Est-ce que nous sommes vraiment sortis du Moyen Âge ou plutôt est ce que nous ne sommes pas en train d’y revenir ? Je parle de l’Europe bien sûr.
Pour ceux qui ont regardé ça, le Moyen Âge a démarré avec le déclin de l’Empire romain d’occident qui, faute d’énergie, a cessé de contrôler le monde méditerranéen, la « Mare nostrum », laissant s’installer des royaumes barbares et de nombreuses baronnies. Tous ces fiefs se livrant une guerre continuelle entre petits chefs pendant 1000 ans.
C’est aussi ce qui se passe maintenant avec le déclin de l’empire américain qui ne cherche plus à assurer, par la force, la paix dans le monde mais seulement à profiter de sa puissance pour défendre ses propres intérêts, assez souvent sales il faut le dire. C’est du repli sur soi. Et c’est la même chose pour une Europe qui se résigne à un bastion social sécuritaire sans la moindre perspective, à part de mourir vieux, malade et sans enfants.
Et si nous continuons la comparaison, on voit qu’en termes d’invasions nous sommes assez bien servis, depuis l’envahissante idéologie libérale, en passant par les produits de la Chine et de l’Asie ainsi qu’avec une forte immigration de toutes les couleurs. En termes de déliquescence des Etats, ce n’est pas mal non plus, à commencer par l’impossibilité de faire la moindre rupture environnementale, le continuel dictat des barons de l’économie, la panique devant les épidémies et les coffres-forts matériels et juridiques pour protéger les riches.
En plus je n’ai pas besoin d’insister sur les religions, tellement il saute aux yeux que de Notre Dame à Aya Sofia en passant par les évangélistes c’est tradition et régression à tous les étages. Et domination des plus faibles.
De nos jours, comme au Moyen Âge, les hiérarchies sont à leur maximum. Clairement les grands seigneurs, les féodaux de notre époque, sont les entreprises qui se battent entre elles tout en consolidant leurs places fortes. L’OPA a remplacé le siège mais le but et les résultats sont les mêmes. Et ces combats n’ont souvent ni vainqueurs ni vaincus, à part les ouvriers soldats laissés sur le carreau. Et, comme au Moyen Âge, on peut même parler d’un état général de guerre entre pays, entre entreprises, entre régions, chacun voulant avoir choisi la meilleure solution, la meilleure invention, la meilleure mesure, alors que rien ni personne ne respecte le moindre règlement qui permettrait d’arbitrer et de valider des fonctionnements efficaces ayant suffisamment fait leurs preuves.
Quant au servage, ne me dites pas qu’il n’existe plus car non seulement il est très répandu, mais il s’est considérablement renforcé au point de vendre le personnel avec les murs lors de cessions ou de conquêtes. Il n’est pas rare non plus qu’en cas de problèmes seigneuriaux les serfs soient expulsés du château et jetés sur les routes, attendant, quelquefois en vain, une aide royale aujourd’hui appelée étatique mais toujours aussi maigre et aléatoire.
Et pour les Croisades, il me semble que les guerres d’Irak, d’Afghanistan, de Syrie ressemblent fort à ces raids croisés destinés autant à contrer l’islam qu’à enrichir leurs organisateurs. Que l’on brandisse la croix ou le baril ne change pas grand-chose. C’est le pillage qui est la règle.
Depuis 500 ans nous avons connu la Renaissance, la révolution puis l’industrialisation. C’est quoi la prochaine étape ?
Michel Costadau
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