Je vous l’avais bien dit que Trump c’était bon pour nous. Avec « America first », ce qui se traduit par « Amérique seule », les US tombent dans le syndrome isolationniste. Ce qui est un peu plus nouveau c’est que le clown continue à faire du cinéma. On verra ou cela mène mais je suppose que les avocats se réjouissent d’avance. Par contre ce cirque fait ressortir cruellement l’absence de la France de la scène politique.
Eh oui les Américains se détendent avec Trump qui leur fait oublier leurs soucis, les Anglais s’amusent avec le Brexit qui leur permet de faire ce qu’ils veulent, les Russes sont à la manœuvre en Syrie, en Ukraine et tiennent une conférence permanente avec la Turquie et l’Iran. Les Allemands sont au top de la forme économique. Les Suisses votent sur le revenu universel à 1 800€. Les Espagnols ont commencé à apprendre à se passer de gouvernement. Et nous, ben nous on en est aux peaux de bananes et aux casseroles.
Pourtant il y a encore quelques années nous faisions partie des pays influents dans le monde : G7, Ukraine, Syrie, Turquie, réchauffement, on nous demandait notre avis. Alors que s’est-il passé ?
Il s’est passé qu’on a eu Sarkozy suivi de Hollande. Le premier était un nombriliste obsédé par la nationalité. Le second un fonctionnaire sans ambition qui attend sagement la retraite. Des deux c’est quand même Hollande qui a le plus réduit comme peau de chagrin notre présence sur la scène ou plutôt notre participation aux événements du monde.
Bien sûr c’est leur faute mais, en fait, pas seulement.
Pourquoi : parce que ce qui a rendu cela possible c’est notre système politique verrouillé par une classe ou plutôt une caste qui fonctionne en circuit fermé et se reproduit uniquement par cooptation. Les déboires de Fillon ne sont pas du tout dus à une volonté de détournement de fonds, mais à la simple évidence que ces gens-là font ce qu’ils veulent, sans même imaginer qu’on puisse leurs demander de rendre des comptes. Ils vivent dans un microcosme. Toutes leurs idées ne visent qu’à profiter de leur position dominante pour avantager tel ou tel copain ou relation et bien entendu s’avantager eux-mêmes. Mais comme ils discutent seulement entre eux et à l’abri des institutions, aucun ne se pose la question des valeurs, des idées et des images que nous, la France, véhiculons. La classe politique est un trou noir qui absorbe le rayonnement de notre pays.
Et c’est comme ça que personne ne trouve rien à dire quand, par exemple, on nous vante le commerce des armes de la France avec une excellente année marquée par plein de commandes. Seulement, du coup, l’image que ça donne de la France n’est plus porteuse d’idées, d’universalité, d’entente ou de solidarité internationale, mais de pots de vins et de négociations cachées. De même notre COP21 n’a convaincu personne et a vite été recouverte par une COP22. Qui plus est l’Europe des droits de l’homme a emboîté le pas et bifurqué vers le refus de l’immigration et même la désunion.
Nous sommes donc une étoile éteinte dans une galaxie qui ne rayonne plus. Alors maintenant, mettre un tel ou un tel à la présidence ne changera strictement rien tant que nous laisserons cette classe politique totalitaire se comporter en terrain conquis. Et le terrain conquis c’est nous.
Michel Costadau
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