Intervention de Christophe Cassou Membre du GIEC
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Intervention de Karen Erodi Députée du Tarn
Camarades de luttes, Citoyennes, citoyens,
Je tiens tout d’abord à remercier les organisateurs de la manifestation. Mobilisés depuis plusieurs années contre le projet d’autoroute A 69, leur inlassable travail a permis de mettre en lumière les dangers de ce projet, l’entêtement et l’enfermement idéologique de certains élus locaux rassemblés dans un attelage hétéroclite allant de l’extrême-droite à la présidence du département et de la région entrée en dissidence au sein de la gauche. C’est par la mobilisation de l’ensemble des collectifs que nous avons aujourd’hui sur la table une proposition alternative crédible à ce projet destructeur : L’aménagement harmonieux de la RN 126. La solution d’équilibre comme le rappelle si souvent le collectif La Voie Est Libre.
Mille fois encore : Merci !
La mobilisation a mis en lumière les effets néfastes de ce projet.
Il coche toutes les cases d’un projet du passé, à rebours des enjeux environnementaux qui s’imposent à nous toutes et tous. Ce projet va consommer une quantité d’eau incroyable alors que nous sommes rentrés dans une période de raréfaction de la ressource en eau. En 2022, le Tarn a été placé en sécheresse du mois de mai au mois de novembre ! Du jamais vu Ici ! Ce projet détruit des réservoirs de biodiversité alors que nous sommes entrés dans une période d’extinction massive du vivant.
Il sacrifie 400 Ha de terres agricoles à l’intérêt agronomique incontestable alors que la souveraineté alimentaire est devenue un enjeu de sécurité nationale. Enfin, il offre pour cinquante années, et pour un prix prohibitif, le quasi-monopole d’une liaison routière et d’infrastructures publiques à la société privée ATOSCA-NGE alors qu’il apparaît que les concessionnaires autoroutiers ont réalisé des profits colossaux sur le dos des français ces dernières années. Les tarnaises et les tarnais qui ont financés les contournements de Soual et Puylaurens se verront donc confisquer leurs infrastructures pour un demi-siècle !
L’eau, la terre, le vivant sont nos biens communs les plus précieux. Nous devons tout faire pour les protéger car il en va de l’existence même de l’être humain sur cette planète. Le gouvernement serait bien inspiré de mettre en adéquation sa parole avec ses actes et les objectifs qu’il affiche. Si la priorité est d’aboutir à la Zéro Artificialisation Nette alors il faut abandonner purement et simplement le projet d’autoroute A 69 ! Nous disons au ministre des transports qu’il n’y a pas à tergiverser et qu’il doit en finir avec les projets du siècle passé. La France Insoumise, au travers de ses députés aujourd’hui présents et que je remercie, Manuel Bompard, Anne Stambach-Terrenoire, Farida Amrani, François Piquemal, ses élus locaux présents sur le territoire et ses militants, continuera à soutenir la mobilisation et à s’opposer fermement à ce projet. Nous œuvrerons avec détermination pour faire aboutir la solution alternative portée par le collectif La Voie Est Libre. Le 3 mai prochain, nous interpellerons le ministre sur les super profits réalisés par les sociétés d’autoroute et nous exigerons que soit rendu public les conditions financières conclues entre l’État et la société ATOSCA-NGE. Il y en a marre de ces sociétés qui se gavent sur notre dos !
Chacune et chacun, à nos postes respectifs, nous pouvons obtenir l’abandon de ce projet écocides, inutile et imposé. Pour nous, nos enfants et notre planète Terre, Tous ensemble,
On lâche rien ! A nous la victoire !
NO MACADAM !
Intervention de Anna La Déroute Des Routes
Tribune de la coalition La Déroute des Routes pour un moratoire sur tous les projets routiers
Le réseau routier français est l’un des plus denses d’Europe. En 20 ans, entre 1998 et 2018, le nombre de kilomètres de routes a augmenté de 11,2% tandis que le nombre de kilomètres de voies ferrées diminuait de 13% dans notre pays. En 2018, selon les chiffres du Ministère de la transition écologique, le transport routier représentait 94% des émissions de CO2 du secteur des transports. De fait, la France est également le 2ème pays d’Europe qui transporte le plus de marchandises par camion au niveau national, et le 4ème pays d’Europe pour le transport de marchandises par camion au niveau international.
Ces chiffres ne sont pas une fierté. Ils sont alarmants, et leur croissance annuelle est effarante au regard des enjeux environnementaux et climatiques actuels et de la catastrophe écologique à laquelle nous faisons déjà face.
