Attention je m’aventure en terrain complètement inconnu. Je ne savais même pas que ça existait.
Bon, il m’arrive de parcourir Libération et ses 100 rubriques sur internet. Et le 1er juillet, après avoir vu défiler un nouveau crime machiste ligne 1, la nième reculade du gouvernement sur le glyphosate ligne 4, la déroute présidentielle et le nombre d’élus du RN et de LRM aux lignes 27, 49 et 60, je tombe, ligne 65, sur une modification d’un décret relatif à l’expérimentation animale.
Il s’agit des chiens et chats destinés aux laboratoires, surtout les chiens.
Première découverte, il y a des élevages agréés pour ce type d’usage et normalement il n’y a qu’eux qui ont le droit d’approvisionner les labos. Je ne sais pas quel est leur cahier des charges, j’espère seulement qu’il ne s’agit pas d’une espèce d’eugénisme mais de vaccination et d’alimentation. C’est l’aspect destiné aux labos qui ne me plaît pas, mais malheur de malheur les élevages, bovins, ovins, porcins ou de poulets sont hélas notre quotidien. Et ils sont tous entièrement destinés à l’alimentation.
Est-ce que l’abattoir est plus défendable que le laboratoire, sûrement pas, mais c’est psychologique.
Là où ça commence à me faire dresser l’oreille c’est que l’origine de la modification du décret vient d’une injonction de la Commission traduite d’une directive européenne.
Pour animer le décor, plantons deux repères. D’une part l’essentiel du travail parlementaire français consiste à décliner en version hexagonale les directives de Bruxelles et de Strasbourg et d’autre part, même si ça n’a rien à voir, en Suisse par exemple, il y a plus de souris de laboratoire que d’habitants.
Maintenant le problème que pourrait poser ce nouveau décret serait de rendre plus facile la vente par n’importe quel particulier de chiens à des labos. A priori ça ne me fait ni chaud, ni froid.
Mais deuxième découverte, les « amis des animaux » ne sont pas pour cette pratique et défendent la notion d’élevage agréé où tous les animaux sont destinés à la vente à des labos. Le rationnel m’échappe un peu car, pour moi, l’important n’est pas l’élevage mis l’utilisation de ces animaux pour tout un tas d’expériences. Je suppose, quand même, que les amis des animaux ont le souci d’éviter un trafic de chiens si le marché des labos était libre et préfèrent donc la notion d’élevage agréé.
Mais, pas de bol, il y a les dérogations. Eh oui si les labos ne trouvent pas dans les élevages les produits conformes à leurs besoins, ils ont alors le droit d’aller chercher ailleurs. Le décret en question met en place la dérogation scientifique ; personne ne sait ce que ça veut dire mais, vous l’avez remarqué, c’est à la mode. Seulement voilà le décret, modifié pour être en accord avec Bruxelles n’est pas limpide et donne lieu à diverses interprétations quand aux dérogations.
Et alors, troisième découverte, la transposition des directives européennes est l’occasion de finasserie rendant les lois résultantes plus ou moins claires et plus ou moins applicables. Il semble que la France excelle dans ce domaine. En effet les lois transposées relèvent plus de l’acrobatie que du droit. Il faut permettre tout en interdisant, encourager tout en freinant et surtout annoncer, à grand renfort de pub, des lois qui seront finalement peu applicables. D’ailleurs, chez nous, le taux d’application des lois est inférieur à 50 %, un peu comme les votants.
Michel Costadau
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