Les croyances ont, hélas, toujours le vent en poupe. Mais le fin du fin aujourd’hui est plutôt le faire croire. L’illusion. Et il y a pour cela tout un tas de techniques assez élaborées inspirées du marketing.
Par exemple : faire croire que les animaux proposés à la consommation sont indemnes des épidémies, virus, grippes, maladies diverses qui adviennent régulièrement. La méthode est simple : en cas d’épidémie, médiatisation de l’abattage des troupeaux soi-disant contaminés, avec incinération des cadavres. Il convient-là de juxtaposer les images de bennes pleines de bêtes gonflées avec la détresse de l’éleveur qui ne comprend rien. Bien sûr ne pas parler de l’indemnité indécente qui lui est allouée. Le dernier épisode dans toutes les mémoires est celui dit de la vache folle. Un grand nombre de bêtes en excellente santé ont, ainsi, été éliminées juste pour ancrer chez le consommateur l’idée de l’éradication. C’est une sorte d’exécution sanitaire. C’était d’ailleurs déjà une épidémie mettant en cause les barrières entre espèces, en l’occurrence les poissons et les mammifères. Pour les grippes aviaires ou porcines, voire la tuberculose bovine, une illusion supplémentaire s’est développée, à savoir la responsabilisation de la faune sauvage. Cela permet d’étaler médiatiquement des tas de protections à base de barrières, de toitures et d’électrification double sens. Evidemment les élevages en plein air sont momentanément interdits même si le label ne change pas.
Bel exercice d’illusionnisme, aussi, est le fonctionnement des politiques par rapport au virus. Là il s’agit de faire croire que le gouvernement gère très bien l’épidémie. Clairement si c’étaient des gens qui voulaient notre bien, tous les ministres devraient être à Pékin pour apprendre les méthodes qui ont réussi à limiter les victimes. Au moins pour comprendre, adapter et améliorer. Mais le pouvoir ne veut pas du tout notre bien, il veut seulement être réélu. Alors la technique est, là aussi, simple, il suffit de prendre des mesures, n’importe lesquelles mais des mesures, et plus elles sont pénibles plus l’idée qu’elles sont nécessaires leur est associée. C’est la vieille antienne catho : souffrir pour gagner le paradis, souffrir pour être belle, souffrir pour sauver la patrie. On a déjà beaucoup donné mais apparemment ils en veulent encore. Les personnes âgées souffrent, mais c’est pour notre bien, les restaurateurs, les écoliers, les commerçants, les enfants de la balle, les avionneurs souffrent, mais c’est pour notre bien. Le pouvoir est donc tout le temps en train de prendre, modifier, enlever, ajouter des mesures, car il ne faut surtout pas laisser croire que l’on ne fait rien. A cela il faut ajouter la sauce de l’efficacité des mesures, et ce n’est pas trop difficile puisqu’il suffit de choisir le bon paramètre, quitte à l’inventer. Enfin il faut faire croire que les victimes sont dues au non respect des mesures par la population. Au final c’est notre faute, les mesures sont excellentes mais les gens ne les appliquent pas. C’est une sorte d’auto-bénédiction.
Dans le même genre, mais plus rigolo, on a : faire croire que votre argent à la banque est bien protégé, et que votre compte en banque est à l’abri des bandits. Bon, déjà il est clair que votre argent n’est pas dans la banque. Votre argent c’est une ligne dans un fichier. L’accès à cette ligne est facile pour le banquier qui le consulte plusieurs fois par jour et pour tous ceux qui manipulent ces fichiers avec ou sans bonnes intentions. Mais pour faire croire que cet accès est protégé, ils ont inventé pour nous des mots de passe abracadabrants. La dernière mode est de devoir le changer régulièrement, ce qui revient à ne pas s’en souvenir et donc à l’écrire quelque part, ce qui est le contraire du but recherché. Il y a aussi, l’interdiction de prendre les deux derniers codes utilisés. Heureusement cela se contourne aisément en changeant instantanément le code deux fois de suite afin de revenir toujours au même ce qui est plus facile et n’est pas détecté par le logiciel de soi-disant protection. J’adore les mots de passe à 12 caractères minimum dont majuscules, minuscules, chiffres, signes de ponctuation, signes spéciaux, chiffres non consécutifs. Il y a aussi ce qu’ils appellent l’authentification forte c’est-à-dire que d’un seul coup ils vous demandent de saisir un code qu’ils viennent de vous envoyer sur le mobile. Le temps de descendre à la salle à manger prendre le téléphone sur la fenêtre, sortir pour essayer d’avoir un peu de réseau, attendre que ça connecte si ça le fait, recevoir le sms, remonter pour saisir dans la petite fenêtre, on voit apparaître transaction impossible time over.
Et tout ça c’est rien que pour nous embêter. Mais, ça, ils savent très bien le faire.
Michel Costadau
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