Pourtant, malgré l’évidente nécessité de changer de chemin, aujourd’hui 55 projets routiers sont en cours et contestés en France, parmi lesquels 7 autoroutes. Ces projets, souvent imaginés il y a plusieurs décennies, se basent sur une doctrine de développement des infrastructures de transport, au service d’un modèle économique, qui se révèle aujourd’hui obsolète. Le discours des porteurs de projet est uniforme, avec partout les mêmes arguments éculés, déclinés sans prendre en compte la réalité des populations locales ni leurs besoins, ni les impacts globaux de cette doctrine de développement, ces axes ayant avant tout pour objectif de permettre à toujours plus de camions et de marchandises de circuler à travers la France et l’Europe.
La coalition La déroute des routes demande que tous ces projets soient stoppés, et que leur intérêt soit ré-interrogé au regard des enjeux climatiques, sociaux, et environnementaux actuels, mais également des dépenses qu’ils engagent (13 milliards d’argent public pour les 55 projets étudiés par le quotidien Reporterre) et de l’ampleur critique de leurs impacts. L’importance de ces enjeux est partagée par le Conseil d’État, qui a inscrit comme liberté fondamentale le « droit de chacun de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé« , et la protection de l’environnement comme valeur constitutionnelle.
Nous dénonçons un double discours de l’État, un « en même temps » irréalisable dans les faits. L’État affiche des objectifs ambitieux de baisse des émissions, une stratégie de préservation de la qualité de l’air et une utilisation rationnelle de l’énergie, de préservation des sols, pour ensuite les détricoter ou les ignorer.
Nous ne sommes pas seul-es à faire le constat de cette hypocrisie, et à alerter les dirigeant-es. Le Conseil d’État a tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises en condamnant l’État pour inaction climatique. L’Autorité Environnementale considère que l’État n’a pas amorcé la transition écologique et parle, pour certains projets comme l’A69, d’études lacunaires et basées sur des mauvaises données.
À cela, il faut ajouter le constat des chercheurs et chercheuses qui parlent de modèles de trafic lacunaires, et qui mettent en exergue une notion d’Utilité Publique qui échoue à defendre les intérêts collectifs et dont il faut réformer les fondations. Les enquêtes publiques « outils de l’intensification de l’exploitation de la nature« , « permettent d’imposer le développement industriel et infrastructurel comme un bien en soi », selon Frédéric Graber, chargé de recherches au CNRS. Elles conduisent à des Déclarations d’Utilité Publique vides de sens, qui permettent pourtant à l’Etat d’être dans le bon droit d’exproprier habitant-es et paysan-nes pour bétonner des terres agricoles, et de détruire des espèces et milieux protégés.
Ces procédures d’autorité donnent lieu à des projets ayant des impacts négatifs importants sans les retombées bénéfiques annoncées. Les analyses de bilan et de suivi des projets déjà réalisés sont sans appel. Une fois réalisés, leurs impacts et leur coût sont souvent bien supérieurs à celui estimés dans les dossiers présentés (en moyenne 20% pour l’investissement).Pour toutes ces raisons, la question de la légalité des projets, souvent invoquée par leurs défenseurs, nous semble être un argument fallacieux utilisé pour éviter de questionner leur légitimité au regard de leurs impacts et de leurs objectifs.
Les autoroutes, prétendument au service des populations selon les porteurs de projet, participent en réalité d’un modèle d’accaparement des terres au profit d’entreprises privées, condamnant à ce mode de déplacement coûteux les 80% de Français-es pour lesquel-les la route reste le moyen de transport contraint. Le scandale des trop larges bénéfices des sociétés d’autoroutes mis en lumière par un rapport de l’inspection Générale des Finances nous montre que les enjeux sont de taille pour le pays.
Nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à demander des politiques de déplacements urbains plus cohérentes qui permettraient de réduire les inégalités sociales qui se creusent dans l’accès à la mobilité, un développement des transports en commun, et des mobilités actives pour réduire la congestion de nos villes, qui ne sera possible qu’en réduisant le nombre de voitures qui y circulent.
Dans son troisième rapport, publié en février 2023, le Conseil d’orientation des infrastructures (COI) demande un renouveau dans la doctrine de développement des infrastructures de transport françaises en indiquant qu’ « un certain nombre des projets routiers examinés, conçus il y a parfois plusieurs décennies dans un contexte très différent, méritent vraisemblablement d’être revisités« .
