à Israël et c’est même pour ça que les forces de l’ONU ne sont pas en mesure d’intervenir, même si probablement les US l’empêcheraient de toute façon. Beaucoup de gens pensent que la solution c’est la création d’un Etat palestinien. Je ne sais pas qui le premier a eu cette idée, mais ce n’est pas une bonne idée. En effet, le but n’est pas de loger les Palestiniens dans une enclave que l’on pourrait détacher d’Israël, parce que c’est déjà le cas, par exemple avec Gaza. Ceux qui sont pour cette idée, de créer un Etat palestinien, sont peut-être parti d’un bon sentiment, par exemple pour les protéger de l’agressivité des colons israéliens, mais ils n’ont pas réfléchi que de faire deux Etats est la meilleure solution pour que la guerre continue, puisque le problème est le projet d’expansion territoriale d’Israël au nom d’une guerre de religion. Non, la solution à ce problème passe par une évolution interne d’Israël, puisque les Palestiniens en font déjà partie, c’est à dire par une prise de conscience de toute la population que la guerre ne mène qu’à la guerre. C’est donc un processus long. Vous savez ça a pris du temps en France pour que les femmes votent. L’important c’est que se manifeste une volonté de changer de cap. Avec le projet d’un Etat palestinien, Israël ne se remet pas en cause et il est donc pour ce projet. Se remettre en cause, c’est d’abord constater la catastrophe continuelle que représentent ses 60 ans d’existence et c’est surtout faire tomber beaucoup de tabous qui nous concernent aussi. Le tabou de la terre promise qui appartiendrait seulement à quelques personnes doit tomber, le tabou de la religion juive comme religion d’Etat doit tomber, le tabou du parapluie américain pour couvrir des actes barbares doit tomber, le tabou de la terre sainte sanctuarisée par les religions doit tomber. Ce n’est qu’à ce prix qu’Israël pourra devenir un Etat acceptable et fréquentable, c’est-à-dire, laïque, multiracial et pacifique et que les catholiques arrêteront d’aider Israël en allant en pèlerinage au bord de la mer Morte. Toujours dans le registre d’appeler les choses par leur nom, il faut parler de l’attitude que nous pouvons avoir par rapport à Israël. Ceux qui l’admirent et le soutiennent ouvertement ou discrètement ont, clairement, du sang sur les mains. Ceux qui affichent une certaine indifférence, ou une certaine distance, voire essayent de soutenir les palestiniens, sont quand même coupables de cécité et feraient bien d’ouvrir les yeux. Ceux qui le critiquent et souhaitent qu’Israël se transforme peuvent, je l’espère, trouver quelques encouragements et arguments dans ce texte.
Michel Costadau
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