Oui nous avons arrêté l’A69. Et l’A680 aussi. C’est inimaginable, impensable, insensé mais la réalité est bien là : le chantier est désert, les engins et les ouvriers sont partis, il n’y a plus de bruit plus de valses des camions sur les routes. Rien. Il ne reste qu’une immense plaie ouverte, zigzagant sur notre territoire.
Et maintenant ?
Eliminons d’abord une éventuelle responsabilité pesant sur nos épaules et nous faisant une sorte d’obligation de réparer les dégâts. Non ce n’est pas nous qui avons lancé ce chantier absurde, année après année, passant d’aménagements avec l’argent public jusqu’ à cette funeste mise en concession qui trouve aujourd’hui son dénouement. Les responsables sont les élus tarnais et eux seuls.
Nous ne sommes pas responsables mais nous avons quand même à prendre en compte la fracture que les élus ont crée dans la population pour satisfaire les seuls intérêts financiers des riches et des possédants.
Alors que faire ?
Nous avons misé depuis le début misé sur le volet juridique pour gagner et ça a marché. Certes la décision du Tribunal administratif est une bombe dont les ressorts se trouvent en partie dans la remise en cause par le corps de magistrats de la politique gouvernementale du fait accompli. C’est l’occasion de rappeler que la République repose sur la séparation des pouvoirs et que la justice n’est pas une simple chambre d’enregistrement des arrêtés ministériels.
La décision est là, l’autoroute est arrêtée. Nous n’obtiendrons jamais plus que cette interdiction, même s’il nous reste à nous assurer que cet arrêt est définitif.
Il me semble donc que maintenant nous avons, surtout, à prendre en compte le désarroi de la population pour éviter les ségrégations souhaitées par les élus et les médias à leur service. Il faut recommencer à parler, à échanger à voir ensemble l’avenir de notre territoire. Facile à dire me direz-vous, oui mais comment renouer ces liens distendus.
Je crois qu’une piste pourrait être de faire ensemble un état des lieux. En semble c’est-à-dire avec la population. En effet Atosca et les préfets nous laissent une situation où l’autoroute n’est ni fait ni à faire, c’est le moins que l’on puisse dire. Plein de chemins sont coupés, de nombreuses personnes ont des tas de terres au bout de leur jardin sans parler de ceux qui ont perdus leur maison pour rien et ressentent une blessure inguérissable. Et la 126, qui est toujours une nationale, n’est pas un parcours tranquille pour relier Toulouse à Castres.
Nous pourrions commencer par essayer de rencontrer les mairies, mais aussi les gens directement de quelques villages, voire même de Castres. Un peu style cahier de doléance à recueillir avec les habitants dont certains font des gymkanas pour sortir de chez eux ou aller travailler leurs champs.
Bien sûr il appartiendra ensuite aux pouvoirs publics de résoudre les problèmes, c’est-à-dire de faire, le plus rapidement possible, les travaux correspondants, mais au moins nous saurions ce que l’on peut et doit améliorer.
Le blocage du chantier risque en effet de durer plusieurs années et personne ne souhaite pérenniser des situations trop inconfortables.
Nous sommes convaincus que le territoire tire un immense profit de la suppression de l’autoroute, plutôt que d’avoir été sacrifié au profit des métropoles. Alors disons le, faisons le savoir et renouons les liens avec la population.
Nous c’est quand même, plein de collectifs, d’associations et d’individus. Nous sommes nombreux et les gens le savent.
Car oui c’est nous qu’on a arrêté l’A69.
Michel Costadau
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