Bien étrange crise que celle des agriculteurs. Plutôt crise de l’agriculture d’ailleurs. En fait c’est l’arroseur arrosé, le pompier incendiaire ou le pyromane secouriste cette affaire.
Voila des gens qui développent depuis 40 ans un modèle d’agriculture suicidaire et qui viennent se plaindre que l’argent n’est plus au rendez-vous. Le syndicat majoritaire et les gouvernements successifs ont travaillés la main dans la main pour torpiller le secteur agricole : -prix exorbitant du foncier, subventions à l’hectare et non à l’exploitant, exportations forcenées à bas prix pour affaiblir les pays en « développement », production d’électricité ou de carburants en bousillant de la biomasse, course à la taille pour toucher plus de subvention accompagné de matériels de plus en plus gros pour des économies d’échelle et de gain de main d’œuvre, rôle détourné des safer qui plutôt que de viser la protection de la ressource agricole n’ont en tête que les plus values provenant du désossage des petites exploitations pour alimenter l’agrandissement tout en faisant la culbute sur le bâti.
Ces gens là voudraient que je les aime eh bien non je ne les aime pas. L’attitude bienveillante de la population est un leurre qui vient d’une part de l’origine rurale d’encore d’une partie des gens de la ville et d’autre part de la fabrique d’images de marque à partir de mots détournés comme « territoire », « authentique », « label », sans parler de « durable » ou « d’équitable » qui ne sont que des trompe l’œil.
Parce que vous savez ce qu’elle en fait des territoires la FNSEA = -de l’artificialisation, des autoroutes, des centres commerciaux, des méthaniseurs. Il est quand même fort de café que des entrepreneurs qui achètent des milliers d’hectares de récolte sur pieds pour produire des carburants détaxés touchent des subventions agricoles comme s’ils produisaient du grain ou des légumes. Quand je vais à la pompe je n’ai pas le sentiment d’être sous un silo à blé mais plutôt au bout d’un pipe-line qui vient d’une raffinerie.
Ils ont mis le vers dans le fruit et maintenant ils appellent au secours pour qu’on les aide.
Moi je veux bien les aider mais surement pas s’ils veulent continuer à raser les habitations et les écoles avec leurs produits toxiques, à abattre des haies et des fossés pour faire passer leurs machines, à construire des usines à poulets, à cochons, à dindons dans lesquelles l’animal n’est plus considéré comme un être vivant.
Nous humains avons besoin de toutes les formes du vivant pour exister. Respecter les animaux c’est respecter la vie. Et respecter les animaux ce n’et pas passer ses champs au gaz lacrimogène pour faire fuir tout ce qui bouge
Alors évidemment vu que le loup est dans la bergerie ce n’est pas lui qui va alerter les paysans en leur disant de ne plus faire confiance au syndicat et au ministère.
Nous ne pouvons pas compter sur eux pour cela, nous sommes obligés de compter sur nous même, sur un ou deux syndicats agricoles plus conscients, sur les syndicats ouvriers et sur la population.
Car oui leur modèle est en ruine.
Alors il leur faut trouver des boucs émissaires. D’où le grand mouvement de détricotage des lois de protection de l’environnement établies péniblement depuis 20 ans.
Voila la cause du malaise agricole : nous protégeons trop la nature et la biodiversité, il faut laisser les produits homologués faire leur œuvre létale. Je l’ai déjà dit les agriculteurs chimiques n’aiment pas les bactéries, les insectes, les champignons et les herbes qui ont l’audace de pousser dans leur champs. Passez moi tout ça au karcher, dieu reconnaitra les siens.
Ensuite réclamer un revenu décent est plutôt une revendication salariale que celle d’entrepreneurs avides de liberté d’entreprendre.
C’est là qu’intervient la PAC qui est une redistribution d’argent mutualisé par les pays européens.
Alors les agriculteurs sont ils des salariés de la PAC. La réponse est bien sûr non mais l’image reste présente.
Enfin le carcan administratif. Pas besoin se faire beaucoup de recherches pour comprendre que l’administration ne donne pas de subventions les yeux fermés. D’ailleurs beaucoup de citoyens expérimentent avec rage les parcours de combattant qu’impose une aide pour le logement ou une personne dépendante.
Tout le monde aimerait bien savoir comment cela va finir. Hélas je ne vois pas ce qu’il pourrait sortir de bon de cette crise. Déjà deux victimes de trop, dont un certain ministre est clairement responsable.
En fait j’ai bien peur que ce soit, seulement, la planète qui prenne un nouveau coup derrière les oreilles.
Michel Costadau
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