-Et précisément, qui y va ? car c’est dans la cuisine que ça se passe, qui parle ? et peut-on prévoir quelques déroulements possibles ?,
-Sazak reprend la parole en disant que Vienna et notre ami sont de base et qu’ensuite elle voit les hommes, elle et Taqui restant en réserve,
-Il me semble, répond Vienna, que c’est à notre ami de prendre la parole pour commencer car c’est lui qui est devenu l’homme à abattre. Et d’ailleurs, dit-elle en s’adressant à moi, qu’allez-vous dire ?
-Moi, je vais simplement exprimer notre refus de tout ultimatum, ainsi que celui de quitter les lieux. En gros nous n’acquiesçons rien de sa demande et au contraire c’est nous qui lui demandons de disparaitre de nos vies.
-Bon, c’est clair, reprend Vienna. On ne peut pas anticiper quelle sera sa réponse, mais en fonction nous aviserons,
-Quand même, précise Sazak, il y a, en gros, deux cas. Soit il dit ok je m’en vais soit il dit non. Dans le premier cas est-ce que nous le laissons partir sans rien ajouter ou pas,
-Cette possibilité ne me plait pas du tout, clame Taqui, c’est reculer pour mieux sauter et commencer par reculer c’est être sûr qu’à la fin c’est nous qui allons sauter,
-Quand même, reprend Sazak, il y a peu de chances qu’il dise ok, mais comme nous regardons les divers scénarios, il en fait partie. Et dans ce cas nous devons le laisser partir c’est tout,
-Et alors, demande Timor, dans le cas où il ne dit pas ok, il se passe quoi ?
-Là encore, continue Sazak, il y a deux cas. Soit il se jette sur notre ami, soit il ne fait que des menaces orales. Dans ce dernier cas nous devons encore le laisser sortir tranquillement. Par contre s’il se jette sur notre ami, il a perdu car nous lui faisons sa fête,
-Ca se précise donc un peu, reprend Vienna, pour le reste c’est lui, par ses réactions, qui va lever nos interrogations,
-Maintenant quelle heure est-il, demande Sazak,
-Je lui réponds qu’il nous reste un quart d’heure avant de retourner dans la cuisine. Je propose qu’avant de retourner le voir nous allions tous ensemble dehors pour nous mettre en ordre de bataille dehors. Tout le monde est OK,
-Timor lance, en s’adressant à Sazak : tu as dit lui faire sa fête, mais as-tu vu comment vous êtes habillés et surtout chaussés. Tout le monde en pantalon et avec des chaussures qui tiennent aux pieds y comprit les garçons. Vous avez cinq minutes. Moi j’ai mes chaussures de rando, alors je ne bouge pas.
Il y a un petit moment de flottement pendant lequel chacun se demande ce qu’il va garder ou changer sur lui et passe ensuite à l’action vers sa chambre ou son lieu. Je me retrouve un moment seul avec Vienna qui me dit :
-Je regrette beaucoup que vous soyez embarqué dans cette histoire. Elle repose en grande parie sur des démissions successives de ma part, que vous avez aidé à stopper en quelques semaines. Je tenais ainsi à vous dire merci,
-Vous n’avez pas à me remercier ni à vous excuser. J’ai agit en toute connaissance de causes et aussi pour mon amitié avec votre fils, qui s’en trouve renforcée. Ceci dit vous m’avez surpris par la rapidité de votre rétablissement. Il faut croire que vous étiez prête et que je n’ai été que le déclencheur,
-C’est gentil, bon maintenant il nous faut passer à l’action dès que tout le monde sera là.
Cinq minutes plus tard, effectif au complet dûment relooké, essentiellement les chaussures, nous quittons la chambre, faisons une halte dehors pour sautiller, nous détendre et nous mettre en configuration. C’est-à-dire Vienna encadrée par Bulan et moi, suivie de Timor et derrière Sazak et Taqui. Nous entrons dans la maison et nous dirigeons ver la cuisine dont la porte est fermée. Vienna prend la poignée et pousse la porte qui s’ouvre sans bruit. Son ex est toujours là assis à la table, calé dans sa chaise. La seule chose nouvelle c’est qu’il y a un couteau de cuisine à découper posé sur la table, pas très loin de sa main.
Vienna dit « bonjour » et ne se dirige pas vers lui mais vers un placard où elle prend une tasse et se tournant vers son ex lui demande « café deux sucres ». Elle a du recréer ainsi une situation de leur ancien quotidien, car il répond « euh oui ». Et quand elle pose la tasse sur la table, d’un geste rapide elle fait glisser le couteau et l’envoie par terre où il va se coincer aux pieds d’un meuble de cuisine à un pas de Taqui.
Aussitôt il se lève et se précipite sur Vienna en bousculant la table. Ses mains se dirigent vers le cou de Vienna mais déjà Bulan lui a donné un violent coup de poing sur l’oreille qui stoppe son élan. Je vois une ouverture pour un coup de pieds et je lui balance ma chaussure bien tendue en plein milieu de la cuisse. Il tombe et Timor en profite pour le marteler de coup en accompagnant sa chute. Par terre il roule et se redresse mais je vois bien qu’il boite. Vienna s’est reculée près de l’évier et cherche à remettre la table sur ses pieds ou au moins à la sortir du milieu. Bulan continue de lui taper dessus, tandis que Timor lui balance force coups de lattes qui tombent au petit bonheur la chance.
Il cherche à éviter les coups et aussi à en donner mais handicapé par sa jambe, ça tombe dans le vide. En même temps il tente de se diriger vers la porte, mais je lui fais un croc en jambe qui l’oblige à se courber pour reprendre son équilibre. C’est donc de travers le coude gauche en avant qu’il arrive sur Taqui qui a récupéré le couteau et le tient à deux mains comme un pieu. Comme il a du mal à se diriger, il se jette sur le couteau qui lui rentre profondément dans l’épaule. Il porte la main à son bras sous le coup de la douleur tout en revenant vers les éléments de cuisine aux pieds desquels il tombe lourdement, aidé par les assauts de Timor et de Bulan.
Appuyé aux éléments, les jambes étendues devant lui, la mais serrant son bras, il a un œil à demi fermé et respire par saccades. Vienna traverse la pièce et demande à Bulan d’aller chercher un médecin. En fait de médecin je me souviens que j’ai rendez vous demain avec le rhumatologue. Ca sera pas du luxe me dis-je.
Michel Costadau
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