Soit il lui faudra encore s’endetter pour pouvoir semer, soit il laisse mourir de faim les siens. Et quand je dis s’endetter, c’est s’il trouve quelqu’un qui accepte de lui vendre un peu de blé. Mais ce n’est pas toujours le cas.
Non ce n’est pas Cornélien, c’est inhumain. Il est alors facile de comprendre qu’au dessus du geste auguste du semeur plane la tête de la mort avec sa faux à la main. Bien sûr il peut y avoir de bonnes années, mais il suffit d’une ou deux mauvaises saisons pour mettre le paysan dans la mouise.
Chez nous c’est plutôt dans le passé et l’exode rural a diminué parce qu’il n’y a presque plus de paysans. Mais dans une grande partie du monde cet exode est en plein essor et se manifeste entre autres par les vagues irrépressibles d’immigration que nous connaissons. Et qu’est ce que nous faisons, nous les tuons, nous les rejetons à la mer, nous les enfermons dans des camps à l’étranger puis nous les privons de papiers c’est à dire d’exister avant de les isoler dans des zones de rétention avant de les mettre dans un avion pour la misère ou la prison.
Ceux qui font ça le font en notre nom à tous, pour notre bien, c’est-à-dire pour celui de ceux qui s’enrichissent de la vente de produits et de notre consommation seul sésame autorisant tout dans notre société.
Et l’hypocrisie est maximum dans ce domaine car l’agriculture, mais aussi la restauration, le bâtiment et d’autres ont besoin de main d’œuvre pas chère et corvéable à merci. Il ne faut donc surtout pas tarir ce flux d’immigration et des entreprises subventionnées sont même spécialisées dans ce domaine. Alors nous avons d’un coté le langage politique refusant l’envahissement de nos pays par des étrangers surtout pas de la même couleur que nous et de l’autre l’action politique concrète consistant à encourager l’immigration afin de remplir les chaines de production et les chantiers.
C’est alors que le discours politique devient ignoble avec des formules laissant entendre que nous choisissons nos immigrés, que nous les accueillons à bras ouvert du moment qu’ils ne sont ni terroristes, ni croyants, ni analphabètes. C’est cette idée que nous puissions pêcher dans la misère pour attraper seulement les bons poissons qui est insupportable, car c’est nous qui créons cette misère par notre niveau de vie hallucinant et dispendieux, notre répression militaire mondiale.
On se calme, nous en étions toujours au semis et à ses risques et on est parti dans la militarisation c’est-à-dire l’impérialisme. Revenons à cette étape clé de la mise en terre de la semence.
Il y a un risque que nous n’avons pas trop évoqué, c’est celui que la graine soit mangée. Car semer c’est un peu comme donner de la nourriture aux insectes, aux rongeurs et aux organismes qui peuplent le sol. Une fois de plus la chimie a développé des produits pour empoisonner toute la vie du sol afin de protéger la graine. Ca va de l’enrobage des grains par de dangereux poisons, à divers épandages de produits sur ou dans le sol. Ces méthodes ont le problème de la dissémination de substances actives dans l’air et dans l’eau, mettant en danger les abeilles par exemple.
En bio, quelques produits naturels ont été identifiés comme pouvant protéger les stocks de grains, mais la meilleure défense serait peut-être dans l’association de plantes. Hélas aucune recherche véritable n’est faite sur ces méthodes qui sont pourtant plus porteuses d’avenir que le chimique.
De plus les graines doivent avoir été conservées depuis la récolte jusqu’au semis. C’est-à-dire pour le blé de juillet à novembre et pour le tournesol de septembre à mai. Et là aussi les assaillants, rongeurs, insectes ou micro-organismes sont à l’affut. Et voilà que l’électricité resurgit dans les processus. En effet le froid apparait comme une bonne protection d’abord contre les rongeurs par des cloisonnements physiques et ensuite par les basses températures contre le reste. Seulement qui dit froid dit électricité et clairement il n’est pas évident de savoir s’il faut tout miser sur cette énergie, peu stockable, obtenue avec des rendements faibles voire très faibles et assez polluante à produire que ce soit avec le fossile, l’atome ou même le photovoltaïque.
Puisqu’on parle d’énergie, quittons à nouveau les semis pour parler de ces fameux champs de panneaux solaires qui font débat en ce moment.
Michel Costadau
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