Il n’y a pas l’Arabe, il n’y a pas le Juif, pas plus qu’il n’y a le Breton ou le Catalan. Bien sûr les Catalans savent qu’ils ne sont pas une race, mais le problème se pose pour les Juifs qui essayent de revendiquer une race et les Arabes dont beaucoup de gens font une race à part.
Non, chaque individu a une nationalité, une langue, une religion ou pas, une famille, un travail mais ils n’a pas de race. C’est une invention du Moyen Âge, reprise par Staline, cette histoire de race. Il y a soit des gens de religion musulmane et ses subdivisions, soit de religion chrétienne et ses subdivisions, soit sans religion ce qui est quand même le mieux. Et il y a des citoyens d’Indonésie, de Bolivie ou de Hongrie. Et il y a des locuteurs bantous ou occitans.
Et donc au siècle dernier ce ne sont pas des tziganes ou des juifs que l’on a massacrés, mais des Polonais, des Français, des Allemands ou des Hongrois. Ca change pas mal de choses. Oui, on a éliminé des Français sans jugement, sans accusation, sans autre raison que l’invocation de la race. Bien sûr quelle que soit la motivation c’est de la barbarie pure et dure. Mais attention, le rangement dans une catégorie, même artificielle, comme la race permet de se distancier des actes commis contre cette catégorie.
C’est aujourd’hui le cas pour des catégories comme terroriste. On a créé l’idée que ces gens-là on peut les tuer sans jugement, sans raison, simplement à cause de leur qualificatif de terroriste, même s’ils n’ont rien fait mais qu’ils pourraient le faire. Si vous voyez passer un fourgon avec des gens dedans vous vous dites que ce sont des délinquants. Vous n’en savez rien mais c’est l’idée qu’on vous a inculquée. Si en plus on vous dit que c’est des terroristes, alors là vous seriez prêt à leur tirer dessus. Même si ce sont des femmes et des enfants. Pouah quelle horreur. Abattez-moi tout ça ! On vous force à oublier que ce sont des Français.
C’est exactement ce qui s’est passé au siècle dernier. On a vu passer les fourgons et on s’est dit : c’est sûrement des délinquants. Pas de bol c’était de simples Français mais déclassés par leur appartenance à une catégorie. C’est le problème quand la dérive vient d’en haut, c’est-à-dire du pouvoir. L’idée que le pouvoir a toujours raison nous a été assénée depuis des centaines d’années à coup de procès, d’exécutions sommaires et de campagnes médiatiques.
Alors aujourd’hui, comment s’assurer que toutes les personnes dans les fourgons sont réellement sous le coup d’une accusation légale et non d’un oukase de la classe dirigeante. Ou que, dans la rue, tous les manifestants sont des demandeurs et non des casseurs.
C’est évidemment impossible.
D’ailleurs délinquant est devenu une catégorie et délinquant récidiviste une race coupable de tous les maux. C’est ça le racisme. C’est la création entre les hommes d’une distance qui autorise à exercer à leur égard un traitement inhumain.
La déclinaison militaire du racisme c’est la torture. C’est inhumain mais c’est autorisé sur des gens qu’on ne veut plus qualifier d’humains, mais d’ennemis.
La déclinaison conjugale du racisme, c’est la violence faite aux femmes.
La déclinaison entreprise du racisme c’est la vente du personnel avec les machines. Oui on vend des Français.
Et quand les disqualifiés sont dans la rue, on envoie la police, c’est même pas drôle.
Michel Costadau
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