Bien entendu je n’ai pas la télé et je ne la regarde pas, mais par contre je regarde des films en vidéos, pas toujours jusqu’à la fin mais ça peut arriver quand même. Dans le tas il y a pas mal de policiers. Et j’ai remarqué, comme vous bien sûr, que le monde des polices et le monde des mafias en fait se connaissent très bien. D’abord pour découvrir, identifier, surveiller les agissements des uns et des autres mais aussi pour mesurer forces et faiblesses des hommes eux-mêmes. Je ne me souviens pas d’avoir vu le gangster et le policier amoureux de la même personne, mais c’est tout à fait possible. Cette proximité s’explique aisément par la nécessité de connaître son adversaire. Sachant bien sûr que les gangs ont, en plus de la police, à se connaître entre eux, puisqu’aussi bien ils sont souvent ennemis. Or donc tous ces gens là se connaissent bien et l’histoire pourrait s’arrêter là, parce qu’il est établi que le chasseur sait tout sur son gibier et réciproquement.
Seulement il y a des situations disons délicates, par exemple quand la police et un gang font, volontairement ou pas, action commune pour faire tomber un ennemi de l’un et de l’autre. Cette convergence demande une grande connivence entre les dites parties et même une entente basée sur la proximité évoquée plus haut.
Alors cette proximité m’interroge beaucoup, bien sûr dans le domaine policier, mais surtout dans le domaine financier et politique. C’est la notion de collusion qui est en jeu. Collusion n’est pas corruption mais c’est du même genre, ou tout au moins le premier pas.
En fait c’est surtout le domaine financier que je veux évoquer. Et par exemple je me suis demandé pourquoi les SCOP, cette forme d’entreprise non capitalistique, n’avaient qu’un succès très limité et en général de courte durée. Cette création ou reprise d’une entreprise par ses salariés a pourtant des vertus rares et attractives. Pas de dictat des actionnaires que sont aussi les salariés, pas de spéculation des financiers, des relations égalitaires genre un homme une voix et une responsabilité partagée. Rien que du bon en fait. Et pourtant ça a du mal à attirer et du mal à durer. Pourquoi ? Aïe Aïe Aïe.
En fait il est assez simple de constater qu’il s’agit d’un manque de collusion. Clairement, les SCOP ont un fonctionnement basé sur le tissu relationnel d’une équipe. Ce n’est pas une question de gens qui s’aiment bien, qui se sont embauchés les uns les autres, non c’est simplement une histoire de choix, le choix d’une équipe de faire fonctionner ensemble une entreprise. Cette équipe a en fait un fonctionnement interne fort mais par nature elle est peu reliée au monde capitaliste, en particulier dans le domaine de la finance. Bien sûr elle a des relations avec les acteurs : banque, pouvoir public, marché, mais ces relations relèvent plus du mode client-fournisseur que du mode main dans la main et discrète amitié. Une chose est de bien connaître son banquier et de déjeuner avec lui, une chose est de faire partie de « la famille » du banquier, genre intérêts croisés ou benoitement parrain du garçon ou de la fille. Idem pour intéresser les investisseurs : une SCOP c’est presque rebutant car non seulement ça ne maximise pas le rendement des placements mais ça recherche plutôt un fonctionnement global harmonieux ou presque. Et puis ces gens qui donnent leur avis sur un peu tout et même que l’on consulte fréquemment ça ne permet pas de faire des affaires entre soi. Eh oui les affaires se traitent en famille.
Mais nous, nous ne faisons pas partie de la famille.
Michel Costadau
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