Avec application la caste construit et entretient le corps des politiques. C’est-à-dire ceux qui nous gouvernent et que nous élisons avec le sentiment d’exercer notre droit de vote garanti par la constitution. En fait les politiques sont la parole de la caste. Un excellent exemple nous est donné avec le quotidien Le Monde. Ce journal est l’organe de communication du gouvernement. Tout y est expliqué et mis à la portée de tous les lecteurs. Les difficultés du gouvernement sont justifiées par de mauvaises interprétations de ses véritables intentions, les objectifs souvent mal compris sont bien détaillés et argumentés sans vergogne, les errements sont qualifiés de réflexions, les contradictions deviennent différents pôles d’actions poursuivis en même temps.
Il s’avère que la télé, malgré son immense pouvoir, ne suffit pas à faire passer complètement les idées de la caste, il y faut la presse écrite et les réseaux d’information. En fait d’idées la caste n’en a qu’une : le développement de l’activité économique et du commerce. Par contre pour cela, ils ont l’esprit en délire. Ils mettent en œuvre des batteries de mesures, incitations, règlements, plans divers et variés pour faire du pib, toujours plus de pib. C’est leur mantra et des armées de technocrates, dument sélectionnés, ne font que ça, à longueur de gouvernements, de rencontres internationales, de Gxx, de COPxx. Ils ont très vite retournées à leur profit les inquiétudes sur la pollution, le CO² et le climat, en créant un maximum de nouveaux produits et de nouvelles techniques.
C’est donc logiquement ceux qui s’opposent au tout pib qui reçoivent les ires des politiques. Car les politiques sont exclusivement là pour faire régner l’ordre financier. Et donc ceux, beaucoup de jeunes, qui s’opposent au béton, au goudron, aux phtalates et autres poisons commercialisés, sont surveillées, menacés, convoqués devant la justice et traités de vocables indignes. Ils sont montrés du doigt pour essayer d’armer la vindicte populaire mais la population ne s’y laisse pas prendreµ. Elle sait que ses véritables ennemis sont le pouvoir politico-financier et non les courageux qui dénoncent illégalités et collusions.
Il y a quelque chose d’hallucinant à constater que la justice administrative se bat régulièrement non pas contre les fraudeurs mais contre les préfets, c’est-à-dire contre le bras local du gouvernement. Pourquoi parce que les préfets autorisent des projets illégaux. Illégaux c’est-à-dire qui méprisent la loi. Et ils savent ce qu’ils font. Si ça passe, tant mieux, si non ils attaquent quand même les décisions de justices qui les déboutent en espérant que les plaignants n’aient plus d’argent et se lassent.
C’est le coté pervers de la séparation des pouvoirs. Les politiques se disent que tant que la justice ne leur a pas donné tort ils ont raison, quelque soit la loi. Il y a bien entendu des millions de gens qui fraudent dans le pays, depuis le non respect des limitations de vitesse jusqu’aux combines des riches qui arrivent à éviter les impôts. Mais là, avec les préfets, il s’agit de fraude institutionnelle. C’est le gouvernement contre la population et c’est rarement la population qui gagne.
Nous ne sommes donc plus en démocratie mais dans une prison dont les murs sont l’argent. Nous pouvons faire ce que nous voulons avec l’argent mais il n’est plus possible, de vivre sans argent. Et les manières pour avoir de l’argent sont extrêmement codifiées : il y a le business, le travail et le vol. C’est pour cela que les loteries et les paris ont tant de succès parce que les gens peuvent ainsi se procurer de l’argent non codifié. Bien sûr les loteries ne servent qu’à enrichir ceux qui les organisent, mais ça ne fait rien il y a de temps en temps un heureux élu.
Alors même si tout le monde n’en est pas encore entièrement convaincu, nous avons montré que la démocratie a disparue de la surface de la terre. En conséquence, vouloir prendre le pouvoir pour la rétablir ne relève pas d’un combat politique classique mais d’une lutte, voire d’une guerre, contre la caste financière. Avec quelles armes, avec quelles chances et pendant combien de temps. Perso je suis assez sceptique. Il ne faut pas en conclure qu’il en faut rien faire, mais simplement en tenir compte. Notre arme principale contre la caste et son système c’est notre pensée, notre résistance aux informations, notre imagination et notre solidarité. Ca compte mais contre le GI c’est un peu léger.
Michel Costadau
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