Je cite directement la Rédaction Pleinchamp : Les arboriculteurs sont inquiets et il y a de quoi ! Ces derniers voient dangereusement approcher la période de traitement des cerisiers au diméthoate, insecticide utilisé pour lutter contre la mouche Drosophila Suzukii. Mais cette année ils ne pourront pas lutter contre ce ravageur particulièrement virulent, car ce produit, a été retiré du marché français par l’Anses, en raison des risques pour la santé des consommateurs et des agriculteurs.
Le problème : cet insecticide a été interdit en France mais pas en Europe… Les arboriculteurs français qui vont voir leur coût de production grimper en flèche, ont manifesté vendredi dernier à Avignon, pour dénoncer une « distorsion de concurrence. » Stéphane Le Foll est bien conscient du problème. Il a demandé à la Commission européenne d’activer les mesures d’urgence pour, d’une part, interdire immédiatement le diméthoate dans toute l’Europe, d’autre part, bloquer la mise sur le marché de cerises provenant de pays où l’insecticide est autorisé. Maintenant, la Commission doit se prononcer dans un délai de 7 jours, faute de quoi, la France « déclenchera une clause de sauvegarde nationale. »
Voilà donc encore une belle illustration des dangers que nous font courir nos politiques. Décomposons les choses.
- L’Anses interdit un produit dangereux : rien à dire c’est la moindre des choses. D’autres pays ne le font pas : ça c’est pas clean mais ça veut dire que les lobbies y sont encore puissants. Néanmoins ces pays ont le droit de le faire.
- Les arboriculteurs français vont voir leur coûts de production grimper en flèche: ça c’est de l’intox parce que, soit il existe d’autres traitements et même s’ils sont plus chers ça n’est pas le double, soit la quantité récoltée va diminuer en échange d’une augmentation de la qualité, ce qui est plutôt une diminution du chiffre d’affaires et des frais de production, donc le contraire d’une augmentation des frais de production. En plus, l’augmentation de la qualité peut se répercuter sur le prix. Le cas où le verger est en situation de ne rien récolter se couvre avec les assurances prévues par la PAC à cet effet. Donc, pas de croissance en flèche des prix de production ou alors il faudrait réclamer aux arboriculteurs le sur-bénéfice qu’ils ont fait dans la période où le produit était reconnu toxique mais pas encore interdit. Qui plus est, si le produit est autorisé dans certains pays, ou même s’il est interdit en Europe, beaucoup se contenteront d’aller l’acheter ailleurs et de le passer discrètement sans rien dire. Il faut rappeler, par exemple, que la Suisse n’est pas dans l’Europe.
- Les arboriculteurs dénoncent une « distorsion de concurrence» : c’est là que ça devient honteux et malsain. Ca revient à dire que ceux qui empoisonnent la planète ont un avantage par rapport aux autres, c’est donc la porte ouverte aux produits toxiques. Pour bien comprendre l’hypocrisie qu’il y a là-dessous, imaginez que les Français parlent de distorsion de concurrence parce que le smig est deux fois moins élevé en Espagne ou en Grèce. Pourquoi ne pas imaginer alors un élève qui dirait à son prof qu’il y a distorsion de concurrence parce que certains élèves de sa classe ont de meilleurs résultats que lui. Clairement, dans le cas des cerisiers, il y a un appel implicite à polluer pour être compétitif. Qui va porter plainte contre ce gouvernement pour appel à polluer. Qui ?
- Enfin arrive la menace de déclenchement d’une clause de sauvegarde nationale, qui est tout simplement la mise en place d’une barrière douanière, mais sans remettre en cause la pollution bien sûr. Mais vous savez tout se négocie dans le business, alors la vente d’armes contre l’importation de cerises ça pourrait arriver. Beurk. Mais qui empêchera ces gens-là de nuire ? Qui ? Et pendant ce temps là Hollande est en Egypte.
Bonne nuit
Michel Costadau
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