La réponse est plutôt non, mais sans unanimité. Les sentiments allant de la résignation jusqu’à celui de liberté en passant par une acceptation avec des compromis, ce qui a ses avantages. Le problème vient des débordements. Il est incompréhensible que les hommes battent ou violent les femmes, rien ne les y oblige à part l’exécution d’ordres donnés par des manipulateurs religieux, militaires ou par leurs voisins.
Finalement cette approche a moins la cote officiellement mais se maintient très bien par inertie et absence d’éducation, en particulier dans les pays développés où la femme n’est ni plus ni moins qu’un objet publicitaire.
Mais d’un autre côté et d’une manière moins archaïque, une partie des hommes pense que les femmes ne sont pas du tout moins fortes mais qu’elles sont malheureuses dans un monde dont le fonctionnement est essentiellement masculin : propriété, violence, guerres, jeu, compétition, jouissance, alcool. Dans ces conditions, il faut s’efforcer de donner du bonheur aux femmes chaque fois qu’on le peut : par des paroles, des attentions, des compliments, des distractions, des cadeaux et tout ce qui leur fait plaisir. C’est un peu la posture du don juan. Cette approche est assez finaude car elle permet aux hommes de profiter assez facilement des bonnes dispositions des femmes, ce qui est le but en fait. Mais incontestablement elles aiment assez les bonnes paroles et les attentions. Cependant beaucoup d’entre elles savent faire la différence entre un homme vraiment attentionné et l’hypocrite en belles manières. Cette façon de faire est quand même assez exigeante pour les hommes car elle demande une certaine aptitude à l’échange et au partage, alors que le fonctionnement masculin est plutôt dans la prédation.
Car fondamentalement les hommes fonctionnent avec cette séquence : je vois, je veux, je prends. Cette trilogie a quelque chose de fascinant parce qu’elle exprime le mécanisme basique du cerveau des hommes. Et on en trouve la marque dans tous les comportements sociaux.
Par exemple le « je vois » contient en filigrane qu’il faut cacher ce qui peut attirer, par exemple les femmes ou l’argent. Là est l’origine des lois religieuses dont les plus récentes sont encore pratiquées dans l’islam ou dans les sectes, mais ont été précédées par des siècles de doctrine chrétienne du même acabit. En gros, ce qui se voit peut susciter un désir de possession et donc mécaniquement il faut le cacher pour extirper le sentiment à sa base. D’où les fonctionnements d’isolement monastiques, le voile des femmes ou les hauts murs pour échapper aux regards. Et ça marche, l’absence de sollicitation laisse l’esprit dans un certain apaisement propice à la réflexion et évite pas mal de violence. Par contre, dans ces conditions, la vue d’une simple cheville peut provoquer des dégâts considérables et pour longtemps.
Quand, pour diverses raisons, la chose a été dévoilée au regard, alors le mécanisme du « je veux » prend le relais. C’est l’irruption du plaisir à venir qui monte à la tête et donne des idées. L’enclenchement est rapide mais la stratégie adoptée peut s’étaler dans le temps voire sur plusieurs années. Cependant la plupart du temps la réaction est immédiate et provoque une parole, un geste ou une initiative. Evidement cela peut prendre des proportions hallucinantes avec complet obscurcissement de l’esprit et irruption d’une idée fixe accompagnée du stress de vouloir sans avoir, du manque.
Et donc à force de vouloir, l’homme passe à l’attaque, au sens propre parce que le « je prends » est associé à la plus grande violence, à la guerre. Le cas de la séduction de la femme du voisin est dans un sens assez anecdotique par rapport aux guerres de conquêtes, de dépossessions, d’éliminations. Oui il y a toujours eu la guerre. De nos jours, la guerre économique a remplacé une grand partie des guerres militaires avec d’ailleurs des dégâts considérables dont on commence seulement à mesurer l’ampleur. Néanmoins le fait de prendre permet d’assouvir sa faim mais très vite se pose le problème de la possession. Vouloir et être sur le point de l’obtenir est certainement le stade le plus jouissif de la démarche, mais avoir ne donne en général qu’une flambée de plaisir vite dissipée. A celui qui vient de capturer de l’argent il en manque encore. Celui qui vient de remporter une bataille pense déjà à la suivante. Bien évidemment il n’y a aucune nouvelle étape après la possession.
Michel Costadau
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