-Les araignées, ben justement ça attrape les mouches mais pas le punaises, c’est trop lourd, ça démolit les toiles, mais les mouches oui ça les embobine comme les égyptiens, c’est donc utile au moins pour ça. Mais les araignées c’est pas beau, c’est vrai qu’il y a des octo-pattes, velues, sombres, avec des yeux exorbités qui ne sont pas très agréables à regarder et provoquent une répulsion spontanée, presque comme les serpents, un peu moins quand même.
-Donc les araignées vous les laissez tranquilles,
-Dans la maison oui en général, mais quand on moissonne un champ de blé ou quand on roule en voiture, on fait un grand massacre d’insectes,
-Ouh là ! vous êtes dans la philosophie indienne des vaches sacrées et du respect de tout ce qui bouge,
-Oui pour les respect, mais l’homme est un animal trop gros pour ne pas faire des dégâts à chaque pas, c’est compliqué à admettre et, surtout, ce n’est pas la peine d’en rajouter,
-Bon d’accord vous être clairement border line mais on peut quand même discuter,
-En fait de discuter, est-ce qu’on ne pourrait pas inviter ce soir votre frère et votre mère pour dîner ici ?
-Pourquoi pas mais à ce moment-là je vais m’occuper du repas,
-C’est sympa de bien vouloir m’aider …. et j’accepte avec plaisir,
Je lui propose donc que nous allions faire des courses. Tout en marchant, nous convenons que nous n’avons pas le temps de préparer un plat comme un jarret de porc en gelée. Du coup, nous esquissons un menu à base de fruits de mer. Nous sommes bien tenté par les saint-jacques mais il n’y a évidement que du congelé alors nous optons pour des moules marinières avec des crevettes grises et des bulots en entrée. Le tout avec une salade verte et une cassolette de riz. Cassolette ça fait mieux que platée mais en fait c’est la même chose.
Maintenant je trouve Taqui assez agréable et je ne reconnais pas pour le moment ce que sa mère m’avait dit sur son égocentrisme, mais bien sûr je n’ai encore rien vu. En passant nous allons dire à Bulan et sa maman que nous les invitons ce soir. Ils acceptent avec plaisir. En rentrant, nous passons sur le trottoir d’en face et Taqui me dit qu’elle voit une petite affichette collée sur la palissade de la maison. Nous traversons la rue et je lis un avis d’alignement avec un nom de société inconnu pour moi et un numéro de service d’urbanisme tout aussi inconnu. Alignement de quoi par rapport à quoi, je me le demande, à moins que ce soit moi qu’ils veulent aligner c’est-à-dire rentrer dans le rang. Déjà si c’est la maison ça sera pas facile mais alors si c’est moi ça va craindre un peu.
A l’intérieur nous trouvons Sazak et Timor en train de boire un café. Je les informe de l’invitation du soir et ils disent pas de problème, qu’est ce qu’on peut faire pour aider. Réponse rien puisque je m’en occupe avec Taqui. Bon dit-elle on va repasser chez maman et revenir ce soir avec eux. Nous mettons les courses au frais et comme nous avons encore un peu de temps, je retourne voir cette affichette sur l’extérieur de la semi-palissade. J’y note un numéro municipal et je me dis qu’il faut que je l’appelle.
Je me décide à appeler tout de suite, pas la peine de créer du suspense inutile. Je tombe sur une suite de chiffres à choisir et j’aboutis sur quelqu’un qui me dit que ce n’est pas la bonne personne mais qu’il va essayer de me transférer. J’aurais du me méfier de ce « essayer » car je me retrouve avec la tonalité occupé qui m’oblige à raccrocher. Bon je verrai cela plus tard, ça commence à me courir sérieusement. Du coup l’heure tourne et Taqui me demande par quoi on commence. Par les oignons à éplucher, couper et faire sauter. On s’y colle sans trop pleurer, enfin Taqui, parce que moi ça me chatouille drôlement.
Michel Costadau
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