Je m’aperçois que je ne vous ai pas encore vraiment expliqué les raisons qui me conduisent à préconiser l’abstention au premier tour de la présidentielle de 2017. Voilà.
La situation de départ est un constat de blocage de notre démocratie :
- Il n’y a plus qu’une seule élection qui décide de tout, c’est la présidentielle.
- Le président n’est responsable devant aucune assemblée de représentants des électeurs.
- Le parlement ne représente pas la population. Le mécanisme du scrutin majoritaire à deux tours fait que les petits partis n’ont aucun élu et même les électeurs FN n’ont pratiquement, aucun député. Le parlement est donc monopolisé par deux partis et leurs affidés qui nous représentent bien mal.
- C’est encore pire pour le sénat qui, par le mécanisme des grands électeurs, donne une surprime aux deux mêmes partis. Quand aux assemblées territoriales elles n’ont aucun pouvoir.
Ce constat s’accompagne d’une attitude irresponsable des politiques. Plutôt que de chercher à corriger le système, ils en profitent au maximum :
- Le cumul des mandats atteints de proportions insupportables. Ce cumul permet à une petite poignée de mandarins de contrôler la vie politique du pays.
- Le renouvellement indéfini des mandats fait que les élus s’installent dans des fonctions comme des souverains inamovibles et trainent autour d’eux une cour de profiteurs et de séides.
- Les élus sont absents et ne participent pas aux débats. Ils ne viennent que pour quelques shows pendant lesquels ils se comportent comme des gamins.
Cependant, en face de ces dénis, la population veut encore croire à la démocratie et développe plusieurs réactions :
- La plus courante est la résignation, c’est-à-dire que, considérant que le vote est leur seul moyen d’expression, les électeurs se résignent à oublier leurs idées au premier tour comme au second tour de la présidentielle, pour faire du vote utile ou du vote contestataire. Par contre, ils votent de moins en moins dans les autres élections.
- Une autre attitude est de croire en des candidats dits non-système. Ca fait le succès dans la population des candidatures Le Pen, mais aussi des candidats comme Mélenchon, Bayrou ou …..Arlette.
- Bien que non comptabilisé dans les suffrages exprimés, le vote blanc rencontre un certain succès car les électeurs ont quand même le sentiment d’avoir voté. L’abstention, au premier tour, progresse aussi continuellement et a franchi la barre des 50 % aux régionales et aux européennes.
Mon analyse est que le retour à la démocratie est pris dans le cercle vicieux institutions/élus. On a besoin des élus pour changer les institutions, mais ceux-ci n’ont aucune envie de changer le système. Et donc rien ne change. Pour sortir de ce piège, la population doit agir sur l’un des deux termes.
Modifier directement les institutions demande une phase révolutionnaire violente qui n’est pas souhaitable. Il faut donc agir sur les élus. La stratégie que je propose est de ne plus faire confiance aux élus qui nous promettent toujours des changements qui n’arrivent jamais, mais d’inverser le rapport de force en arrêtant de voter dès le premier tour, puisque par ce vote nous faisons que les blocages continuent. Dès qu’au moins une des réformes indispensables sera institutionnalisée : scrutin proportionnel, ou vrai non cumul des mandats, ou non rééligibilité, ou président responsable devant le parlement, alors nous recommencerons à voter.
C’est donc au premier tour de la présidentielle de 2017 que je préconise de ne pas aller voter. L’objectif, ambitieux comme il se doit, est de faire qu’il y ait moins de votants que d’abstentionnistes. Bien sûr, comme il s’agit d’une proposition, cela se discute.
Michel Costadau
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