La quadrature du cercle, vous le savez, consiste à construire un carré ayant le même périmètre qu’un cercle de rayon 1. Vous allez me dire que la réponse est simple : c’est un carré de côté égal à π/2. Là où ça se corse c’est pour tracer ce côté, car π/2 c’est bien gentil mais ça fait combien ? Exactement, je veux dire.
Si je vous dis ça c’est parce qu’en ce moment d’élection, c’est clairement la situation dans laquelle nous sommes. Pour changer les règles électorales, nous avons besoin des élus dont le pouvoir vient des règles actuelles. Je m’explique : tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut remettre de la démocratie dans le pays : scrutin proportionnel, à un tour, non cumul des mandats, bulletins blancs valant suffrage exprimés et beaucoup d’autres modifications comme le domaine réservé du président. Seulement ces modifications ne peuvent être faites que par des élus qui, une fois élus, trouvent tout un tas de raisons de ne pas les faire. Vous avez pu constater que ni Hollande ni Renzi n’ont réussi à modifier la Constitution.
D’où, pour 2017, un nombre croissant de candidats ou de groupes qui ont pour seul programme de faire ces fameux changements. Nous avons M. Vote Blanc, M. Nouvelle Donne, M. la France Insoumise, M. m6r, M. le Temps des Lilas, M. Ecologie, M. le Parti des Abstentionnistes. Je n’invente rien tous ces candidats existent ou le groupe correspondant.
Bon, sans être un briseur de rêves il me semble qu’il y a quelques obstacles sur leur parcours. D’abord il leur faut être élus, c’est évidemment utopique mais quand même supposons, ensuite il leur faut une majorité d’élus aux assemblées, ce qui est encore plus hypothétique, mais continuons quand même, enfin il leur faut faire correctement le boulot c’est-à-dire en ne faisant pas tout pour que ça rate, ce à quoi s’emploient continuellement et avec succès les « décideurs » de notre pays. Ce qui revient à dire qu’il leur faut être plus forts que la finance. Alors là je dis ça fait beaucoup. Beaucoup trop, ce n’est plus de l’utopie c’est du mensonge, de l’escroquerie.
C’est pour ça que je propose de procéder différemment. D’abord il faut convenir que ces réformes peuvent être faites par n’importe quels élus, du moment qu’ils sont assez nombreux. Ce n’est pas l’étiquette qui compte, c’est le passage à l’acte. Il faut convenir aussi que les élus ne vont pas faire ces modifications sans y être encouragés, poussés, et même contraints. Et pour trouver la bonne contrainte il suffit de réfléchir que, si le pouvoir des élus vient des modes de scrutin, ce ne sont pas les institutions qui votent pour eux, c’est chacun de nous. Là est la faille dans l’armure de nos seigneurs politiques : ils ont besoin de nos votes. La seule façon de les amener à faire les réformes électorales que nous attendons, c’est de ne plus voter pour eux jusqu’à ce qu’ils les fassent.
Quant à nos valeureux candidats réformistes, je leur demande de ne pas prendre la population pour des demeurés, et donc de se retirer gentiment en essayant de comprendre qu’il y a une différence entre campagne électorale et campagne publicitaire. Notre seul levier c’est le vote, puisque c’est par ce moyen que les politiques obtiennent légalement le droit de nous exploiter. Nous ne croyons plus en leurs plans, en leurs promesses, en leurs discours. Nous leur disons simplement faites d’abord des réformes de retour à la démocratie et après, après, alors on revotera, peut-être.
Michel Costadau
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