Le règlement de Dublin sur le droit d’asile européen est l’exemple même de l’effet contre-productif d’une initiative politique, c’est-à-dire d’une mesure prise dans un but donné et dont le résultat a l’effet inverse du but recherché. En l’occurrence le but était que chaque émigré ait un dossier et un seul en Europe. Il a donc été convenu que c’est le pays dans lequel ils arrivaient qui établissait leur dossier. Mais sans obligation de la part de ce pays de les accepter et sans tenir compte du pays cible du demandeur. Le résultat a été que le nombre de clandestin a explosé, les émigrés cherchant à se faire enregistrer dans le pays cible, en général le RU et l’Allemagne et non dans celui d’arrivée, en général l’Italie ou la Grèce.
Tout ça pour dire que, partis il y a très longtemps des montagnes du centre de l’Afrique, les petits groupes d’hommes lancés à la conquête de la planète en ont maintenant largement fait le tour et sont logés dans 196 États.
La migration libre a été le mode de fonctionnement des hommes pendant quelques millions d’années. Ce type de migration de peuplement s’est bien ralenti avec l’avènement des empires il y a presque 10 000 ans mais s’est continué doucement jusqu’à il n’y a pas très longtemps, avec la colonisation et l’envahissement de tous les continents.
Et pourtant il y a toujours des migrants me direz-vous. Oui, mais comme tous les endroits de la terre sont maintenant occupés, les migrations actuelles sont exclusivement économiques, politiques ou climatiques.
Il subsiste cependant encore des survivances de cette longue conquête et de l’installation de groupes humains ou tribus sur un territoire ou pays. Et même certains États sont encore aux mains d’une seule tribu qui n’a pas encore compris que la terre appartient à tous les hommes et pas seulement aux conquérants.
La notion de régions attribuées, par on ne sait quel ordre divin, à un groupe humain n’existe pas. C’est une pure invention d’envahisseurs qui n’hésitent pas à déloger les primo-occupants, quitte à se faire déloger eux-mêmes par de nouveaux arrivants et ainsi de suite.
La conquête de territoires vides qui était vraie il y a très longtemps, quand il y avait bien peu d’hommes sur terre n’est plus possible et n’a plus de sens. C’est pour cela que certains s’intéressent à la Lune ou à Mars, mais pas avec de bons sentiments, hélas.
Il est quand même étrange qu’après des milliers d’années de vie entre eux, les hommes, n’aient pas fait émerger un modus vivendi basé sur la notion de bien commun, de respect et de partage. Aujourd‘hui, et peut-être encore plus qu’hier, les hommes ne se respectent pas entre eux. Ils ne se sentent aucune fraternité avec leurs semblables. En tous cas ça ne transparaît pas dans leurs comportements.
Il faut dire qu’il n’y a pas grand monde qui essaie de mettre en musique ces notions élémentaires. Personne n’œuvre dans le sens de la cohabitation et de l’entente, mais plutôt de la domination et de l’extermination. Il faut dire que c’est beaucoup plus facile : la guerre est la solution des faibles et des courtes vues. Les philosophes pourraient, devraient être là pour enseigner l’égalité de tous et donner à l’humanité son mode de fonctionnement. Mais ils ont disparu. Et du coup c’est nous qui risquons de disparaître.
Michel Costadau
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