C’est tout le dilemme de notre époque. Qu’est ce que nous devons changer ? Sans surprises presque tout le monde parle de mesures, d’actions, de cibles ce qui laisse libre court au complexe politico-financier pour continuer sa mascarade délétère qui consiste à ne rien changer. Il me semble plutôt qu’il faut parler en termes de mentalité et d’opinion.
Par exemple une idée sur laquelle l’opinion pourrait évoluer c’est que nous devons d’abord regarder nos propres fonctionnements de pays riche et découvrir que riche = prédateur. Ce n’est pas, encore, une notion partagée par l’opinion parce que le matraquage ne cherche pas à nous responsabiliser mais au contraire à charger les anciennes colonies de tous les maux à commencer par l’absence de démocratie jusqu’à la corruption endémique en passant par une flemme congénitale. Car l’esclavage n’a jamais encouragé les gens à se dépasser mais plutôt à se protéger.
Oui d’un part tous les pays, dits pudiquement, en développement, sont des anciennes colonies et d’autre part tous ces pays sont peuplés d’incorrigibles feignants qui cherchent à mordre la main secourable que nous leur tendons. C’est ça le matraquage. Il y en a qui croient, encore, qu’ils ne sont pas civilisés, mais proches de la sauvagerie.
En plus il y a un amalgame, sciemment entretenu, entre islam et sous développement. Pourtant la dernière institution d’éducation des peuples autochtones canadiens, c’est-à-dire la dénaturation complète de jeunes indiens a fermé il y a moins de cinquante ans. Il y a beaucoup de gens encore vivants qui les ont côtoyées. La question de savoir si ces blancs-blancs ont accepté, voire même encouragé ces institutions est plus compliquée.
En tous cas, pour rattraper le wagon du début, aujourd’hui il y a encore pas mal de gens qui n’ont pas le sentiment d’être des prédateurs.
Disons que, en plus, je trouve prédateur bien gentil, parce qu’en vrai c’est plutôt prédateurs sanguinaires et tortionnaires qu’il faudrait dire. Mais il faut pratiquer une progression pédagogique pour obtenir les évolutions de mentalité. Eviter les trop grands sauts qui ont un effet contraire puisqu’ils bloquent le glissement de mentalité en permettant aux personnes un retour en arrière au nom de l’excès. Bien sûr cette méthode douce a quelque chose de frustrant pour celui qui veut exprimer son point de vue progressiste.
Souvent c’est l’envie de hurler qui me prend devant l’incurie de nos représentants. J’ai le sentiment, faux en fait, que personne ne se rend compte de la collusion entre les politiques et le business, de l’incohérence des propos tenus par le pouvoir, affirmant prendre la mesure de la crise climatique ou de la crise sanitaire et faisant tout le contraire dans leurs actes qui n’ont qu’un seul but : continuer à faire croitre le pib.
Quand je dis que mon sentiment est faux c’est que les gens ne sont pas complètement dupes, plus ou moins certes, mais pas complètement. Ils se rendent quand même compte, disons par exemple de la collusion ou des écarts paroles-actes. Mais, hélas, ils s’y sont habitués et ils ont pris une position fataliste. L’impuissance est ce qui domine aujourd’hui dans la population. Et même la résignation. La résignation c’est le contraire de la révolte, mais ça permet de fonctionner sans faire de vagues en regardant d’un air dubitatif les courageux qui se battent.
Nous sommes devenus un peuple d’impotents civiquement. Le vote ne sert plus à rien, la police est omniprésente, non pas pour attraper les violeurs et les voleurs mais pour empêcher les gens de manifester, le travail n’a plus qu’un maigre intérêt social et encore moins financier, mieux vaut les aides. Même la fraude, sport national s’il en est, a perdu de sa superbe et bientôt les gens vont faire la queue pour aller en prison où l’on est au moins nourri, logé, blanchi et on a la télé. Et d’ailleurs ils vont construire de nouvelles prisons. Que demander de plus ?
Vous, je sais pas, mais moi un peu plus de solidarité ne me dérangerait pas. D’accord ce n’est pas porteur la solidarité parce que pour la plupart solidarité égale assistance. Et assistance ça encourage la paresse et le laisser aller. Mais ce n’est pas ça du tout, la solidarité c’est d’abord l’exemple par le haut, c’est le contraire du ruissellement qui est l’arrosage des esclaves.
D’ailleurs l’exemple qui marche est toujours par le haut. Contrairement au discours du matraquage il n’y a eu, bien sûr, aucune solidarité avec l’Ukraine, seulement une autre manière de continuer la guerre. Néanmoins, les mesures annoncées pour les Ukrainiens si elles avaient été appliquées à tous les immigrés et à tous les français auraient pu être un exemple de la solidarité dont je parle.
Michel Costadau
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