D’abord il faut que je dise un mot sur Mélenchon. Plusieurs personnes me font remarquer qu’il se propose, s’il était élu, de faire les réformes que pas mal d’entre vous souhaitent, et dont je parle dans mes billets. Ce que je pense de ça : c’est qu’en fait il ne dit pas ce qu’il va faire mais ce que vous voulez entendre. Vous voulez le scrutin proportionnel, Mélenchon le dit ; vous voulez supprimer le cumul, Mélenchon le dit ; vous voulez revenir à un régime parlementaire, Mélenchon le dit. C’est de l’empathie politique, mais ça n’a rien à voir avec la conquête du pouvoir par les urnes ni avec la réforme des institutions.
Evidemment, si vous voulez renvoyer les Rom en Roumanie, ou supprimer les allocations familiales pour les musulmans, il vous faudra trouver un autre candidat. Et coup de bol, je veux dire pour vous, il y en a.
Revenons à Mélenchon, pour se poser la simple question : combien de personnes ont envie qu’il formule les propositions que nous voulons entendre ? La réponse est claire, 11% le dernier coup, aujourd’hui à peu près pareil et ça ne va pas beaucoup plus loin. Il faut se rendre à l’évidence : nous sommes loin d’être majoritaires, nous sommes une petite minorité, nous sommes peu nombreux. Certes ça représente 3 ou 4 millions de personnes au moment de ce vote, mais ça ne compte pas. D’ailleurs, aux législatives suivant ses 11 %, Mélenchon n’a eu aucun député.
La question qui se pose alors c’est : mais pourquoi se présente et même représente-t-il car Mélenchon sait qu’il ne va pas être élu.
La réponse s’appelle la classe politique. C’est ça la classe politique. C’est ceux qui jouent à la démocratie en profitant des institutions, c’est ceux qui n’ont pas d’autres objectifs que de se faire connaître à la présidentielle pour se faire un nom, une aura, une cour et vendre leur réseau. Poutou, Montebourg, Fillon savent bien qu’ils ne vont pas être élus. La majorité des candidats savent qu’ils ne seront pas élus. Comment s’appelle une élection à laquelle on ne se présente pas pour être élu ?. Comment ? Eh bien ça s’appelle une mascarade. C’est un théâtre, une représentation dont nous sommes le public. Mélenchon ne cherche pas du tout à révolutionner ni réformer ni améliorer notre pays. Il cherche seulement, comme les autres, à avoir du pouvoir ou une partie de pouvoir. Je prends Mélenchon comme exemple, parce que ça titille plusieurs d’entre vous, mais, bien sûr, ça vous paraîtra encore plus évident avec Bayrou, Le Pen ou Sarkozy.
La classe politique, c’est l’ensemble de ces quelques individus et de leurs réseaux très imbriqués de relations qui « tiennent » la vie politique de notre pays. L’élection présidentielle est pour eux le moment clé ou on acquiert une parcelle du pouvoir. C’est eux les responsables du bipartisme et de l’élimination des petits partis. C’est eux qui n’acceptent de gouverner qu’avec une majorité et éliminent toutes les autres sensibilités. C’est eux qui ont torpillé la dernière République pour avoir un pouvoir sans partage.
C’est eux qu’on voit à la télé.
Et eux ils ne veulent pas que ça change, ils veulent continuer cette villégiature que nous leur payons. Ceux qui comptent sur eux pour changer les institutions, se font complètement avoir, car la classe politique est le principal obstacle au changement.
Michel Costadau
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