Semer est un mixte entre jouissance et angoisse. Plaisir de lancer la promesse d’une récolte et souci que l’opération se passe bien. Car les risques sont énormes.
D’abord les risques mécaniques car le principe des semoirs consiste en une caisse percée de trous donnant dans des tubes terminés par un petit soc qui ouvre la terre et y fait tomber les grains par simple gravité. Seulement le soc se bouche facilement, soit que la terre soit un peu collante, soit par une fausse manœuvre quand on recule, soit encore qu‘une paille, par exemple, obstrue le tube de descente. Il convient donc de descendre souvent du tracteur pour voir si tout va bien, déboucher si nécessaire et contrôler la profondeur, car il est important de ne pas trop enfouir le blé ou l’orge, quelque mm suffisent. En général il faut remplir plusieurs fois le semoir pour faire un champ et le grain est souvent assez mal réparti dans la trémie, ce qui fait qu’un tube peut être vide parce que tout le grain est d’un côté du semoir à cause de la pente. A l’inverse le remplir quand il est encore à moitié plein élimine le risque mais multiplie les opérations et les transports car le champ peut être loin de la ferme. Il faut alors soit faire des aller et retours, soit amener une remorque avec le grain, puis transvaser de la remorque au semoir, sans en faire trop tomber à côté.
Ensuite les trajets dans le champ. Evidemment pour une parcelle plate rectangulaire, il y a une direction qui s’impose. Cependant beaucoup de parcelles sont à géométrie très variable et demandent un peu d’apprentissage pour savoir par où commencer. Sachant aussi qu’à force de travailler toujours dans le même sens on laisse des zones moins remuées puisqu’à part le labour et le cover-crop, il y a peu d’outils qui couvrent intégralement le champ que l’on travaille. Et justement en bio le retournement de la terre est peu recommandé. Mais l’on s’en sert quand même car le labour est malgré tout un bon désherbant.
Mais aussi les rochers, dissimulés sous quelques cm de terre et qui vous tordent le soc voire une dent ou le châssis en entier. Parce que vous avez beau connaitre votre champ mètre par mètre les rochers ont tendance à monter d’année en année et vous surprennent toujours.
Nous utilisons aussi des semoirs pneumatiques qui plantent grains par grains à une distance déterminée. Par exemple tous les 20 cm pour des graines de tournesol. C’est l’aspiration à travers un disque avec de petits trous qui colle les grains contre les trous. Puis le disque en tournant passe par une zone où il n’y a plus d’aspiration ce qui fait que le grain tombe à ce moment-là dans le sol. Le sillon a été ouvert par un soc qui n’a pas la même forme que celui du semoir à blé mais est beaucoup plus en longueur comme une petite barque effilée. Ces semoirs de précisions présentent quand même des risques par exemple que plusieurs grains se collent au même trou ou des défauts d’aspiration. Ces semoirs sont composés de plusieurs éléments semeurs séparés par une distance commune par exemple 60 cm de façon à pouvoir biner entre les rangs. Semer se passe toujours en allers et retours et il convient de ne pas repasser sur ce qui a été semé ou laisser un vide entre deux passages. Pour cela, nous avons des marqueurs qui indiquent où doit passer la roue du tracteur pour être au bon écartement avec le passage précédent.
Michel Costadau
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