Vous savez bien que pour vendre des produits il faut un marché. Le business l’a compris depuis longtemps et a même renversé la proposition en n’hésitant pas à créer ou à inventer des marchés afin de pouvoir vendre. Dans la plus part des cas, le choix est accompagné d’en haut car c’est en général l’Etat qui paye les premiers investissements et promeut les lois laxistes qui permettent aux industriels de se lancer sans risque. Par exemple, la téléphonie mobile, la pollution ou l’informatique sont encore fortement « soutenus » par l’Etat, de même que l’ont été en leurs temps la voiture, l’électroménager ou le bâtiment.
Je veux vous parler d’un nouveau marché en cours de lancement comme celui de la voiture électrique, c’est la dépendance. En gros c’est le marché de l’aide aux personnes âgées. C’est effectivement un excellent marché, puisque le nombre de personnes en vie ne pouvant se débrouiller seules est en forte croissance. Cette expansion est cependant à double tranchant, car d’un côté ça fait vraiment désordre de trouver des personnes mortes chez elles sans que personne ne s’en soit aperçu, mais d’un autre coté le pouvoir d’achat du troisième âge est un peu trop faible pour que les industriels puissent se ruer sur ce marché et franchement s’enrichir.
Alors l’Etat met la main à la poche pour une « aide à la dépendance » et c’est là que ça coince parce que l’effort est dérisoire, c’est-à-dire quelques centaines de millions d’euros, là où il en faudrait des milliards. En fait, pour que les personnes dépendantes puissent continuer à vivre non pas agréablement mais seulement dignement et dans un environnement familier, il faut beaucoup de moyens car rien n’a été prévu pour ça. Voilà encore une illustration de l’incurie des politiques. Face à une évolution de société, les politiques repoussent toujours sa prise en compte et la mise en place de solutions en finissant par créer un vrai problème, mais ce sont les générations futures qui auront à l’assumer. Ils l’ont fait avec les retraites, la sécu, le chômage, la sécurité routière, enfin presque tous les contours de la société. Et pourquoi font-ils cela, c’est parce que le bien vivre en société ou la dépendance ne sont absolument dans leurs préoccupations. En fait, ils n’ont qu’un seul sujet de préoccupation c’est leur réélection et celles de leurs réseaux. Et c’est vrai qu’il est difficile d’être courageux en politique bien que ce soit exactement ce que l’on attendrait d’eux.
Ceux qui diraient on diminue par deux les dépenses militaires pour entourer les personnes âgées de services efficaces, prendraient le risque que les médias et les lobbies entonnent le refrain de la grandeur de la France, des intérêts de la France, du rayonnement de la France. Pauvre France, jouet de 60 millions de citoyens aux mains de poltrons, de bonimenteurs et de menteurs tout court. Ces gens-là ne méritent même pas un regard et pourtant il y en a encore beaucoup qui pensent voter. Trop.
Michel Costadau
Comments are closed.