Troisièmement, le ou les chefs d’exploitations doivent être adhérents au syndicat majoritaire = des miettes pour les membres de Confédération Paysanne, Coordination, Modef et autres.
C’est ça le modèle français qui a pour effets de diminuer le nombre de fermes, de concentrer l’écoulement de la production chez quelques grands opérateurs et de marginaliser les petites exploitations.
En plus ce modèle prive d’accès au foncier les hors syndicat majoritaire. Or le foncier c’est-à-dire la terre c’est quand même l’outil de travail essentiel du paysan. Certes il est possible d’avoir des immeubles d’élevage, des cultures hydroponiques avec des plants de tomates de 10m de long, mais je ne pense pas et je ne souhaite pas que l’on puisse appeler cela de l’agriculture.
Cette contrainte sur le foncier amène beaucoup de jeunes à tenter le maraichage ou la volaille qui nécessitent moins de surface mais impose des circuits courts et beaucoup de main d’œuvre.
C’est comme cela que le modèle laisse le champ libre aux productivistes pour faire des exploitations de plus en plus grosses. Les grosses exploitations, les gros négociants, les grosses coopératives, les gros industriels de la chimie c’est, aussi, comme cela que le fonctionnement de l’agriculture échappe aux paysans et aux citoyens pour entrer dans le giron du pouvoir politique lui même aux mains de l’argent.
Et l’argent mène à l’argent et non à l’alimentation ou à la protection de la nature c’est-à-dire de notre espèce. Ainsi il est plus facile de comprendre pourquoi l’agriculture fait autant de pollution de l’eau, des plantes, des insectes et même de l’air. La logique mercantile n’a rien à faire de la protection du vivant, au contraire, la faune et la flore sont appelées nuisibles. La consommation agricole annuelle d’eau est effrayante de l’ordre de 5 milliard de m3, c’est-à-dire 500m3/par habitant, pas par foyer ou maisons non par habitant.
Ce massacre de la vie sous toutes ses formes, animale, végétale, microbienne est encouragé par les pouvoirs publics. C’est ainsi que nous nous tuons nous même dans un suicide collectif mondial. Ca me rappelle ces drôles de sectes suisses qui réunissaient leurs adeptes pour une fin finale assez spectaculaire puisque incluant des familles entières. Il est apparu clairement que ces gens là étaient sous emprise.
Et nous aussi nous sommes sous emprise. C’est-à-dire que le processus qui conduit à la prise de décision nous est complètement étranger. Nous avons un exemple explicite sous les yeux. Cette préfète mise à pieds sans sommation. L’emprise n’est pas dans le résultat, le corps préfectoral est une espèce de brigade ou de GIGN du gouvernement et s’en remettra très bien. Non l’emprise est dans la prise de décision. Comment l’information est elle remontée, par qui, avec quel message associé. Pourquoi fallait-il sévir. Comment et où ont été pesé le pour et le contre. Qui a pris la décision ou l’a fait prendre.
Il est clair que ce cheminement n’appartient à aucun de nos pouvoirs législatif et judiciaire. L’exécutif étant théoriquement responsable devant les deux. Non là il est plutôt question de réseau, de relations associatives, de copinage. D’ailleurs, la déontologie essaye d’interdire qu’un ancien politique passe innocemment dans l’industrie ou même dans le conseil. Mais au fait quelle en est la raison ?
Si quelqu’un a des compétences pourquoi n’en ferait-il pas profiter une entreprise. Certes, mais le sésame qu’il amène c’est, principalement, les gens qu’il connait avec lesquels il a forgé des liens, qui lui sont peut être redevables de quelque chose. Et voilà où le bas blesse. L’activité d’un politique le met en situation de faire des annonces et quelques choix et donc de favoriser ou défavoriser un tel. Le ministère de l’agriculture est rempli de ce genre de décisions : autoriser une dérogation c’est répondre à la demande d’un industriel et de son lobby. Dans le monde de l’argent il n’y a rien de gratuit. Je t’aide, tu dois m’aider. Renvoi d’ascenseur ou juste retour des choses le vocabulaire ne manque pas. Et pour nous amuser certains sont accusés de corruption de détournements de fonds publics ou au contraire d’avoir bénéficié d’argent occulte. Mais au fond rien ne change et les politiques ont envie et sont capables d’aller de plus en plus loin comme nous l’enseigne ce brave Mr Trump.
Michel Costadau
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