Bon c’est pas nouveau, vous le savez par cœur : notre société est sous le contrôle de la finance qui a acheté la classe politique et les médias. Mais la finance c’est complètement anonyme. On connaît quelques noms pour amuser la galerie mais la majorité agit dans l’ombre et se cache plutôt de la foule. Il est quasiment impossible de lutter contre eux puisqu’ils verrouillent le système. Ils ont le pouvoir : l’argent, et le moyen de le conserver : les élections. C’est comme si vous vouliez gagner au bowling avec des balles de ping-pong. On comprend facilement que devenir calife ne peut se faire qu’en entrant complètement dans leurs pratiques et n’être plus qu’un des leurs, contrit peut-être mais pourri à coup sûr. Il est clair que se targuer de ses seules idées, aussi excellentes soient-elles, pour renverser la machine, c’est pot de fer contre pot de terre, ce qui veut bien dire que le problème n’est pas d’hier.
Les médias, par contre, on les connaît presque tous mais il ne suffit pas de lancer un journal ou une télé réfractaire pour qu’il soit lu ou qu’elle soit vue. Si vous parlez de la misère du salariat ou des lacunes de la justice, vous aurez moins d’audience que le type, que personne ne connaîtra jamais, qui a gagné au loto. C’est juste un constat.
Tout ça pour dire que cette situation dictatoriale, complètement subie, fait de nous tous des collabos. J’aime bien ce mot car il a encore une mauvaise connotation et l’avantage de recouvrir un amalgame assez hétéroclite de gens qui collaborent plus ou moins efficacement avec le pouvoir. Alors ceux qui se prônent indemnes du système, du genre écolo, bio, équitable, zen ou neutre sont des illusionnistes hypocrites et dangereux de surcroît car le refus de la réalité n’a jamais fait avancer une cause. Et c’est à eux qu’ils mentent d’abord par faiblesse en général, bien qu’il y en ait qui le fassent en toute connaissance de cause. Ceux-là sont de vrais traitres.
Alors il y a les collabos actifs de première ligne, indécrottables, de père en fils, pas tous fascistes mais qui finissent par le devenir : c’est la police. Dans la même catégorie on trouve les centres de recherche sur les armes, les virus, les génomes et certains algorithmes : ça fait quand même un bon nombre de concepteurs ou d’administrateurs coupables. Et toujours dans cette catégorie il y a bien sûr tous ceux qui fabriquent l’information vaccinée politiquement et la diffusent sans vergogne avec des images en couleur. Tous ceux-là n’ont pas d’excuses, ils nous font mal sciemment et camouflent leurs actes avec la bénédiction de la caste : maintien de l’ordre, progrès scientifique, faire la part des choses, défense des travailleurs, discipline républicaine et autres calembredaines.
Mais il y a aussi des collabos de deuxième ligne, le back-office si vous préférez. Ce sont les réconciliateurs avec le système, genre psychanalystes, sectes, religions en général, ONG et certains philosophes vendus qui récupèrent le mal être des gens pour les ramener dans le droit chemin du système. Ceux-là sont moins violents que la première ligne mais ils sont plus pernicieux, hypocrites et en général subventionnés.
Il y a aussi les collabos conjoncturels qui font un écart momentané en écrasant les autres pour monter, pour réussir, pour arriver souvent le premier au cimetière, ce qui ne les excuse pas du tout. Par exemple on trouve là les personnes qu’on a dit être à risques, les vieux qui ont regardé d’un mauvais œil ceux qui n’ont pas de masques et qui dénoncent les petites fêtes musicales de leurs voisins par méchanceté, par peur. Ceux-là se font peur à eux-mêmes et sont scotchés devant les écrans en espérant que pleuvent les restrictions, les amendes, les privations de liberté, eux qui n’ont jamais été libres mais seulement lâches et soumis.
Et, vous vous demandez à juste titre où est ce que vous êtes dans tout cela. Eh bien si vous ne rentrez dans aucune des catégories précédentes vous êtes tout simplement des collabos passifs. Ca ne me plait pas beaucoup, ce n’est pas glorieux et c’est même difficile à supporter mais c’est comme ça.
Michel Costadau
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