Le proverbe dit : si tu en veux à quelqu’un au point de vouloir le tuer, il te faut alors prévoir deux cercueils : le sien….et le tien.
C’est vrai qu’en ce moment, ça cartonne autour de nous. Je ne parle pas de politique étrangère, je parle de deux voisins soudain brouillés pour une histoire de chevaux, de deux sœurs et d’un frère qui se disputent une maison, d’une fille qui ne parle plus à son père pour une histoire d’argent et d’un artisan qui coupe les ponts avec sa voisine pour une histoire de hauteur de mur.
Bien sûr les prétextes sont toujours futiles et donc n’expliquent rien. En fait je me demande s’il n’y a pas chez l’homme un gène de la mésentente, un virus de la discorde. Comme si l’état naturel était plutôt de ne pas s’entendre, d’en vouloir aux autres par principe. Du coup tout rapprochement, toute fraternisation, voire toute vie en société demanderait de prendre sur soi, de faire un effort particulier. Le contraire de Rousseau si vous voulez. L’homme ne serait pas du tout bon naturellement, mais plutôt mal disposé envers ses congénères.
Et comme l’homme est un animal social, il y aurait comme de l’eau dans le tuyau pour la vie en société.
En tous cas les exemples ne manquent pas pour appuyer cette hypothèse. La guerre bien sûr, je veux dire les 4 ou 5 mille ans d’histoire que l’on connaît un peu mieux semblent n’être qu’une succession de batailles, de confrontations entre empires, plus ou moins éphémères mais toujours sanglantes. Certes c’était une époque où l’envahissement correspondait souvent à une découverte de nouveaux territoires. Mais visiblement même sans la justification de la découverte, les envahissements ne se sont jamais arrêtés. Il y a même une forme d’architecture qui s’est développée pour décourager les agresseurs : les murailles. Quand aux attaquants ils ont, eux, inventé la technique du siège.
Notons aussi que lors de la découverte de l’Amérique, la première réaction en présence des « Indiens » a été de ne pas croire que ça pouvait être des hommes mais plutôt des bêtes. La suite n’a été qu’une succession de massacres et d’exterminations de masse.
Je ne peux pas non plus oublier les guerres de religions, où l’on atteint le sommet de l’absurde puisque la force d’une croyance en la nature divine de l’humain amène à éliminer les gens au motif qu’ils n’ont pas les mêmes divinités.
Enfin le monde que nous avons sous les yeux n’est pas du tout plus reluisant et démontre encore plus s’il le fallait que c’est la haine qui est l’œuvre, beaucoup plus que la fraternité.
Par exemple, dans le conflit des retraites, la stratégie gouvernementale est complètement moyenâgeuse : le siège. C’est à dire affamer les occupants en les privant de moyens de subsistance, empêcher qu’ils soient aidés, les bombarder dès qu’ils font une sortie et leur faire de fallacieuses promesses pour qu’ils se rendent. Ce n’est pas très moderne.
Qui plus est, les philosophes se sont emparés de cette notion avec la création de deux grands courants politiques :
– l’homme étant bon naturellement, la société doit empêcher de nuire ceux qui ne jouent pas le jeu, c’est-à- dire qui veulent marcher sur les autres et, au contraire, protéger les plus faibles et aider chacun à s’épanouir, c’était le modèle social,
– l’homme étant asocial naturellement, la société doit éliminer ceux qui ne jouent pas le jeu, c’est-à-dire qui se laissent bêtement tondre la laine sur le dos et, au contraire, privilégier ceux qui réussissent quels que soient les moyens qu’ils emploient, c’était le modèle libéral.
Et en définitive, aujourd’hui, ceux qui ne pensent qu’à eux sont ceux qui s’en sortent le mieux.
Apparemment.
Michel Costadau
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