Les mouvements lents sont évidemment bien plus difficiles à percevoir que les cataclysmes. C’est vrai pour le réchauffement qui monte tout doucement ou pour la pollution qui est loin d’être partout sensible. La vie politique n’échappe pas à cette règle mais, heureusement, il y en a qui suivent et essaient de détecter les petites et continuelles dérives. Et il y en a une, d’évolution, qui est assez sournoise, c’est la respectabilité des élus.
Autant, à l’époque de la république romaine, il était fréquent d’aller chercher un inconnu particulièrement intègre pour gouverner, autant nous avons de nos jours l’immunité accordée à tous les élus nationaux. C’est une mesure particulièrement contreproductive puisque au lieu d’encourager les édiles à être irréprochables, elle protège leurs méfaits, passés, présents et avenir.
A tel point qu’aujourd’hui il ne viendrait à l’idée de personne de dire qu’il n’y a pas quelques magouilles derrière chaque élection et donc une ombre sur tous les élus.
Cette idée de protéger les élus des plaintes dont ils pourraient faire l’objet est une idée …… des élus. Aucun citoyen n’a jamais demandé une telle mesure mais quand on a le pouvoir de faire des lois, pourquoi se priver.
En fait, l’attente naturelle des citoyens est d’avoir des représentants d’une irréprochable probité, intègre et faisant leur travail avec zèle et application. Cela a d’ailleurs été vrai dans les premières républiques et à certaines époques. De nos jours, il est clair que pour défendre les citoyens, car c’est leur rôle, les élus devraient être indemnes de toute collusion avec les affaires, n’avoir aucun lien avec quelque lobby que ce soit et ne pas placer à tous les postes leurs copains, voire leur famille, et réciproquement. Alors comment encourager et obtenir cela.
Il n’y a pas trente six solutions : il faut punir ceux qui ne respectent pas cette règle. Il convient donc de supprimer toute immunité électorale. Ainsi peuvent être éliminés de la vie politique les bandits et laissés aux manettes ceux qui respectent les règles. Au lieu de cela nous avons le contraire, c’est-à-dire que ceux qui manquent de probité ne peuvent être attaqués et donc sanctionnés car protégés par leur immunité. Nous acceptons donc d’être gouverné par des bandits qui ne risquent rien et sont même encouragés à continuer leurs agissements.
Bien sûr, les entreprises nous ont habitués à ce que des bandits fassent du bon travail pour les actionnaires. Mais le monde de l’entreprise n’est pas celui de la politique. Ou plutôt ne devrait pas, car aujourd‘hui ce sont les mêmes partout. Il y a un gros problème.
Et récemment l’opinion a trouvé une parade à cette situation abusive, c’est la divulgation sur les réseaux. Evidemment ces contre-infos ne sont pas passées par le filtre de la justice et comportent donc des jugements abrupts plus moraux que légaux.
Du coup nous voilà avec des politiques entourés de rumeurs et d’insinuations. Bigre, mais de leur côté cette manière de dénoncer leurs errements leur a bien sûr donné des boutons et pour contrer cette justice de la rue ils ont inventé le ..… complotisme. Eh oui.
Tout ce qui ne reprend pas la version du pouvoir est qualifié de fausse nouvelle. Et le pouvoir ne risque rien derrière son rempart d’immunité, alors que celui qui dénonce a droit aux fourches caudines. C’est pas juste.
Michel Costadau
Comments are closed.