– Mais quel est donc ce bruit que l’on entend dehors ?
– Ce sont, Sire, les corps de vos morts que l’on jette dans l’eau du port,
– Quoi, quand, comment mais pourquoi ont-ils calanché ?
– Vous le savez, Sire, nous n’avons pas de vaccin, alors ils sont tombés,
– Vous vous moquez mon ami, cela n’est point possible,
– Sire vous avez fermé les lieux de société en demandant qu’ils soient indemnisés,
– Peut être, peut être mais ceci n’explique pas cela,
– Si si si Sire, car pour subventionner les tavernes vous avez arrêté tous les frais de recherche,
– Qu’à cela ne tienne, nos laboratoires sont à la pointe et notre savoir excellent,
– Certes, mais à force de ne pas chercher, nos chercheurs n’ont pas trouvé,
– Ne pas chercher, mais c’est complètement idiot, qui a eu cette idée là ?
– Sire vous l’avez décidé et nous l’avons fait,
– Bon, bon, mais alors comment avez-vous pu protéger nos gens ?
– Nous les avons, Sire, enfermés derrière nos murailles,
– Très bien, là au moins ils ne risquent rien,
– Exactement Sire, à part de mourir ils ne risquent rien de grave,
– C’est déjà ça, mais dites moi il faut bien être un peu bêta pour tomber malade,
– Assurément Sire vous-même l’avez attrapé, souvenez vous,
– Point ne m’en souviens maudit, mais je n’en suis pas mort,
– C’est que les autres n’ont pas reçu vos soins Sire, ainsi qu’il est d’usage,
– Diantre oui pourquoi donner des soins à qui n’est pas malade,
– Bien sûr, Sire, mais un de nos adages peut nous servir de guide,
– Aucun adage ne saurait m’échapper et que dit donc cette docte maxime ?
– Qu’il vaut mieux prévenir que guérir, Sire, surtout quand on n’a rien pour soigner,
– Où allez vous chercher tout ça, vous me donnez mal à la tête,
– Cela va passer, vous êtes presque jeune, Sire, malgré les apparences,
– En fait de jeunesse, est-ce que nos escholiers sont bien dans leurs études,
– Oui Sire, ils regardent les images que nous leurs avons données,
– Des images pieuses, excellente idée mon bon,
– Non, Sire, les images de leurs professeurs car les universités sont interdites aux estudiants,
– Mais que peuvent-ils bien faire des images de leurs professeurs ?
– Oh Sire, ils imaginent l’enseignant en train de faire son cours,
– Ah l’imagination quel bienfait, ainsi l’image leur suffit, palsambleu c’est parfait
– Oui Sire, ils sont ravis de ne rien faire car vous leur avez aussi interdit les sorties,
– Eh eh je vois que tout va bien et sachez que je m’en réjouis, cela me donne une idée,
– Nous vous écoutons Sire et vous demandons surtout de ne pas trop vous fatiguer,
– Qu’est-ce là, triple buse n’est il pas de mon rôle de m’occuper de mes sujets ?
– Mais tout à fait, Sire, bien que nous redoutions parfois les idées qui vous viennent,
– Or donc, mécréants, vous ne me demandez pas à quoi je pense justement,
– Point n’osons, Sire, le ciel nous est si souvent tombé sur la tête que nous craignons,
– Eh bien je pense que l’on pourrait donner à nos gens une image de moi,
– Bien Sire, cela sera fait, votre Majesté trônera alors dans tous les foyers,
– Ainsi nos gens pourront imaginer à loisir tout ce que j’ai à leur dire,
– Il me semble, Sire, que vous vous exprimez déjà pas mal,
– Ma parole est sans limite et ne fait jamais de vaines promesses,
– Oui c’est vrai, Sire, tous vos discours sont un peu flous et assez vagues,
– N’allez vous pas trop loin cher ami, je vous trouve un tantinet impertinent,
– Pas besoin d’aller loin, Sire, vous êtes un peu partout,
– Ah mais enfin qui êtes-vous donc pour vous permettre cela ?
– Sire nous sommes le peuple et avons deux mots à vous dire, ou plutôt un : M…..
Michel Costadau
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