Il me semble que je l’ai déjà dit, mais le grand plongeon du monde du travail pendant deux mois n’arrête pas de me surprendre tant le rationnel est peu crédible. S’il y a bien quelque chose dont se fiche le business mondial c’est la vie humaine. Alors plomber l’économie pour quelques victimes de plus ne tient pas la route. Oui, mais alors pourquoi cela a-t-il eu lieu ? N’oublions pas que les deux hypothèses actuelles : le virus ne fait que commencer et le virus c’est fini n’expliquent pas cette période.
A force de tourner ça dans ma tête il s’est produit un déclic. Un peu comme dans les polars quand tous les indices qui représentaient des éléments sans liens apparents forment d’un seul coup une scène unique et logique. Depuis longtemps je parle, et je ne suis pas le seul, du pouvoir de l’argent dans nos sociétés et du gouvernement de la finance. Mais pour le moment je ne voyais pas le lien avec le virus. La mayonnaise a pris quand j’ai compris que le coup porté à l’économie n’avait eu aucune conséquence pour la finance. Attention je ne dis pas que la finance soit responsable du virus, pas du tout. Elle l’a découvert comme tout le monde, mais au contraire de l’économie elle n’a subi aucun dégât et peut être même a-t-elle donné une espèce de feu vert aux politiques pour ce stop and go.
Les spécialistes parlent d’économie réelle d’un côté et de marchés financiers de l’autre. L’économie réelle c’est la production et la consommation de biens avec comme moteurs le travail, les machines et les ménages et comme chiffrage le commerce international et les PIB.
Les marchés financiers, eux, fonctionnent uniquement sur la manière de faire de l’argent avec de l’argent, avec comme support les bourses, les banques, les taux, les monnaies et comme chiffrage la valeur des portefeuilles. A vrai dire la finance s’intéresse d’une manière générale à tout ce qui bouge.
Le problème c’est qu’il y a un lien entre l’économie réelle et les marchés financiers. Par exemple, l’économie réelle c’est quand une centrale achète du blé pour faire la farine de ses magasins, là on est dans le mouvement physique avec des camions qui livrent du blé. Et les marchés financiers c’est quand une banque vend du blé qu’elle n’a pas encore acheté et dont elle ne verra jamais la couleur, là il n’y a rien de physique, le blé ne quitte pas les silos ou même les champs. Il a simplement servi de valeur pour écrire une ligne de programme. Le lien entre les deux c’est que le prix est le même pour tout le monde.
Maintenant rappelons-nous que l’argent des marchés financiers vient de l’économie réelle. Comment ? Tout simplement par les dividendes versés aux actionnaires et par la valeur des parts. Il y a 150 ans, il n’y avait pour ainsi dire pas de marchés financiers parce que l’accumulation d’argent n’était pas encore assez forte. Depuis 50 ans, il y a trop d’argent, alors ceux qui en ont jouent avec.
Et en ce moment l’argent coule à flots vers les Etats et les entreprises. Mais finalement où va aller tout cet argent : dans les dividendes et donc dans les marché financiers, Cqfd.
Michel Costadau
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