C’est sans surprise, bien que je me rende compte ne pas y avoir pensé avant, qu’elle me dit que pour les femmes gérer son image fait partie du quotidien et qu’il a même été inventé la mode. D’ailleurs pour elle la mode n’est pas vraiment une contrainte auquel il faut se conformer mais une petite aide à choisir son look ou surtout à l’éviter.
Elle veut bien penser que c’est un peu pareil pour les hommes mais elle ne comprend pas comment peut marcher la mode homme puisque bien peu la regarde. Je lui confirme qu’en ce qui me concerne, non seulement je ne m’en occupe pas mais je ne saisis même pas très bien de quoi il s’agit. Je ne vois jamais d’homme, même jeune, portant les tenues que l’on voit dans les défilés ni même dans les publicités. Par contre il peut arriver de voir des photos d’actrices, par exemple, ressemblant un peu aux modèles présentés par les couturiers, dits grands couturiers je ne sais pas par quel abus de langage.
Nous nous asseyons sur un banc et profitons du calme du parc pendant un moment sans parler. Je me demande pourquoi je trouve la mère de Bulan si surprenante. Bon elle a plus d’expérience de la vie que moi c’est sûr, mais c’est surtout la simplicité de ses propos qui me fascine un peu. J’ai l’impression qu’elle a comme un réservoir intérieur de richesse qu’elle fait descendre petit à petit dans chacun de ses propos. Elle semble ne faire que répondre à des questions sans y ajouter ses croyances ou ses convictions et pourtant elle donne des avis qui passent très bien sans heurts. Je me demande comment elle fait pour rester dans le factuel tout en distillant ses idées.
Nous rentrons lentement chez elle où je la dépose avant de passer chez moi.
Il me reste deux heures pour faire deux de mes livraisons dans Paris. La première se passe bien mais pour la seconde il doit y avoir une erreur d’adresse car je ne trouve personne portant le nom que je cherche. C’est quand même un cas assez favorable puisque visiblement personne n’attendait, à cette adresse là, la moindre livraison. Néanmoins j’ai un petit souci car d’une part quelqu’un n’a pas reçu ce qu’il attendait et d’autre part j’ai un colis qu’il va falloir rendre ce qui est toujours assez paperassier avec mes commanditaires.
Je ne pose pas plus de questions qu’il ne faut, car quand je n’ai aucun pouvoir sur un problème je m’en dégage complètement, sans chercher le moins du monde à le résoudre. C’est particulièrement vrai pour certains aspects environnementaux. Je ne peux strictement rien sur la qualité des carburants que j’achète, je ne me fais donc aucun nœuds au cerveau sur la pollution qui peut résulter de mes déplacements. Dans mon cas présent il serait vain par exemple de retourner à l’adresse indiquée ou de voir des adresses proches. Le problème m’est complètement étranger donc pas d’énergie à perdre.
Je dine paisiblement en ma demandant si je vais accueillir mon type de demain matin en lui parlant de la mode femme ou autrement. A vrai dire c’est plutôt lui qui a des choses à me dire que moi, donc zen pas de vague, consacre tes neurones à autre chose.
Après diner, j’arrive à trouver facilement un sommeil paisible.
***
Je me réveille spontanément un peu plus tôt pour avoir le temps de faire tranquillement mes activités matinales avant d’accueillir mon visiteur. D’abord une tasse chaude de café soluble en lisant un journal parfois ancien, suivi d’un passage aux toilettes, mise en charge du mobile, puis petit tour de champs jusqu’au hangar, retour par le jardin pour voir ce qu’il y a lieu de faire. Ensuite séquence ordinateur pour les messages et leurs réponses, visite des sites que je vois régulièrement, en fait seulement 2 ou 3, y compris en ce moment les statistiques du virus. A nouveau un petit café en poudre et enfin ablutions réglementaires : les dents, les mains, un peu d’eau sur le visage et le cou et assez régulièrement la mousse et le rasoir mécanique.
A 9h10 quelqu’un frappe à la porte.
Michel Costadau
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