Toujours agile, je rebondis sur l’annonce de Lagardère de prendre les rênes d’Europe1. C’est à dire de s’en occuper en direct, personnellement et avec vigueur. C’est, en général, une attitude à la mode de la part de ceux qui ont la faveur des médias. Quand quelque chose ne va pas, nos divers dirigeants entonnent le refrain : attention je vais m’en occuper directement et on va voir ce que l’on va voir. Cette posture de matamore est symptomatique des gens dont les médias disent qu’ils ont du pouvoir et dont les exhortations, déclarations et autres sautes d’humeur font la une de ces mêmes médias.
On vient de le voir récemment avec Trump, dont le programme tient en quatre mots : je vais m’en occuper personnellement. On ne sait absolument pas pour faire quoi, ni dans quel sens, ni avec qui, ni contre qui. L’important c’est que ce soit lui qui s’en occupe. C’est exactement le schéma de la relation amoureuse qui est splendidement aveugle. « Nobody’s perfect » répondait Joe Brown au fait que son béguin n’était pas une femme mais un homme.
Et hélas, notre pauvre élection présidentielle n’échappe pas à ce délire. Ce n’est pas le programme qui compte c’est celui que l’on aime. On aime, on défend, on se bat pour LE candidat. Avec un tel mode de fonctionnement, pas étonnant que personne ne soit content du résultat et que les programmes soient n’importe quoi.
En fait, c’est la classique dialectique qualitatif/quantitatif. Le qualitatif c’est « like » et du coup le quantitatif n’a plus aucune importance. Les candidats peuvent dire ce qu’ils veulent, ce qui compte c’est que ce soit eux qui l’aient dit et du coup les gens deviennent pour ce qu’il a dit, sans réfléchir que, dans la bouche d’un autre, ils seraient contre.
C’est pour ça que les programmes comportent si peu de chiffres, de vrais chiffres je veux dire, de choses concrètes, qui nous seraient utiles, ou au moins à un grand nombre. Non tout est en pointillés, en esquisse, en possible, en devenir, mais sans aucune certitude que ça voit le jour.
On pourrait appeler ça de l’hypnose collective, en tous cas moi je l’appelle comme ça.
Bon dimanche.
Michel Costadau
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