Je me redresse dans mon lit. Non on ne frappe pas à la porte, d’ailleurs elle est toujours ouverte. Il y a quelqu’un qui fait du bruit avec des tables, des sièges. Pas trop fier, ni éveillé, je me lève et je trouve Timor en train d’ouvrir et de fermer des placards.
-Ah excuse moi, je t’ai réveillé, je voulais pas,
-Ben t’es pas particulièrement silencieux, tu le fais exprès ou quoi,
-Non je rentre me coucher c’est tout, je suis désolé voilà,
-Attends tu me réveilles à minuit juste pour le fun ou quoi,
-Si j’ai fait un peu de bruit c’est que je connais pas trop la maison,
-Ouais tu la connais aussi bien que moi, depuis que tu viens,
-Eh dis, je voulais te demander ce que t’as pensé de la soirée,
-Ah voilà on y est, ça peut pas attendre demain ce truc ?
-Non juste pour savoir, moi j’ai trouvé le musicien super non ?
-C’est pas plutôt la soeur du musicien que t’as trouvée bien,
-Oh non tu sais je l’ai à peine remarquée, elle était là ?
-Ecoute je crois que c’est grave donc on verra ça demain,
-C’est vrai que j’ai envie de parler, je sais pas à quoi ça tient,
-Moi je le sais et toi c’est pas sûr. Bien le bonsoir camarade.
Je retourne dans ma chambre en espérant que Timor va aller dans la sienne. Tu parles, je l’entends qui sifflote en allant vers la cuisine se servir à boire. Me v’là avec un souci de plus parce que je parie qu’il ne va pas rentrer chez lui demain qui est devenu tout à l’heure, mais vouloir rester quelques jours de plus. Bon je vais quand même pas lui balancer un seau d’eau froide sur la tête, mais franchement il me semble qu’il est bien atteint.
***
C’est l’absence de bruits dans la maison qui me réveille. Ça fait comme un jour normal juste avant que ne remontent dans ma tête la soirée et la nuit d’hier. Je vais voir si Timor dort toujours ; bien sûr il est là, en train de faire de beaux rêves je parie. Je déjeune sans bruit puis je sors avec l’idée de réparer la palissade. Je récupère une planchette dans le garage, un marteau et des clous et je fixe les deux planches cassées avec celle que j’ai amenée. Ça tient, oh c’est pas très solide mais ma demi- palissade est globalement en état moyen, je ne vais donc pas mettre plus d’effort sur un coin que sur un autre. Je rentre pour organiser mon voyage à Grenoble.
Compte tenu de l’horaire 8-10 il me faut arriver la veille. Ca fait donc taxi, avion, taxi, hôtel-resto, nuit, taxi, livraison, resto, taxi, avion, taxi. Je garde toutes les notes de frais et pour chaque livraison je reçois le double de toutes mes dépenses. Évidemment une livraison dans Paris ce n’est que du taxi, mais en province ça commence à douiller.
Je passe les coups de fil nécessaires et l’internet qui va bien, car n’ayant pas de carte de crédit je suis obligé de tout négocier en liquide. La seule chose compliquée c’est l’avion. À vrai dire ça se passe assez bien puisqu’il me suffit de déposer une somme convenue dans une banque proche de chez moi pour qu’ils soient contents et même très contents. Tout cela a donné à Timor le temps de se réveiller. En prenant son café il m’annonce qu’il ne repart pas aujourd’hui car il a une promenade prévue avec Sazak, ce qui ne me surprend pas et me fait même assez plaisir, car la bonne santé de mes copains me tient à cœur. En préparant le déjeuner je regarde le jardinet par la fenêtre et qu’est-ce que je vois ?
Michel Costadau
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