Et l’amante n’est pas l’antibiotique de l’amant. D’ailleurs si vous offrez à un homme le choix entre une soirée avec des copains et une nuit avec miss Univers, il choisira toujours les copains, prétextant que la miss, tu comprends, je la connais pas, il faudra lui parler, écouter, être gentil voire galant, tout ça pour un ou deux coups qu’on peut avoir pour rien et quand on veut avec sa femme ou une collègue,
-Est-ce que je dois comprendre que vous avez eu des aventures et été battue,
-Ni l’un ni l’autre, d’abord je n’ai jamais eu de coucherie avec d’autres hommes et ensuite il n’a jamais porté la main sur moi, seulement les yeux. J’ai mis deux ans à comprendre que j’avais un mari qui ne parlait pas et qui ne cherchait pas à s’exprimer à part dans le regard. C’est principalement ce regard qui est devenu cette présence étouffante que j’ai commencé à dire un peu. Bulan était déjà né et j’ai eu tendance à être craintive. Ce n’est pas mon genre, vous le savez, mais quand vous prenez conscience que vous vous êtes imposé des barrières, des frontières juste pour ne pas rencontrer l’hostilité comportementale de votre conjoint, vous découvrez la cage que vous avez construite au fil des jours et dont vous ne savez pas comment sortir. Il n’y a que des fenêtres et pas de porte. J’ai tenu encore plusieurs années, mais repliée sur moi-même et mes enfants, et avec une distanciation croissante avec mon mari qui devient même une figure statufiée qui vous observe et vous juge à chaque instant. Même le réconfort des autres femmes est de peu de bienfait car vous transportez votre cercle fermé avec vous, partout, même la nuit même chez des amis, même à l’hôtel.
-Mais du coup vous avez quand même eu d’autres enfants,
-Oui Sazak et Taqui sont nées dans ces années-là. Vous vous demandez, peut être, comment il a pu se faire, malgré mes sentiments, que mon mari vienne dans mon lit. C’est tout simplement que les hommes vous prennent quand ils en ont envie et que pour une femme mariée c’est impossible de se refuser. Même en demandant le divorce, même en déménageant, même en criant au secours…d’ailleurs à qui demander de l’aide quand l’opinion est établie que les affaires de couples ne regardent personne d’autre que les intéressés. C’est le mantra de base de l’oppression politico- religieuse dans laquelle nous vivons : si les femmes souffrent c’est parce que le monde est cruel, ce n’est pas la faute des hommes. D’ailleurs, comme vous l’avez compris il ne vivait pas avec nous, enfin de moins en moins. C’est comme cela que s’est installée cette présence à la fois absente et pesante,
-Mais ça fait un moment que vous êtes dans le Languedoc,
-Oh oui presque trois dizaines d’années. C’est devenu plus vivable, mais la pression était toujours là et les enfants ont commencé à faire partie du problème. Taqui a toujours contesté cette présence/absence du père mais Sazak beaucoup moins, non pas qu’elle ait eu plus de relations avec son père, mais par manque d’intérêt pourrait-on dire. Par contre elle m’a toujours soutenu sans critiques, car il est certain que mon comportement a certains aspects répréhensibles dans le sens où je me faisais mal à moi-même en entretenant quelques ambiguïtés. Mais ces ambiguïtés m’ont permis de me protéger des autres hommes, car l’espèce est nombreuse, ce qui est toujours difficile vous le savez,
-Il me semble quand même que vous ne mettez pas tous les hommes dans le même sac,
-Non bien sûr d’abord il y a des exceptions et ensuite avec le temps on apprend un peu le mode d’emploi. Je suis effarée et aussi ulcérée de la manière dont les mères livrent leurs enfants en pâture aux hommes, sans la moindre transmission de connaissance, comme si « n’oublie pas ta pilule » tenait lieu de sauf-conduit. L’expérience justement enseigne principalement que les hommes n’ont pas confiance dans les femmes, ce qui est la même chose que de dire qu’elles sont plutôt traitées comme des retardées auxquelles il faut prêter attention. Une position un peu entre les jeunes et les enfants. Cette idée de supériorité vient seulement de l’absence de partage des tâches, vu que les hommes font tout ce qui est important pour eux, choisir le travail, la maison, la femme, les copains, les vacances, le vin et la voiture. Le reste est assez secondaire et peut être confié à n’importe qui. Il est donc de première nécessité que les femmes comprennent que les hommes ne servent à rien et qu’il n’y a aucun intérêt à être leurs esclaves, même avec des récompenses,
-Oui mais pour les enfants par exemple, les hommes ont un rôle à jouer,
Michel Costadau
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