A chaud le 23 juin : C’est vrai je n’osais l’espérer, mais le vote anglais est quand même sympathique. Ma première réaction c’est que c’est d’abord un vote anti-immigrés et donc un vote dans une ligne de bastion européen d’extrême droite. C’est aussi un vote anti franco-allemand marchands de résignation. Pour le reste c’est quand même aussi une affirmation de la primauté de la finance.
Il y a sûrement plein d’explications au vote des Anglais mais quelques unes ne sont jamais citées. Par exemple l’essai d’indépendance séparatiste des Ecossais a pu piquer au vif les Anglais qui se sont dit si c’est ça c’est nous qui allons manifester notre indépendance. Ou une peur viscérale d’un éventuel fédéralisme comme structure européenne. Ou une réaction épidermique à la manœuvre bassement politique de Cameron comme les Français avec Chirac et sa dissolution du parlement.
A vrai dire, la situation actuelle d’échec européen, n’est pas une surprise car elle se situe clairement dans la suite d’une série de coups de canifs donnés par les politiques :
– essai de mise à l’écart de la Grèce : heureusement que Siryza a organisé un référendum pour rester sinon ils étaient virés,
– référendums français et néerlandais annulés par les politiques : de quel droit ?,
– élargissement aux pays de l’Est sans dénominateur commun politique : le plombier polonais a marqué les esprits,
– tendances indépendantistes écossaise, catalane et autres, la commission a menacé la catalogne de sortir du marché commun si indépendance : de quel droit ?,
– médiatisation de l’arrivée d’immigrés : là on va du sordide à l’humanitaire mais ça reste choquant et clivant,
– discours nationalistes anti UE dans presque tous les pays,
– commission se permettant de rappeler la Pologne à l’ordre : de quel droit ?
– Merkel négociant seule avec la Turquie,
Tous ces petits jalons ont introduit de la défiance et conduit comme les cailloux du petit poucet à la poussée de l’égo anglais qui a éclaté fin juin. De plus, on voit que ce vote révèle bien les sources de l’insatisfaction des populations par l’agrégation à un trop haut niveau de l’avis des électeurs. Les gallois, l’Ulster, les écossais et Londres ont voté in, alors que l’Angleterre a voté out et l’a emporté par le nombre. Du coup les Ecossais se retrouvent dans la position de se séparer du RU et de revenir dans le marché commun. Les Londoniens veulent refaire voter. Personne n’est content. Un des enseignements du vote c’est qu’il aurait fallu que Galles, Ulster, Ecosse et Londres restent dans le marché commun et que les Anglais sortent. Clairement l’Europe est une superstructure qui marche sur les populations.
Du coup le constat qui se fait jour c’est non pas qu’il faut renforcer l’intégration européenne, mais au contraire qu’il faut morceler l’Europe pour donner du pouvoir à des structures plus petites dans lesquelles les individus se sentent moins loin des élus et du pouvoir. Ensuite, la mise en musique de ces petites entités pour se mettre d’accord sur des projets communs est du niveau de la mise en réseau. Et là le business des entreprises du net a déjà montré qu’ils savaient très bien le faire, alors pourquoi pas nous.
Michel Costadau
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