Incompréhensible, imprévisible, contradictoire, sanglante, incohérente, c’est ainsi qu’est perçue la politique US depuis quatre années. Et c’est comme ça qu’elle est, car c’est une tactique dûment élaborée et non le seul fait du prince. C’est même très efficace puisque l’imprévisibilité et le jeu avec les contradictions mettent adversaires ou partenaires dans le vent. Cette attitude empêche tous les autres pays de préparer des accords, des mesures, des propositions. Elle donne aux US toujours un coup d’avance puisque personne ne peut les prévoir. Et donc il en résulte que les US font presque ce qu’ils veulent, où ils veulent, quand ils veulent.
Notons que c’est exactement le contraire chez nous. La stratégie US fait apparaître crûment la complète paralysie de notre pays et de toute l’Europe et éclaire du même coup la volonté britannique de reprendre sa liberté, de se libérer des dix étages de contraintes et de contrôles que chaque pays et l’Europe ont mis en place.
Si encore la tutelle européenne était démocratique, c’est-à-dire populaire, ça aurait un peu de sens. Mais il s’agit, bien au contraire d’une mainmise maffieuse des financiers sur nos institutions qui prive les politiques de toutes différentiations : il n’y a pas d’écologistes, de socialistes, de droite ou de gauche, d’extrême ou de centre, il y a seulement : tous au service du capital. Les politiques jouent sur le décor pas dans la pièce.
Revenons aux US, je n’aime pas beaucoup commenter l’actualité parce que je préfère que l’actualité alimente ma réflexion et me permette d’améliorer, corriger, enrichir mes descriptions, analyses et jugements sur notre monde. Mais là, il y a un déclic qui s’est fait avec le comportement du président US. Certes ce n’est pas un scoop mais il est clair qu’il ne sera pas réélu. La question est : comment Trump a-t-il fait pour tomber dans les sondages ?
Non ce n’est pas la gestion du virus qui a péché. Non ce n’est pas le pétrole ou le gaz qui ont ratés. Les Américains ont plutôt apprécié l’esprit d’indépendance et de liberté de Trump. Non, ce qui n’a pas marché, c’est qu’il a perdu la guerre contre la Chine. Guerre politique et économique, mais guerre.
Dès le début Trump a focalisé son action sur les méfaits chinois. Il a même entrepris une opération de rapatriement de production qui, en fait, a surtout concerné le Mexique, parce que la Chine n’est plus tout à fait l’atelier du monde. Certes les chinois ont encore un peu de retard dans l’aéronautique ou les composants électroniques, mais ils sous-traitent eux même une grande partie de leur production. Et surtout ils ont un sens de la collectivité imbattable. Les US ne sont que la juxtaposition de millions de personnes sans rien partager ensemble à part la division en communautés antagonistes.
Le comportement de Trump consistant à taper sur tout ce qui bouge a démobilisé l’opinion américaine. De vouloir faire de la Chine un bouc émissaire a profité à l’Asie qui tire plus que jamais la technologie mondiale. À vouloir faire l’« America great again », il a seulement obtenu l’ « América lonesome country ».
Dans le commerce international règne le même esprit que dans les familles, c’est-à-dire un ensemble d’attirances et de répulsions sur un fond de coups bas et de coopérations. Au final personne ne peut avoir raison.
Et Trump a eu tort de croire qu’il avait raison.
Michel Costadau
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