Le temps est à la présidentielle et c’est vrai qu’il ne fait pas très chaud. Eh oui, le spectacle est de bien mauvaise qualité mais on a quand même l’occasion de sourire voire de rire. Et pourtant il n’y a pas de quoi. Ou, si vous préférez, je suis sidéré par l’absence d’idées de tous nos candidats. Notre pays est dans une profonde morosité, c’est le moins qu’on puisse dire. On ressasse les attentats, le chômage, la grippe aviaire, les immigrés, la pollution, la dépendance et le manque de neige. Bof. La désolation je vous dis. Les touristes ont déserté Paris, les entreprises désertent le pays sauf quand l’Etat leur passe une commande de complaisance, et les idées désertent les discussions même au comptoir.
Là où je trouve que c’est grave de chez grave, c’est qu’il n’y a plus de débat d’idées. Bien sûr il y a des débats, mais je ne vois pas trop quelles grandes questions sont en jeu. Vous allez me dire que je suis mal placé car je n’en ai entendu aucun. Bon. Je pense quand même au rapport individus/sociétés, à la généralisation de l’éducation, à pourquoi les guerres, à la place de l’humanité sur la terre ou autres débats urgents. Non ça tourne en rond, ça fait des déclarations, des entourloupes et ça se chamaille.
Ah oui je vois des doigts qui se lèvent : – hep monsieur mettre un flic dans chaque classe à l’école, c’est pas une idée ça ? Ben non, c’est pas une idée, c’est un slogan électoral, – hep monsieur mettre en place le revenu universel, c’est pas une idée ça ? Ben non, c’est ce que demande le Medef depuis 50 ans. Ca s’appelle le chômage généralisé ou amélioré si vous voulez. – hep monsieur, aider encore plus les entreprises pour qu’elles embauchent c’est pas une idée ça ? Ben non, les entreprises n’embauchent pas pour créer des emplois mais uniquement pour gagner de l’argent avec le travail. Aider les entreprises consiste donc à mettre directement de l’argent dans la poche des actionnaires. Tout ça c’est ce qu’on appelle de fausses bonnes idées et en ce moment on n’a que ça.
Heureusement, ou malheureusement plutôt, il y a quand même des trucs assez marrants dans les slogans des candidats, comme augmenter le nombre de places en prison. D’abord faut être doux dingue pour dire : avec moi il y aura plus de monde en prison, c’est un aveu d’échec catastrophique, vu que le but de la politique n’est sûrement pas de mettre plus de gens en prison. Mais il y a un mais, car ça pourrait vouloir dire non pas augmenter le nombre de prisonnier mais faire qu’ils aient chacun une cellule pour remédier à la promiscuité honteuse dans nos établissements pénitentiaires, c’est peut-être ça le nombre de places. Excusez-moi, je rêvais. Ca ressemble surtout à une sentence populiste de plus, comme si les braves gens préféreraient voir plus de monde en prison.
Visiblement ça ne vole pas haut. Les primaires, qui rappelons-le sont faites essentiellement pour éliminer tous les candidats hors PSLR, se transforment en congrès de ces partis. On assiste à des débats de motions en fait. Mais il y a erreur.
L’erreur c’est que ce ne sont pas des congrès du tout et les candidats sont, du coup, des gens qui ne peuvent faire que des promesses en l’air, puisqu’ils n’ont aucun parti pour les soutenir. Tout au plus un courant, une poignée de copains. La machine s’est grippée et tourne à l’envers parce que tout le monde espère que les législatives donneront une majorité au président. Mais ça ne marche plus.
Le bon tempo aurait été de faire d’abord le congrès PS pour désigner le candidat PS, le congrès PC idem, le congrès écolo idem, puis de faire une primaire entre eux. De l’autre côté, c’est pareil : d’abord le congrès LR pour désigner le candidat LR, le congrès modem si ça existe encore idem, le congrès radical, et ensuite de faire une primaire entre eux. Auquel cas les candidats seraient au moins forts de leur parti pour assumer leur politique. Tandis que là, nous avons des candidats déconnectés, isolés, marchandant leur programme et leur look. Visiblement les partis ont clairement désavoué leurs propres chefs de file. Eliminé Sarkozy chef de LR, éliminés Hollande et Valls chef et sous chef du PS, éliminée Duflot chef des écolos. Oui le temps est à la grosse déprime. Et dans ces cas là, le peuple a une forte propension à se jeter dans les bras de l’homme providentiel, du sauveur, pour sortir du marasme. D’ailleurs, peut-être que cette fois c’est une femme.
Michel Costadau
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