C’est le tempo qui n’est pas évident. Nous avons d’un côté la fin de parcours du monde capitaliste et d’un autre une grande incertitude sur la rapidité de cette chute.
En effet si cet effondrement est très lent, disons de l’ordre d’une centaine d’année, il ne faut surtout pas se précipiter sur de nouveaux comportements puisque le risque d’être en décalage avec le reste de la population est alors très grand. C’est, d’ailleurs, exactement ce qui m’arrive avec des écrits et des réactions qui provoquent plutôt de l’incompréhension. Un bon exemple en est fourni par mon analyse sur la taille beaucoup trop grande des pays actuels qui vont être amenés à se déliter petit à petit.
Presque personne n’a le sentiment que les pays sont trop grands. Au contraire beaucoup ont l’impression que plus un pays est grand et peuplé plus il est fort et en mesure de se débrouiller mieux que les autres. Mais en l’occurrence fort veut uniquement dire militairement, car ce n’est en rien favorable à la population pour laquelle les inégalités augmentent singulièrement avec la taille. Il est d’ailleurs clair actuellement que la taille conduit à la dictature « éclairée ou pas ». En effet le nombre crée l’obligation de la contrainte, car la croissance rend de plus en plus possible la contestation des lois, soit par régionalisme, soit par communautarisme, soit par indépendantisme, soit tout simplement par idéologie. Plus les pays sont grands et plus la taille critique de la contestation est facile à atteindre. D’où la nécessaire répression.
Du coup les lois ne sont plus des moyens de protection de la population, mais deviennent des instruments de conditionnement pour éviter les déviances, les situations particulières et couper tout ce qui dépasse. Les Ouighours chinois ne sont pas plus mal traités que les Bretons ou les Catalans. C’est la même normalisation. C’est du nivellement pour empêcher toutes les désobéissances et ce nivellement est de nature dictatoriale.
Bon, mais au contraire si cet effondrement est rapide ou, si vous préférez, si les évènements se précipitent : chômage, inflation, pollution, réchauffement, bulles financières, virus, chômage, il devient alors important d’adopter de nouveaux comportements et de le dire. La base de ces comportements est le regroupement. Ne plus être seul face au système. Depuis 100 ans la finance nous a isolés pour faire de nous des consommateurs sans défense.
Le regroupement a, bien sûr, un aspect psychologique pour pouvoir enrichir les idées des uns et des autres, mais aussi un aspect constructif pour préparer la survie. On le voit déjà, beaucoup d’essais ont lieu en ce moment pour l’alimentation, le logement, et d’une manière générale tout ce qui n’est pas déclaré. Il me semble que les regroupements doivent contenir une grande diversité. Des gens de la ville et des gens de la campagne, des intellectuels et des manuels, des hommes et des femmes, des riches et des pauvres, des doués et des pas doués, non pas pour recréer une mini-société inégalitaire mais pour avoir un maximum d’enrichissement des uns par les autres. C’est exactement ce dont le capitalisme nous a privés depuis sa création en ne favorisant que le regroupement des mêmes, les ouvriers avec les ouvriers, les riches avec les riches, les magasins avec les magasins et tout le monde sur les routes au même moment.
Ces regroupements sont de la forme réseaux et non communautés de vie. Pas besoin de vivre ensemble pour échanger, avoir des activités convergentes ou être solidaires. En ce moment le tempo est plutôt là-dessus, mais le capitalisme est loin d’avoir dit son dernier mot.
Et ce balancement fait une espèce de danse.
Michel Costadau
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