Dans ce rapport, la priorité est donnée à une planification pluriannuelle pour des « mobilités plus sobres, plus collectives, plus économes en énergie et en ressources minérales rares et moins émissives dans l’ensemble de leur cycle de vie » et une politique « associée à la maîtrise de l’urbanisation ». Le rapport préconise également que les infrastructures déjà en place, vieillissantes, parfois de moins en moins sécurisantes, soient modernisées. Son scénario « planification écologique », « conduit à ne pas réaliser rapidement des projets structurants très attendus par certains, qu’il s’agisse de projets routiers ou autoroutiers ».
Le COI demande enfin que les enjeux collectifs et des choix systémiques priment sur les effets de discours ou les décisions « au cas par cas ». Des enveloppes et cadrages par mode de transport, doivent être fixés clairement lors des négociations à venir dans le cadre des volets mobilité des Contrats de Plan Etat Région.
À la vue de tous ces éléments factuels, et que ce soit pour le climat, le bon usage des finances publiques, la biodiversité, la préservation des terres agricoles et de nos forêts, pour respecter la démocratie locale et les habitant·e·s : nous avons toutes et tous une bonne raison de nous opposer à ces projets routiers !
Les mobilisation historiques, inventives, et déterminées, des 22 et 23 avril sur le tracé du projet d’A69 Castres-Toulouse et des 5-6-7-8 mai à Léry près de Rouen contre l’A133-A134, renforcent notre conviction que la lutte contre ces projets est plus que jamais nécessaire. Fin avril, alors que la mobilisation battait son plein à Castres-Toulouse, un avis favorable était donné par le commissaire enquêteur à l’issue de l’enquête publique pour le Contournement Ouest de Nîmes, malgré l’opposition de l’Autorité Environnementale dénonçant un dossier lacunaire et un projet risquant d’impacter des espèces et habitats menacés au niveau européen.
La pétitition pour la proposition de moratoire sur les projets routiers a recueilli aujourd’hui plus de 10 000 signatures. Soulevons nous aux côtés des collectifs en lutte contre ces projets destructeurs, en signant et partageant la pétition, et en rejoignant partout les collectifs.
Mettons les routes en déroute !
Intervention de Michel Costadau LVEL
Nous sommes en colère.
Notre combat c’est celui du vivant contre le goudron et le béton. Car nous tous et toutes ici nous sommes le vivant, comme la terre, les arbres et les ruisseaux.
Nous sommes le vivant qui se rebelle contre les destructions qui le menacent.
Contre la terre ensevelie vivante sous les gravats et le ciment, contre les bois rasés par les engins de destruction massive, contre la faune chassé de ses abris et de ses terrains de chasse.
Nous le vivant nous n’avons pas donné l’autorisation de stériliser ces espace où la nature nous rend service.
Au contraire nous avons clairement dit que nous n’acceptions pas la destruction de 150 espèces protégées, de centaine d’ha de terres fertiles et profondes.
Car nous sommes la nature et nous nous rebellons.
Un platane en moins c’est un nuage en moins et les décideurs s’étonnent qu’il n’y ait plus d’eau.
Mais ce n’est pas d’eau dont nous manquons, c’est d’arbres, c’est de bois, c’est du foisonnement de la vie animale et végétale.
Oui leur projet est illégal car ils ont oublié de compter dans la dévastation les 5 000 ha de remembrement qu’a décidé la chambre d’agriculture du Tarn.
Combien de haies, de fossés et de mouillères vont être détruites sur l’autel de l’agrandissement des industriels de l’agricoles et leurs machine de plus en plus larges qui encombrent les routes car elles vont travailler à des dizaines de kilomètres au lieu de rester autour de leurs fermes.
Pour cela ils ne nous ont pas consultés, mais au contraire ils ont achetés le silence des propriétaires avec de l’argent sale.
Oui ce projet est illégal car pour nous la sobriété ce n’est pas d’encourager de larges pistes à 130km/h.
Nous le vivant nous n’avons pas honte de rouler à 90km/h, c’est déjà assez polluant comme ça, pas la peine d’en rajouter, nous n’en voulons pas.
Nous le vivant ne considérons pas que le développement économique c’est d’aller travailler à 60 km de chez soi.
Ca ce n’est pas un progrès c’est une dégradation des conditions de vie, de nos vies.
Ce projet Castres Toulouse, c’est l’autoroute de la transition, c’est celui qui ne doit pas se faire, c’est celui qu’il faut arrêter à tous prix pour prendre le bon chemin.
Déjà il vacille, il tremble sur ses bases illégales et nous allons le faire tomber.
Nous avons la victoire dans nos mains.
On ne lâche rien.
NO MACADAM
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